La tribune du lundi : Enseignement supérieur du Mali : Gestion inégale !

3
Dr Sekou Diakite

Malgré tous ces problèmes, certaines Facultés parviennent à s’en sortir en respectant les normes académiques chaque année. Parmi ces Facultés, la FSEG occupe le fauteuil du leader.

En effet, la FSEG est incontestablement la Faculté pilote, car, durant plusieurs années et de façon régulière, elle commence son année académique avant tout le monde et la boucle en organisant 2 sessions ; elle maîtrise son effectif estudiantin ; elle utilise de façon optimale ses salles, etc. Mais malgré tous ces efforts et comme le ridicule ne tue point au Mali, c’est la FSEG qui est mal servie par le Cabinet en termes d’heures supplémentaires, de bourses et trousseaux alloués aux étudiants qui rentrent les premiers en classes et qui, pour avoir leurs dus, sont obligés d’aller en grève. Où est l’équité ? Le mérite a-t-il un sens dans ce pays ? D’après Aristote : ” La plus grande injustice est de traiter également les choses inégales.”

Les heures supplémentaires suscitent beaucoup de problèmes dans l’enseignement supérieur et le paiement de ces heures, malgré le grand retard qu’il revêt, fait grincer des dents dans le département tutelle. Pourquoi le Cabinet ne fournit aucun effort pour payer à temps les heures supplémentaires des Enseignants du supérieur ? Pourquoi jusqu’à présent aucune structure ne connait l’enveloppe budgétaire qui lui est attribuée pour l’année universitaire 2014 – 2015 ? Sur quelle base le Cabinet alloue à chaque structure le montant des heures qu’elle effectue ? Pourquoi imposer la rentrée universitaire solennelle chaque année pour démarrer les cours après 3 mois ? Autant de questions que le Cabinet doit répondre.

Dans Le Zénith-Balé N°1663 du 23 février 2015, j’avais pris l’exemple de la FSEG pour expliquer le régime des heures supplémentaires. Dans cet exemple explicatif, j’ai fait savoir que l’Etat devait aux Enseignants permanents de la FSEG, au titre de l’année universitaire 2013 – 2014, un montant de 554 400 000 FCFA. Ce montant n’inclut pas les heures supplémentaires dues aux Enseignants vacataires. L’Etat a payé, seulement, 203 000 000 FCFA à la FSEG (moins de 50% du montant des heures supplémentaires dues aux Enseignants), car le Cabinet avait arbitrairement alloué une enveloppe à chaque structure sans aucune base logique de calcul des heures. Pour rappel, l’USSGB (Université des sciences sociales et de gestion de Bamako avait 450 000 000 FCFA à repartir entre la FSEG, la FHG, l’IUDT et l’IUG (les facultés et instituts qui lui sont rattachés).

Le Cabinet a manqué de professionnalisme en plafonnant le montant à payer des heures supplémentaires sans aucune base réelle de calcul, sinon la FSEG, à elle seule et sans ses vacataires, aurait plus que tout le montant alloué à l’USSGB. Le volume horaire global à enseigner étant connu dans chaque structure, le nombre d’enseignants permanents pour dispenser les cours étant connu, il est facile d’en dégager le volume horaire total obligatoire pour savoir quel est le volume horaire total supplémentaire. Pourquoi, donc, d’année en année le Cabinet fait trainer la rentrée universitaire à cause de ces montants qui sont, facilement, calculables ? Est-ce par incompétence ou par mauvaise volonté ?

Malgré cette provocation, le corps professoral de la FSEG a réaménagé son emploi du temps afin de démarrer les cours à la grande surprise du Cabinet et pour le grand bonheur des étudiants. C’est ainsi que beaucoup d’heures ont été supprimées (Travaux dirigés, surtout)et le paiement étalé sur treize (13) semaines au lieu de  vingt-six (26). Cette année le Cabinet n’est pas parvenu à allouer une enveloppe aux structures et à la FSEG les cours ont commencé depuis le 18 décembre 2014. Pour l’heure aucun montant à aucune structure n’est alloué officiellement, mais le travail bat son plein à la FSEG comme pour dire aux autorités et en accord avec Herb STEIN: ” Ce qui n’est pas durable ne peut durer et devra bien cesser un jour “.

Il est grand temps que nos autorités prennent leurs responsabilités en honorant leurs engagements à temps et en prenant des décisions allant dans le sens de l’amélioration du système au niveau de l’enseignement supérieur. Le paiement des heures supplémentaires qui est contraignant pour le Cabinet le sera toujours à cause de l’effectif pléthorique des étudiants chaque année et du fait que ces étudiants ne payent, presque rien (à peine 1% par an) pour leur formation. Que faut-il faire pour alléger les charges de l’Etat? Faire une estimation réelle du coût d’un étudiant afin de proposer une augmentation de la part à payer des étudiants comme frais d’inscription (5%, 10%, etc.) ? Aller vers une autonomie des structures avec ses énormes avantages (moins de charges pour l’Etat, plus de liberté de gestion pour les structures, plus d’assurance qualité dans les cours, etc.) ?

Jules-Paul TARDIVEL : ” Le vrai patriote s’inquiète, non du poste qu’il doit occuper dans la patrie, mais du rang que la patrie doit atteindre parmi les nations “.

Dr. Sékou DIAKITE

Président de l’Association

” Mouvement pour le Changement à Kati  (MCK)”

Cell.:(+223)65736462/73568479

Commentaires via Facebook :

3 COMMENTAIRES

  1. DR parle nous plutot des problèmes reéls au lieu d’heures suplémentaires.Le problème aujourd’hui est que l’Etat n’arrive pas à faire d’investissement sérieux (pour l’enseignement supérieur) au régard des dépenses atteignant des proportions hors norme je veux parler des oeuvres universitaires,des heures suplémentaires tantot non moralisées….Certe ,il imcombe à l’Etat de remédier à tout cela mais demande à tes collegues enseignants du cabinet si les difficultés se resument seulement aux heures suplémentaires.

  2. Il faut revoir tout le système de fond en comble. Voila mes propositions
    1. Limiter le rôle de l’état à des investissements lourds comme les infrastructures , le matériels de laboratoires et les outils didactiques;
    2. Limiter le rôle de l’état à la formulation de la politique nationale de l’enseignement , à l’élaboration du plan stratégique de l’enseignement supérieur , des lois et règlements , au suivi et contrôle;
    3.Que l’université y compris chaque faculté ait la possibilité d’élaborer son plan stratégique de développement , de recruiter ses professeurs directement sans passer par la fonction publique, gérer leur plan de carrière et dans le même ordre idée renvoyer ceux qui ne seront à la hauteur et en cas de différent s’occuper elle même des litiges sans passer par le contentieux du gouvernement;
    4. Faire une analyse financière des charges de formation des étudiants de manière à connaitre le coût réel de formation par étudiant;
    5. Rehausser les frais d’inscription des étudiants à un niveau soutenable en fonction des domaines porteurs;
    6.Multiplier les sources et autres mécanismes de financement pour l’enseignement supérieur ;
    7. Créer une émulation entre les facultés par rapport à l’attractivité des filières, la qualité de l’enseignement et la qualité de la gestion

  3. Il y'a tellement d'heures supplémentaires qu'on a l'impression que ces individus disposent de journées de 35Heurs. Ce sont d vrais cracks du "travail" malheureusement les résultats et les niveaux des apprenants n'ont jamais suivi !!!! Véritable dialectique , celle des "Argenteuses" Heures Supplémentaires de nos éducateurs du supérieur.

Comments are closed.