La joute oratoire qui a opposé notre frère Aboubacrine Assadek à Soumana Sacko, ancien Premier Ministre sous la transition et probable candidat à la magistrature suprême au Mali n’a pas manqué d’intérêt à mes yeux eu égard au contexte. Je crois savoir que ce fut un regrettable calembour qui les a mis en brouille mais qui a eu le mérite d’éclairer nos lanternes. Il en valait la peine car aura permis à Zou (excusez le sobriquet) de se livrer de façon convaincante à cet exercice d’explication qui est un véritable supplice pour les politiciens sous nos latitudes de doux tropiques. Sacko aura magistralement levé le coin du voile et nous aurait donné une idée claire et limpide de la grande magouille dans le fonctionnement des affaires au haut sommet de l’Etat. A la lecture de la version des faits “Affaire du Trésor” par monsieur Sacko, il apparaît à l’évidence qu’il est loin de la réalite des faits au montage politico- médiatique de mauvais aloi qui avait embarqué le grand public. On ne saurait permanemment cacher la vérité. A vouloir cacher, comprimer la vérité, elle finira inéluctablement par s’échapper du vase dans lequel on voudrait l’y étreindre. Sacko en est venu à la preuve littérale et testimoniale-ceux qui sont ses témoins sont encore des acteurs majeurs de la vie politique nationale-, nous savons maintenant de quel côté se trouve la vérité.
Monsieur Sacko a asséné des vérités: ” Ces pratiques abusives ont commencé bien avant la Transition. Le montant de 4,5 milliards de FCFA est donc un cumul incluant les pratiques antérieures à la Transition. C’est la BCEAO ( ou la SE, laquelle ne relève pas du Gouvernement) chargée des opérations de compensation entre le Trésor et les banques) qui aurait pu attirer l’attention du Ministre des Finances sur le nombre important de chèques sans provision). Le Ministre des Finances aurait pu avoir des "soupçons" si il y avait eu des difficultés de trésorerie au niveau de l’Etat, ce qui n’est pas arrivé sous la Transition.”Et monsieur Sacko sait de quoi il parle. En parlant, ce monsieur dérange et trouble le sommeil de tous ceux qui, en collusion ont saccagé notre économie. Il nous apparaît clairement qu’une coterie d’intrigants s’est ingéniée à salir Sacko en le traînant dans la boue de la calomnie, de la médisance et de la méchanceté.
Ils ne sont pas aussi fous qu’on le croirait. Ils sont faits de chairs juteuses et d’os croustillants. Quand on est fait de chair et d’os , il tient de l’aberration que de fabriquer un monstre carnassier. L’avènement de Sacko à koulouba serait le dernier de leurs voeux . C’est de bonne guerre que cette camarilla ni foi ni loi pactise et soudoie des plumitifs pour dresser un autre portrait peu reluisant de l’homme. Assadek n’a t-il pas écrit ce que plus d’un sait dejà? “ Si on ne vote pas ATT on ira en prison”, ou bien un candidat aux législatives dire ” votez pour moi sinon j’irai en prison” Ces propos d’auto-culpabilisation trouvent leurs explications dans cette autre confidence de Monsieur Sacko:” De fait, une bonne partie desdites créances ont été recouvrées dans les derniers mois de la Transition. Dans le cadre de la passation des pouvoirs, le Premier Ministre de la Transition a remis le rapport du Contrôle Général d’Etat à Younoussi Touré, tandis qu’ATT remettait le même rapport à Alpha Oumar Konaré. Arrivée aux affaires, la IIIeme République aurait dû se frotter les mains et considérer la partie non encore recouvrée comme un matelas financier (restes à recouvrer); au lieu de cela, elle a voulu en faire une exploitation purement politicienne contre la Transition avant de découvrir que leur propre Ministre ( Abdoulaye Camara, un entrpreneur nommé Ministre des Mines dans le Gouvernement de Younoussi Touré avait bénéficié des dites facilités abusives, ce qui lui a valu d’être débarqué du Gouvernement).” Il ressort de ces déclarations du Dr Sacko qui tiennent de la limpidité du cristal que l’état de délitement de notre pays est imputable à l’ADEMA et de tous les partis recalcitrants qui sont issus de sa matrice. Nous confortons la raison du choix d’ATT au détriment du candidat de l’ADEMA/PASJ en 2002. Le candidat du sérail était au fait de la magouille, le choix de tout candidat de l’ADEMA aurait été suicidaire car les loups se seraient mangés entre eux. Oui! L’ADEMA/PASJ fut un sérail odieux où l’on a sacrifié la patrie malienne à la gloutonnerie d’un clan. Nous exigeons aujourd’hui que tous ceux qui aspirent à nous gouverner viennent s’expliquer, nous convaincre quant à l’origine de leurs richesses fabuleuses. La démocratie malienne serait un leurre si les politiques échouaient à être l’incarnation type d’une éthique. Nous le dirons jamais assez, la vertu doit être la probité des hommes politiques. La politique ne devrait pas être un tremplin pour assouvir ses désirs insatiables de s’enrichir malhonnêtement.
