C’est avec une profonde indignation et une grande stupeur que le Ministre de l’Equipement et des Transports a pris connaissance de l’article publié dans la livraison n° 2827 du mercredi 3 août 2011 de votre Journal.Monsieur le Directeur de Publication,
Il dément formellement avoir injurié ou avoir fait preuve d’agressivité ou de violence verbale ou physique envers qui que ce soit, a fortiori envers des policiers en service.
Tels que rapportés par votre journal, les faits dont il est question ont été en effet purement et simplement travestis. Les voici: en visite le mardi 26 juillet 2011 à l’Aéroport International de Sénou, en compagnie de plusieurs de ses collègues Ministres, le Ministre de l’Equipement et des Transports avait été étonné de voir des policiers assis au point de contrôle des passeports.
Naturellement, il s’en est aussitôt inquiété de la manière la plus courtoise, en faisant observer aux intéressés que .les contrôles à ce point doivent être effectués en station débout, comme c’est le cas sur toutes les plateformes aéroportuaires du monde. Au demeurant, ses interlocuteurs ne se sont guère offusqués de cette remarque et la visite s’est normalement poursuivie.
Monsieur le Directeur,
Notre propos n’est pas de revenir sur le bien – fondé de la remarque faite ce jour-là aux agents travaillant sur la plus importante plateforme aéroportuaire de notre pays.
Cette remarque allait de soi non pas parce que Hamed Diané Séméga est le Ministre en charge des aéroports ayant pour mission de veiller au bon fonctionnement des services publics opérant au sein des plateformes aéroportuaires du Mali, mais simplement parce qu’en simple citoyen, il se devait de réagir face à une situation susceptible de projeter du Mali une image négative.
Ce qui motive le droit de réponse du Ministre Séméga est ailleurs : il s’agit du traitement scandaleux fait par votre organe de l’échange qui a eu lieu entre lui et les agents de police en service ce jour. Vous avez choisi en effet de grossir démesurément les faits, de les déformer en les dénaturant complètement.
Vous avez voulu transformer en une affaire d’Etat des faits qui n’en ont jamais eu la gravité et la proportion. La volonté de nuire de votre journal et celle de désinformer l’opinion transparaissent à chaque ligne de l’article incriminé.
Ce faisant, L’Indépendant a délibérément opté pour la violation des usages, règles et principes professionnels et éthiques qui gouvernent le traitement de sujets pouvant porter atteinte à la considération et à l’honneur d’autrui. Dans le cas d’espèce, le signataire de l’article en cause avait le devoir d’interroger la fiabilité de ses sources en tentant d’étayer les faits auprès de toutes les parties,
De fait, l’auteur de l’article le nommé Diakaridia Yossi – ni aucun autre membre de la rédaction de L’Indépendant – n’a, en aucun moment, songé à recouper les informations publiées en prenant contact avec le ministre, ou avec son Cabinet, pour s’assurer que les faits imputés sont réels ou pour en recueillir une autre version.Cette attitude est d’autant plus inacceptable de la part d’un professionnel de l’information que les faits relatés sont d’une exceptionnelle gravité. En clair, votre journal a pris partie sans nuance et sans discernement contre la personne du Ministre dans cette affaire, tout en sachant que la publication d’un tel article pouvait avoir des conséquences quasi-irréparables.
Nos compatriotes, qui sont loin d’être dupes, et toutes les personnes de bonne volonté, ne manqueront pas d’apprécier à sa juste valeur la conduite inqualifiable de votre journal. Celle – ci relève d’une cabale grossière dont les arrières – pensées politiciennes sont évidentes.
Le but ultime poursuivi est limpide : discréditer, par-delà Hamed Diané Séméga, tout le gouvernement du Mali.
Pour finir, le Ministre Séméga plaint L’Indépendant de recourir à de telles méthodes qui ne font au demeurant que décrédibiliser leurs propres auteurs, tout en se réservant le droit de recourir aux procédures légales existant dans notre pays pour protéger les citoyens contre les abus tels que celui qui vient d’être commis à ses dépens.
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l’assurance de ma considération distinguée.
