J’ai claqué la porte de l’ADEMA, suite a la trahison d’une bonne frange de son CE de l’époque contre son candidat Soumaïla Cissé. Avec la création du PDES, le 17 Juillet, je voudrais, par cette contribution, demander aux amis d’hier de l’ADEMA, si c’est bien cette suite qu’ils attendaient, après avoir cassé le parti, sous le prétexte de reconquérir le pouvoir, après le Président ATT.
En 2002, l’ADEMA-PASJ a tenu sa convention, afin de désigner son candidat pour l’ élection présidentielle. Au bout d’une longue campagne, Soumaïla Cissé était parvenu à obtenir la majorité des suffrages des délégués, qui l’ont ainsi désigné candidat officiel du parti, pour l’élection présidentielle, et cela conformément aux textes du parti.
Immédiatement après, le Président Alpha Oumar Konaré l’a débarqué de son poste de super-ministre de l’Environnement, de l’équipement, de l’habitat et des travaux publics, et commença pour lui la descente aux enfers, au sein de son parti, avec la montée au créneau de ceux qu’on a appelés, à l’époque, les " Dix ". Auxquels se sont joints d’autres ténors du parti, pour battre campagne contre son candidat et contre toute logique rationnelle.
Toute sorte d’explication a été donnée, par rapport à la traitrise de ceux qui n’ont pas suivi le candidat officiel de l’ADEMA. Certains ont parlé d’achat de conscience, d’autres ont accusé le candidat d’être trop méprisant et parmi eux, ceux qu’il a eu à soutenir financièrement, pendant leur période de galère. Des membres du Comité exécutif de l’ADEMA qui n’ont pas hésité à le trahir, surtout en première région.
Finalement, après toutes les analyses, le commun des Maliens a compris (il peut se tromper) que c’est le Président Alpha qui a souhaité que le parti, qui l’a élu pendant deux mandats, perde le pouvoir au profit du Général ATT. D’une part pour respecter un deal, et d’autre part pour redistribuer les cartes, afin que l’Adema ne prenne pas des allures de parti unique.
Beaucoup de militants sincères n’avaient pu décrypter ce message et ont soutenu le candidat du parti. Et, parmi eux, il faut féliciter le président du parti à l’époque, Dioncounda Traoré, qui a soutenu fermement le candidat Soumaïla Cissé jusqu’au bout. Je dirai, par honnêteté, sinon les " Dix " ne pouvaient pas, mieux que lui, décrypter ce soit-disant message d’Alpha. Ceux qui l’ont compris, ont également été récompensés pour leur " traitrise " en obtenant des postes. Soit dans le gouvernement soit dans d’autres institutions de la République et vivaient ou continuent de vivre dans un bicéphalisme qui fait d’eux, à la fois, des membres des organes de l’Adema-Pasj, mais aussi des membres de l’Association du Mouvement citoyen. Le moment est venu pour eux de faire leur choix entre leur parti, l’Adema, et le nouveau parti en gestation, le PDES, dont le lancement est annoncé pour le 17 juillet 2010.
Ce sera une épreuve pour certains d’entre eux, qui sont des militants sincères de l’Adema, mais pour d’autres, ce serait juste une promenade de santé. Ce sont eux qu’on qualifie de politiciens sans état d’âme, car ils s’afficheront, sans aucune honte, comme membres du nouveau parti. Non pas à cause de la pertinence de son projet de société, mais plutôt à cause de l’espoir qu’il suscite pour eux de se maintenir dans les hautes sphères de l’Etat. Cela a commencé avec N’Diaye Bah, mais va continuer avec la plupart des ministres des autres partis, à commencer par l’Adema.
Des anciens ministres de l’Adema se réunissent régulièrement avec les fondateurs du PDES et sont aux premières loges des événements qu’ils organisent. Seydou Traoré, par exemple, en est un. Voilà, pour les Maliens, un vrai politicien. Certains même l’admireront pour la facilité avec laquelle il a compris qu’un homme n’a pas de parti, mais plutôt des intérêts. Il sera, sans aucun doute, membre du Comité directeur du nouveau parti, non sans avoir rendu sa démission de l’Adema, dont il a suffisamment profité et dont il n’attend plus rien. Il justifiera cela facilement par son éviction du Comité Exécutif de l’Adema et de la section de Ségou.
Je suis enclin à penser la même chose d’Oumar Touré, l’actuel ministre de la Santé, mais sa déclaration récente à Mopti, réaffirmant qu’il ne quittera son parti pour rien au monde, m’oblige à faire ce qu’on appelle : " Wait and see ".
Mais les questions que je pose à Alpha Oumar Konaré et aux militants de l’Adema qui avaient, à l’époque, fait campagne pour le président actuel, sont les suivantes : s’attendaient-ils, à leur tour, à un retour de l’ascenseur, ou bien à la création d’un parti qui continuerait à perpétuer le pouvoir actuel comme cela semble se dessiner maintenant? N’ont-ils pas le sentiment d’avoir sacrifié leur parti au détriment d’autres? Pensaient-ils donner le pouvoir à quelqu’un en dehors du parti, qui leur a tout donné et s’attendre, en retour, que cette personne le leur remette?
Ce qui est sûr, le PDES est une création du Président ATT. Et il va soutenir sa création et sa montée en puissance jusqu’au bout. Et tout comme Alpha a pu obtenir l’élection de son candidat en 2002, puisque disposant de moyens matériels et administratifs colossaux, il y a de fortes chances que le Général, aussi, fasse tout pour remettre en selle ses poulains, les Séméga et autres. Comme cela, ceux qui ont combattu pour l’avènement de la démocratie verront le pouvoir s’éloigner de plus en plus, pour rester entre les mains de ceux qui l’ont cueilli tranquillement dans le jardin d’ATT, resté malgré tout un acteur majeur pour l’avènement de la démocratie.
Cela rappelle l’anecdote d’un de mes amis, qui compare la politique à une veille voiture que certains poussent, afin de la mettre en marche. Mais une fois en marche, elle continue sa route sans ceux qui l’ont poussée et prend en route les auto-stoppeurs cravatés, qui n’ont fourni aucun effort pour la mettre en marche. Si c’était cela le calcul d’Alpha et des " Dix ", alors ils ont rendu un beau service à la démocratie au Mali. Peuvent t-ils regarder en face Soumaïla Cissé après 8 ans de trahison et ce qui se dessine actuellement?
Samba Traoré,
militant de l’URD à Sikasso