Le grand frère Sacko a les vertus que nous appelons de nos voeux: la sincérité, l’honnêteté, et le savoir faire dans la gestion des affaires de la cité. On le dit suffisant, trainant le boulet de l’affaire du Trésor et de l’augmentation de l’indice de PM. Grand merci à Assadek et à Abdoulaye Dabo de lui avoir posé les questions engoncées au travers de nos gorges. Merci aussi à Sacko d’avoir levé l’ambiguité. A ses détracteurs il a assené ces mots de Francis Bacon: “Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose.” Oui , il est resté après la calomnie la probité candide(candidus: blanc éclatant) de Soumana Sacko. Le mot “ candidatus en latin dérive de candidus, ce qui explique la tradition romaine qui consistait à voir les candidats aux fonctions publiques , s’habiller en blanc, pour briguer les suffrages. Blanc comme neige, il apparaît incontestablement comme le Deus ex machina qui est à même de sauver providentiellement le Mali du bourbier. Quand on veut monter au mât de Cocagne, ilfaut avoir le cul propre. Sacko a le “sien propre” (excusez le choix du vocable). Il a parlé et nous aurait convaincu quant à la consistance de ses propos. La lumière a eu raison de l’obscurité. Nous demandons aujourd’hui à ceux là qui ont hérité du dossier du Trésor de venir s’expliquer au peuple malien, de renverser la charge de la preuve (un sophisme qui consiste à dire à des interlocuteurs de prouver qu’une affirmation est fausse). Nous voulons ardemment à tous ceux qui ont hier participé à la gestion nébuleuse de notre pays de se soumettre à l’épreuve écrite ou orale comme a su le faire magistralement Soumana Sacko. La parole est humaine, si les animaux pouvaient parler il n’y aurait pas d’abattoir. Mais le peuple malien semble être décidé à envoyer à l’abattoir les tenants de discours spécieux, vains et mensongers. Nos coeurs ne seront pas conquis par des discours laconiques et scabreux. Contre la médisance, point de rampart, dit-on. Mais Zoumana a la force de son argumentation pour se protéger des chroniques scandaleuses savamment montées contre lui.
A l’interrogation d’Abdoulaye Dabo au sujet de l’augmentation de l’indice du PM, l’homme -égal à lui même- a honoré la transparence politico-administrative aux antipodes de tout discours translucide. Jugez-en:”….Manifestement, l’argent n’a jamais été le facteur motivant pour lui, sinon il n’aurait pas renoncé à un traitement de plusieurs millions par mois aux Nations Unies pour un traitement de PM de FCFA 300.000…..A la fin de la Transition,ni le Président du CTSP, ni Zou, ni aucun Ministre du Gouvernement ne se sont octroyé quelque augmentation de salaire que ce soit.Les hommes et les femmes qui ont eu la lourde charge et le redoutable honneur de diriger la Transition ont donné le meilleur d’eux-mêmes au service exclusif du Peuple. Croyez-le, nous étions trop occupés ( aucun d’entre nous n’avait une vie de famille normale; dans mon cas précis, mes enfants pouvaient faire 4 jours et 4 nuits d’affilée sans me voir,compte tenu de l’heure à laquelle je me rendais au bureau ou en revenais).Vivement que les émules de Sacko à l’élection présidentielle apprennent cette sagesse de William Shakespeare: “Il n’est que la vertu que la calomnie ne sache atteindre”. Et Sacko est vertueux.
Tel Diogène, qui cherchait en plein midi, un homme à Corinthe, une lanterne à la main, le peuple malien est à la recherche d’un homme de vertu, de courage, de conviction, de vision qui saura donner à notre nation sa grandeur et sa noblesse d’antan.
Autant la mort de Lucrèce inaugura la liberté chez les romains, autant la preuve littérale offerte par Zoumana Sacko ouvrira, nous l’espérons, une nouvelle ère de transparence politique dans un Mali où la crise de confiance entre l’électorat et les candidats à Koulouba risque d’abâtardir la fonction de Président de la République. Aux patriotes et républicains de remercier grâcieusement Aboubacrine Assadek d’avoir été incompris par Sacko.
Une contribution de Mr Fatogoma Mohamed Ouattara
Orange, New jersey, USA
Fouattara2@comcast.net
http://fouattara.blogspot.com
www.ouattaradonzo.com