Le 2 février, ATT était seul face à son destin

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La contestation des épouses, parents et amis des militaires victimes des attaques rebelles à Menaka, Aguel’hoc, Tessalit et Anderamboucane a monté d’un cran le 2 Févier dernier. Les marcheuses venues de la ville garnison de  Kati et joints par des jeunes ont assiégé le palais présidentiel de Koulouba durant plus de trois heures. Une première dans l’histoire du pays. Au même moment les rues de Bamako étaient en feu.

 Ceci n’est  qu’un témoignage que je me propose de faire partager, en toute modestie, et en tant que témoin de cette journée chaude. J’espère ainsi accomplir ma mission de Journaliste Reporter en disant la vérité sur ce qui s’est passé à Koulouba

Le 2 février dernier sera un jour inoubliable pour les bamakois. Pendant plus de deux heures le palais présidentiel a été assiégé par des manifestants qui réclamaient la tête du président. Ils proféraient des injures contre lui entonnant de temps en temps l’hymne national du Mali. Leurs slogans illustraient le degré de leur colère : « Président trahison », «  Président dégage ». Il faut peut être remonté aux heures chaudes des événements du 26 Mars 1991 pour voir une telle insurrection. Mais même là, jamais des manifestants n’étaient parvenus jusqu’à la porte d’entrée officielle du Palais présidentiel.

Ce 2 février, ils étaient non seulement parvenus et ils ont même tenté à plusieurs reprise de la forcer pour « lyncher » le président. AT T, dont les services de renseignements n’ont pas mesuré ou ne l’avaient pas informé correctement sur la colère des manifestants, avait approché pour tenter de les calmer. (Ils « les  manifestants » auraient pu le faire tant, ce jour là, la sécurité a montré des lacunes intolérables dans son dispositif de maintien d’ordre).

Ces jeunes, femmes, et enfants et amis de soldats sur le front surexcités et très en colère avaient  une particularité : premièrement la manifestation était spontanée, car elle était le fruit d’un cumul de frustrations du moins à un désir de manifester qu’au un déficit de communication gouvernementale. Deuxièmement,  les manifestants n’appartenaient à aucune organisation structurée, donc le gouvernement n’avait pas en face de lui un interlocuteur unanimement reconnu par tous les manifestants. Troisièmement les manifestants étaient constitués essentiellement de femmes et d’enfants, une couche « sensible » et « intouchable » dans notre jeune démocratie.

LES RAISONS D’UNE COLERE

Depuis deux jours, les rebelles avaient attaqués les positions de l’armée malienne à Menaka, Aguel’hoc et Amderamboucane. Le bilan était lourd. On parle de plusieurs centaines de militaires tués (116 selon une source crédible)  dans des conditions les plus atroces. « Les militaires maliens étaient en cours de munitions lorsqu’ils ont été attaqués » selon les informations. Des rumeurs les plus folles avaient circulé sans que le gouvernement n’apporte un démenti. Les parents des militaires engagés sur le front étaient restés sans nouvel de leurs proches. Ni le ministère de défense, ni le ministère de la communication, ni même la direction de l’information de l’armée ne disait ce qui s’est réellement passé lors des attaques. Les maliens se contenteront, durant 72 heures, de quelques communiqués laconiques signés soit par le ministère des affaires étrangères soit le ministère de la défense et lus sur les ondes de la télévision. Personne, même ne comprend rien, mêmes les maliens les plus avertis.

Des radios et journaux de la place préviennent sur la colère des populations. Certaines diffusent des informations les plus confuses et les plus « terribles » fournies par leurs « correspondants » et accusant le Sommet de l’Etat. Notamment Amadou Toumani  Touré qui ferait lui-même (Ironie) partir des rebelles. La communication gouvernementale reste inerte, si non nulle, j’ose le dire. Des tracts circulent en ville contre le président à qui on demande de quitter le pouvoir pour cause d’incapacité à gérer la crise provoquée par les bandits armés. Koulouba sent quelque chose, mais n’a-t-il pas mesuré véritablement son ampleur ? Les services de renseignement du président lui ont-il caché la vérité ?

