Dans le cadre de lutte contre la pauvreté, moi Djakatra j’ai jugé nécessaire d’apporter une aide substantielle au Mali, pays en voie de développement, en donnant du travail à gogo rien que du travail à tout moment et surtout les samedi et dimanche à tout le monde. A mon arrivée au pays j’ai trouvé que le moyen de déplacement posait énormément de problème à toutes les couches sociales confondues.
Premier acte :
Je me suis investi à résoudre immédiatement ce problème en mettant à la retraite anticipée « la Yamaha 100 et autres gros cylindrées ».Les avantages obtenus n’ont pas besoin d’être énumérés en passant par les facilités de mon acquisition à tous. Exemple : au moment où mon frère et ami Yamaha 100 impose 1 200 000 de F CFA sur le marché, il faut reconnaître qu’il a eu à apporter sa pierre à la Commune des cimetières ; moi Djakarta je ne demande que 250 000 F CFA et souvent payable par tempérament. Alors qui dit mieux ?
Du fonctionnaire à l’élève, de l’étudiant au professeur, du mécanicien au chauffeur sans oublier les apprentis de gros porteurs, de l’ingénieur au maçon en passant par le manœuvre journalier et le conducteur de pousse-pousse, les commerçants toutes catégories confondues, même les propriétaires de buildings m’utilisent souvent à cause de l’embouteillage dans les grandes agglomérations et surtout de ma petitesse et de mon économie de carburant, j’en passe…
Moi Djakarta mon nom a changé sans que je passe par un juge pour les procédures judicaires et à cause de mon patriotisme avéré ; je me nomme désormais Djakardia.
a) Les sapeurs-pompiers qui pouvaient passer une semaine sans bouger de leur hangar et souvent leurs véhicules sont crispés par manque de mission sur le terrain, n’ont plus de repos. Ils travaillent 24 h/24.Ils étaient inconnus du grand public mais aujourd’hui grâce à moi ils ont plus d’activités. Ils ont des engins tout neuf qui se faufilent facilement pour aller ramasser mes victimes partout où ils se trouvent et les amener au centre de santé le plus proche sinon chez moi à l’urgence de mon quartier Gabriel Touré où de vaillants chirurgiens attendent avec impatience leur proie quotidienne.
b) Mon quartier (Gabriel Touré) a bénéficié d’une salle d’urgence moderne super équipée. Grâce à mes victimes dont le nombre n’augmente plus de jour en jour mais d’heure en heure. Le corps médical est débordé. Les salles d’hospitalisation affichent le plein toute l’année. C’est encore moi qui ai donné du travail aux services de nettoyage et de gardiennage de tous les hôpitaux en passant par les CSCOM.
c) Grâce à moi les Dr en pharmacie voyagent en classe affaires à la recherche des meilleurs produits au meilleur prix. Tellement la demande croit de jour en jour ils sont obligés de faire appel à la pharmacie par terre pour ne pas perdre la clientèle.
d) Les ambulanciers n’ont plus à s’ennuyer. Ils relient les cliniques aux Hôpitaux, pour finir leurs courses très souvent à la morgue.
f) De même les gardiens de cimetières ne vivent plus dans la solitude. Ils ont toujours de la compagnie qui sont mes victimes des sortants des grandes écoles âgés de 19 à 30 ans qui cherchent coûte que coûte un logement social à « Kolodièbougou »dont les gardiens seuls connaissent la topographie du terrain. Si tu ne passes pas par eux tu risques de passer un temps fou à piocher les crânes de mes victimes dont l’attribution des logements sociaux (tombes) du secteur ne respecte plus les règles de la déontologie en la matière.
Grâce à moi Djakardia, l’attribution de lots (tombes) peut se faire par anticipation. Un seul certificat d’inhumation remplace valablement la pile de document que tu dois réunir pour être retenu comme postulant sur la liste des logements sociaux. Le commis de la santé qui établit ce certificat n’est pas épargné de l’emploi que moi Djakardia je lui offre. A peine il remplissait un registre par an mais maintenant faites un tour vous vous rendrez compte du boulot qu’il fait. C’est encore moi Djakardia.
g) J’ai donné de l’emploi à Madour-Blé demeurant à Bamako Coura qui n’était qu’un chauffeur de corbillard maintenant il est devenu riche. Il dispose d’une équipe performante composée de chauffeurs de corbillard, de brancardiers, de vieilles personnes qui sont physiquement bien portants qui font le dernier toilettage de mes victimes avec toutes les peines du monde vu la fragilité et le nombre de fractures administrées à leur corps par la violence du choc, les ensevelir, les transporter jusqu’à leur dernière demeure. Allah Akbar !
h) Les marabouts avaient eu peur parce que les parents de certains de mes victimes optaient pour le cumule des trois sacrifices en la mémoire du défunt : à savoir le 3e jour, le 7e et le 40e jour. Cela n’arrangeait point nos talibés. Mais Grâce à moi Djakardia tous les jours coïncident avec un 40e jour d’un nombre incalculable de mes victimes.