Modibo BAB
Le Chef de Cabinet
Notre réponse
Derrière le sourire avenant qu’il affiche lors des cérémonies officielles, M. Hamed Diané Séméga a la réputation d’un homme au tempérament agressif. Malheureusement pour lui, l’article que son chef de Cabinet nous a fait parvenir comme «Droit de réponse», que nous savons validé par lui et que nous publions ci-dessus n’est pas de nature à démentir cette réputation, beaucoup s’en faut. Plutôt que de s’attacher, par une restitution tranquille des faits qui, comme on le sait, «sont têtus», à réfuter l’information rapportée par L’Indépendant, l’auteur se livre à une bordée d’injures et d’insinuations malveillantes à l’endroit de notre titre : «Traitement scandaleux, cabale grossière, volonté de nuire, grossissement démesuré des faits, parti pris sans nuisance ni discernement, discrédit sur le gouvernement…». De quoi semer le doute dans l’esprit des personnes qui ne voulaient pas croire en la matérialité de l’incident survenu à l’aéroport de Bamako-Sénou et rajouter du blé au moulin des détracteurs de M. Séméga dont L’Indépendant n’est pas. Et n’a aucune raison ni aucune envie d’être.
En revanche, depuis le texte à la limite ubuesque publié ci-dessus, nous sommes désormais de ceux qui se demandent si M. Séméga n’est pas atteint d’une forme aigue de mégalomanie. En effet, lorsqu’il fait écrire par son chef de Cabinet que l’article incriminé obéit à «des arrière-pensées politiciennes évidentes» et que «le but ultime poursuivi est limpide : discréditer, par délà Hamed Diané Séméga, tout le gouvernement du Mali» l’on ne peut trouver d’autre mot pour qualifier son état d’esprit. Voici, en effet, un homme qui ne se prévaut d’aucun mandat électif, ni d’aucune compétence professionnelle particulière, qui siège au gouvernement depuis bientôt dix ans sans discontinuer par la seule volonté du prince du jour, le président ATT pour ne pas le nommer. Et qui se réveille un beau matin pour s’imaginer qu’un article de presse rapportant des propos et des gestes qui lui sont prêtés vise tout le gouvernement du Mali. D’où lui vient une telle prétention ? En quoi est-il plus représentatif du gouvernement malien qu’un autre de ses pairs? Et pourquoi L’Indépendant aurait-il besoin de s’en prendre à lui Séméga pour «discréditer» le gouvernement si tel était son projet? En réalité, Hamed Diané Séméga se donne plus d’importance qu’il n’en a jamais eue à nos yeux et certainement à ceux de millions de nos compatriotes.On dit que lorsque le pouvoir vous prend la tête, il vous fait croire que vous êtes un homme différent des autres, non un peu mieux que les autres. Il doit y avoir du vrai dans cette assertion.
Pour en revenir à l’incident qui s’est produit à l’aéroport de Bamako-Sénou et qui a suscité l’ire épistolaire de M. Séméga et de son chef de Cabinet M. Babo, un haut fonctionnaire de police, qui suit de très près le dossier, a tenu à nous faire part de son témoignage après avoir lu l’article de notre collaborateur Diakaridia Yossi. Voici ses propos : « En voyant les policiers assis, le ministre Séméga a effectivement piqué une colère. Il a eu des propos déplacés vis-à-vis des policiers concernés et a donné un coup de pied à une chaise qui a roulé un peu plus loin. Mais il n’a balancé à aucun moment des chaises sur les policiers. Son homologue de la Sécurité, le Général Sadio Gassama, était visiblement gêné voire choqué par son attitude. A l’évidence ce n’est au ministre des Transports de sermonner des policiers en service en lieu et place de leur ministre de tutelle présent. Manifestement il est sorti de son rôle pour empiéter sur les plates-bandes du Général Gassama».
Preuve que l’incident s’est réellement produit, le Directeur général de la Police nationale, l’Inspecteur général Mahamadou Diagouraga, accompagné d’une forte délégation de hauts gradés de la police, s’est déplacé le lendemain mercredi 3 août à l’aéroport de Bamako-Sénou pour s’entretenir longuement avec les policiers qui s’y trouvaient et tenter de calmer les esprits. Le jeudi 4 août, le même Inspecteur général Diagouraga a rencontré des responsables syndicaux de la police pour désamorcer la menace de grève qui planait pour protester contre l’attitude du ministre Séméga à l’endroit de leurs collègues, laquelle attitude était considérée comme une insulte à l’endroit de tout le corps de la police. Apparemment il a réussi puisque de grève on n’entend plus parler.
Nonobstant les injures, les menaces et les imprécations du chef de Cabinet de M. Séméga, L’Indépendant poursuivra sans désemparer son travail de quête de la vérité pour la bonne information de ses lecteurs. Dans cet esprit, nous publierons les derniers développements de cette affaire dans nos toutes prochaines parutions.
La rédaction