Le soir du 1er février, on annonce par  message que le président dela République va s’adresser aux maliens. Tout le Mali attend ce moment et espère comprendre d’avantage ce qui s’est passé depuis trois jours.

Là aussi la communication gouvernementale est absente.  Outre un simple message qui passera au bas de la  télévision nationale pour annoncer l’adresse du président, le discours du président est diffusé dans le journal du soir  au lieu d’une édition spéciale. La situation de crise que traverse le pays n’est pas prise au sérieux par les autorités, se disent bon nombre de maliens.

Rappelons que la veille, c’est-à-dire le 30 janvier, les femmes militaires de Kati avaient effectué une première marche sur Koulouba qui sera arrêtée non sans difficulté par le ministre de la défense après plus d’une heure de négociation. Elles avaient décidé de rencontrer personnellement le chef de l’Etat. Mais elles étaient rentrées suite à une médiation et espéraient voir leurs préoccupations prises en compte  le lendemain.

Ayant appris les échos des manifestants, le président décide donc de parler. Mais malheureusement ATT passe à côté de calmer les esprits. Aussi brève que fut  son discours, il ne contenait rien de concret. Bref personne n’a compris ce que le chef de l’Etat a dit dans  son message. ATT lui-même l’avait-il su. En tout cas il conclu son message en disant : «  Je parle au fond de mon cœur, j’espère que vous m’avez compris ».

Ce qui a encore fait mal aux maliens est que leur président se contente seulement de condamner les attaques comme s’il pouvait dire ou faire autrement. Là également la communication gouvernementale a étalé  toutes ses lacunes. Même ceux qui ont été à l’école se demandent quoi retenir de ce message. Dans tout le pays  on se dit que le président a  improvisé son discours. Où-étaient la cellule communication de la présidence, le ministère de la communication, Porte-parole du gouvernement  pour qu’une adresse d’un  Président dela Républiqueàla Nationsoit si vide de contenu ? Jamais, je n’avais auparavant connu pareil.

Le discours du président qui aurait donc du  éclairer l’opinion nationale et internationale,  les  plongent  plutôt dans le labyrinthe de l’obscurité. Le gouvernement ne savait-il pas que le message d’ATT n’a pas passé ? Toute la nuit, les uns et les autres ont cherché la vraie information sans l’obtenir. C’était également le cas des parents des militaires sur le front. Ils ne dormaient que d’un œil. Bamako agite toute la nuit.

Toute la nuit la frustration a gagné les cœurs, mais particulièrement les parents des militaires engagés dans les combats. Le témoignage de cette dame en larmes le jour de la manifestation l’illustre parfaitement : « Depuis quatre jours je n’ai plus de nouvelles de mon mari et de mon fils. J’ai essayé partout. Leur hiérarchie m’a dit seulement qu’il pas de réseau dans la localité. Ils sont les militaires, s’ils sont morts qu’on me le dise en toute honnêteté ».  

Dans la nuit du 1er au 2 février, les informations les plus confuses et les plus contradictoires circulent.  On parlait  même d’un coup d’état. Toute la nuit ces informations n’ont  pas été démenties. On s’avait que cela pouvait  provoquer quelque chose le lendemain.

Le gouvernement ne dit rien alors que sur certaines radios de la capitale on incitait à la haine du président et de la hiérarchie militaire. Il n’y avait aucun contrôle sur les informations « terribles » diffusées par certaines radios. Pire, DES TRACTS CIRCULAIENT DANS LES RUES DELA CAPITALE SANSQUE LES SERVICES DE RENSEIGNEMENT N’INFORMENT LE PRESIDENT. Etaient-ils au courant ?

Le matin du 2 févier, les rumeurs les plus folles annoncent une éventuelle fuite du président dela Républiqueet sa famille. Personne ne le démentie. Ni la présidence ni le ministère de la communication. Mieux encore et ce qui a aussi provoqué lyre des bamakois, très tôt le matin, tous les membres du gouvernement, avec à leur tête le chef du gouvernement, désertent la capitale pour Sélingué. Une localité située à70 kmde la capitale.   Vous savez pourquoi ? Tenez vous bien : « Un séminaire sur la communication gouvernementale ».  Alors que les maliens ont attendu toute la nuit cette « communication gouvernementale » afin de les éclairer. Mais la « communication gouvernementale » est à Sélingué entre les « quatre murs ».