Souvent les marabouts ont l’embarra de choix s’il faut commencer par les familles nanties et terminer par les plus démunies. Au début on réfléchissait sur le choix à faire. Mais maintenant le choix est vite fait. Je vous laisse deviner le pourquoi…
i) Les équipes de constat des commissariats de police sont à pied d’oeuvres et leur déplacement n’est pas gratuit à ce que je sache. Alors qui est ce pourvoyeur d’emploi ? C’est encore moi Djakardia.
j) Les réparateurs ne chôment plus certains préfèrent travailler la nuit seulement puisque ça rapporte gros. A côté d’eux il y a le vendeur de carburant qui gagne aussi son pain grâce à moi Djakardia.
k) Les débrouillards arrivent à joindrent les deux bouts en m’achetant à vil prix quand je suis mort à la suite d’un accrochage violant contre une Sotrama en mettant K.O mon premier acquéreur. En me ressuscitant je donne du profit à certains débrouillards.
l) Je m’en glorifie par l‘affection que tout le peuple affiche à mon arrivée au Mali en m’adoptant dans chaque famille comme la théière du maure.
Sur le plan financier à cause de mon nombre écrasant le trésor public fait des recettes énormes sur le produit des ventes des vignettes. Bientôt la passation de permis pour me conduire deviendra une obligation ainsi que le port de casques.
Le marché de tricycle devient florissant grâce à moi Djakardia certains de mes admirateurs handicapés ne veulent pas rester à l’écart il faut qu’ils donnent du travail au troisième chauffeur du Sotrama, toujours pressé à la poursuite de deux recettes en un temps record et qui donne le coup de volant à ma victime handicapé sans s’arrêter et le laisser aux pompiers.
Imaginez si moi Djakardia je déclanche un jour de grève au Mali quelle conséquence pour la couche sociale la plus démuni qui vit au jour le jour ?
Pour conclure je m’en vais vous faire une confidence qu’il ne faut jamais porter à la connaissance des autorités sinon je n’aurai plus de victimes.
J’ai été très bien reçu mais les autorités ne m’ont donné aucune chance de vadrouiller de circuler n’importe comment sur la voix publique, de faire le rallye devant les policiers comme si je me moque éperdument de leur présence.
Là-bas dans le pays des hommes intègres la loi c’est vraiment la loi. Circuler sur la même voix que les véhicules ah non « Fo kii sa » tu ne conduiras plus une moto.
Il y a une voix pour moi Djakardia voilà pourquoi Burkina-Faso ne me plait pas parce que je n’arrive pas à atteindre ma vitesse de croisière en faisant au tant de victimes comme au Mali. Statistiquement parlant y a pas match entre le Mali et le Burkina. Le respect du code de la route est un acte de civisme élevé qui n’a pas besoin d’autant de sensibilisation ou de sketchs pour qu’un citoyen de n’importe quel âge l’apprenne par cœur. Bref…
Au Sénégal les autorités ont mis en place une commission composée de psychologues confirmés et autres hommes de culture pour savoir si cette machine Djakarta qui se nourrit uniquement du sang de notre jeunesse, notre avenir, doit obtenir même un simple visa touristique à « for tuerie » un visa de résidant.
Bamako : Pasteur Tiowa Diarra en moto
C’est à Bamako que moi Djakarta je peux rouler à tombeau ouvert en me faufilant entre les piétons, sur les trottoirs, entre voitures, les gros porteurs, au marché, au vu et au su des policiers chargés du maintien de l’ordre qui sont impuissants devant mes actes. Parfois moi Djakarta j’arrive à faire des victimes devant les autorités ils ne disent mots.
Agonissant, mes victimes restent couchées sur la voix. Pendant que des bonnes volontés cherchent à les couvrir, d’autres usagers forcent le passage et provoquent un autre accident.
Eh oui, ce n’est qu’au Mali que tout est permis jusqu’à ce que l’irréparable se produise. A ce moment, la conscience ouvre faiblement son oeil gauche pour un laps de temps puis le ferme et on passe.
Vive la démocratie et son excès d’incivisme ! En attendant la banque de sang va souffrir à Quinzambougou faute de donneurs volontaires de sang.
On a l’impression que toutes mes victimes se gavent de « Tjimitiama » + une bonne dose de la rage d’être le premier quoi qui arrive.
Imaginez si moi Djakardia je déclanche un jour de grève au Mali quelle conséquence pour la couche sociale la plus démunie qui vit au jour le jour ?