Pour qui connait le partage de sous que constituent les séminaires, on prend aisément pourquoi, tous étaient allés de ce côté. Non seulement en la communication gouvernementale a brillé par son absence pendent toute la nuit, mais le lendemain aussi, alors tout que le Mali l’attendait afin de calmer les esprits. Tous les acteurs dela Communicationautour du président étaient  hors de la capitale qui, plus tard, sera en feu. Pourquoi « ILS » n’ont  pas  reporté le séminaire au regard de la crise dans le pays pour être avec le président et le peuple malien ?

 CE QUI S’EST PASSE LE 2 FEVRIER

Comme dit plus haut,  toute la nuit les rumeurs les plus folles ont parcouru la capitale sans être démenties. Surexcités par le CONTENU VIDE DU MESSAGE du président dela République, L’ABSENCE DE COMMUNICATION DU GOUVERNEMENT et l’INERTIE DELA HIERARCHIE MILITAIRE, les manifestants remettent ça, le jeudi. Normale.

 Vers 9 heures, ils forment d’abord de petits groupes qui constitueront ensuite une foule immense indescriptible. Les forces de l’ordre minimisent la chose. Les manifestants commencent par saccager des biens privés, notamment une station au niveau du carrefour des routes de Kati et du point G. Auparavant, une clinique à Kati et biens d’autres. Un petit groupe de gendarmes envoyés sur les lieux n’a  pu que constater les dégâts. La foule immense avance. Il est 11 heures. Et depuis deux heures, les manifestants « déterminés à marcher sur le palais » résistent aux forces de l’ordre qui ont plusieurs fois fuit devant les jets de pierres et les bâtons. 

Les manifestants étaient infiltrés par les badauds et autres gens de mauvaise intention àla MECONNAISSANCE DESSERVICES SECRETS DE L’ETAT. Cette foule dangereuse aura raison DU DISPOSITIF DE SECURITE DEPLOYE CE JOUR. Ils atteignent la porte d’entrée officielle du palais présidentiel à 12 h 30 et tentent de la forcer.  

AU PALAIS PRESIDENTIEL Au bout d’une négociation tendue avec quelques gradés de l’armée, six femmes se réclamant représentantes des manifestants rencontrent ATT qui les accueille au rez-de-chaussée du palais. Malheureusement elles en n’étaient pas. Ce qu’on saura plus tard.  

ATT conduit ensuite les dames, très en colère, dans une des salles du palais et reste seul avec elles. L’audience dura quelques  minutes seulement.  A leur sortie les « représentantes » proposent au chef de l’Etat de s’adresser directement aux manifestants car elles n’ont aucune influence, reconnaîtront-elles.

ATT, qui ne mesurait pas le risque d’un tel geste, accepta SANS QUE SON SERVICE SECRET NE LUI DISSUADE. A 12 h 50, il s’approche et lève ses deux mains en signe de salut. Les jeunes déchaînés et dans la furie ont failli commettre l’irréparable. Ils jettent des pierres. La résistance des grilles de la porte du palais ne tenait qu’à un seul fil. Les forces de l’ordre étaient là, impuissantes devant la violence des manifestants. C’EST L’INSTANT OU J’AI PENSE QUE TOUT ETAIT FINI. Mais comme par coup de magie, la fièvre des jeunes baisse alors que le chef de l’Etat retournait sur ses pas sous la protection de la sécurité. Avait-il compris que les manifestants étaient infiltrés ?

Tandis que les forces de l’ordre surveillaient (comme de huile sur le feu) la porte officielle où avaient fait sit-in les manifestants, des badauds rodaient tout autour du palais. Certains tentaient, par tous les moyens, de se dérober de la vigilance de la sécurité pour escalader les murs.   Dans la confusion qui régnait, il en a fallu de peu pour qu’ils réussissent dans leur dessein. Que serait–il arrivé si ces gens mal intentionnés étaient parvenus à entrer dans le palais ?

 Vers 13 h 35, ATT accepte une autre audience des représentes des femmes. Cette fois elle dura plus d’une demi heure. Avant leur sortie la sécurité avait usé la force pour disperser les délinquants qui eux avaient d’autres idées derrière la tête : Casser et piller et palais présidentiel.  

Face à la colère des manifestants, ATT était seul. Son chef d’état major particulier lui prêtait main forte.  Pas un seul ministre dela Républiquece jour aux côtés de leur président alors bien qu’ils savaient tous que ca n’allait pas à Koulouba. Aucun ministre dela Républiquen’était présent au palais pour assister le président. ATT ETAIT SEUL FACE À SON DESTIN ET SEUL CE DESTIN LE SAUVA D’UNE FIN…

Comment comprendre l’attitude du gouvernement ? Ca aussi c’est la solidarité gouvernementale qui était à Sélingué où on en parlait. Mais pas au palais de Koulouba où le Président en avait, sans doute, besoin ce jour du 2 février. Le zèle que certains ministres mettent lorsqu’il s’agit de défendre le PDES du président dela Républiquen’avait-il pas ses raisons ?

Le ministre qu’ATT recevra ce 2 février est arrivé au palais seulement après 17 heures, alors que les manifestants se sont calmés. Peut être pour apprendre sa permutation.  

Baye COULIBALY

Journaliste Reporter

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5 COMMENTAIRES

  1. pourquoi la corruption s’est installee au mali?
    l’argent a ete au centre de tous les achats de conscience,le merite a ete au profit de l’argent, l’egoisme, une anarchie, la frustration.Le mensonge pour decapiter les meilleurs. L heure a sonne, les erreurs sont la, des griots pour chanter les louanges, toute personne qui refuse la bassesse, l’opportunisme, le mensonge est un ennemi.voila les facettes du pouvoir 😥 😥 😥 😥 😥 😥 😥

  2. IL doit donc comprendre que ceux qui chantent son nom à tord et à tavers ne le vont que pour leurs interets . S’il meurt c’est son probleme . Je parle des gens comme : Semega qui sont capable de dire SALAHLAHOU ALEY WA SALAM quand tu prononce le nom de ATT devant eux .

  3. Oui le Mali a été trahi par ceux qui ont prêté serment de défendre à tout moment et en tout lieu les intérêts nationaux. Ils ont reçu la confiance du peuple et l’allégeance de nombreux partenaires. A plusieurs reprises, quand le sang des compatriotes a coulé, ceux chargés de conduire la destinée du pays ont toujours usé de discours pour rassurer les populations. Le constat est amer, la violence s’est installée durablement au nord avec son cortège de morts et de désolations. Ceux qui savent la guerre, c’est ceux qui ont perdu des fils, des maris, des frères, des sœurs, des biens, etc. Oui, la situation actuelle est le prolongement, sinon l’expression de l’échec des politiques des plus hautes autorités. En ce moment, le peuple a retiré toute sa confiance en ces hommes et femmes désignés ou élus pour agir en son nom. Un peuple sait comprendre mais ne sait pas obéïre. Oui, « on pense différemment dans une chaumière que dans un palais ». Les responsables de la situation actuelle paieront chèrement la trahison du peuple. Ceci est inévitable malgré les intentions inavouées dans la manipulation des élections présidentielles. Hier, si la raison d’Etat qui a prévalu pour élire un candidat, aujourd’hui le peuple souverain du Mali est plus que jamais décidé à reprendre ce qui lui revient de droit. Il est et sera le seul arbitre pour le choix de son Président. Vouloir aller à contre sens, serait suicidaire pour ceux qui croient que le peuple est bête, qu’on peut acheter son silence, l’intimider ou en faire ce qu’ils veulent.

  4. Mr Coulibaly, nous n´avons pas arreté de le dire sur ce forum!! Un président n´a pas besoin d´un bac+8 pour diriger un pays et avoir une bonne com. Notre frere SAMBOU disait que ATT etait le président le moins bien conseiller au monde, sinon comment comprendre de telles carences au sommet de l´état ?? L´homme qu´il faut á la place qu´il faut!!! La promotion d´un clan ou d´un groupe d´amis n´apporte rien de bon á un pays que des interets perso ❗ ❗

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