Au moment où le Malien soucieux est entrain de focaliser toutes ses énergies et ses moyens sur l’objectif sacré de réunification du territoire national, une trêve républicaine doit être décrétée au niveau de chaque conscience de malien pour que les Autorités en charge de la gestion de la transition puissent se concentrer sur l’essentiel, et bénéficier de l’apport de chacun et de tous.
En quoi consiste une telle trêve ?
En une prise de conscience collective qui fera que chaque Malien se sente concerné par la situation actuelle du Pays. Pour cela, le Malien qu’il soit de l’intérieur ou de l’extérieur doit pouvoir se rendre compte que le pays traverse une mauvaise passe qui n’est pas tombée du ciel. Les raisons qui ont concouru à faire tomber le pays dans cette dérive sont nombreuses et variées avec un dénominateur commun, la mauvaise gouvernance. Il est important que l’essentiel des maliens se convainquent de cela et que toute attitude de nature à entretenir l’impasse soit proscrite. Le Mali est d’abord pour les Maliens qui, à tout moment doivent savoir ce qu’ils veulent faire de leur pays au bénéfice de la grande majorité de leurs populations.
L’heure n’est plus au vagabondage politicien, qui consiste à courir de chaine en chaîne, de pays en pays, pour faire prospérer autre chose que les désirs légitimement exprimés du peuple malien. Ceux qui se livrent à de tels actes, pour vouloir devancer ou aller en contradiction avec la conduite édictée par les Autorités actuelles de la transition se mettent en porte à faux avec les intérêts du peuple malien. Ils pourraient facilement se faire confondre avec les ennemis du peuple que la conscience populaire souhaite emmener à disparaitre d’une manière ou d’une autre.
L’heure n’est plus à la distillation par nos organes d’information publics ou privés des messages ambigus et confusionnistes, de nature à entretenir les dérives médiatiques. Tous les messages doivent concourir à l’apaisement d’un climat social qui puisse permettre aux Autorités de transition d’accomplir dignement les missions à elles confiées.
L’heure n’est plus à des immixtions intempestives dans la vie de nos forces armées en consolidation, pour leur offrir la possibilité de se préparer sereinement et faire face à leurs missions régaliennes. N’est pas militaire qui le veut et ne doivent se mêler de la vie de nos forces armées que ceux qui ont une connaissance saine de leurs réalités. Nous nous devons de faire confiance à nos forces armées dans leurs démarches actuelles car c’est d’abord sur elles que nous pouvons compter, sans oublier que nulle part ailleurs la vie interne d’une armée ne peut être publique. Nous avons certes tous des parents et alliés au sein des forces armées, mais ceci ne nous donne aucun droit à vouloir faire introduire des comportements partisans en leur sein, ou à faire valoir nos propres sentiments dans la vie de notre Armée. Comme partout ailleurs, toute armée fonctionne suivant des règles strictes et bien définies. Nous devons donc accepter que nos forces armées, à partir de nouveaux hommes, retournent à cette orthodoxie.
L’heure n’est pas à la récupération ou au marketing politique. Toutes nos intelligences et nos efforts doivent converger vers des contributions positives à l’endroit de nos Autorités de transition dans le seul but de leur donner plus d’assurance à aller dans une même et bonne direction, celle qui va conduire notre pays à se relever dignement, à se retrouver sur la voie du Grand Mali, fier de son passé, confiant en son avenir et prêt à jouer sa partition dans le concert des Nations démocratiques et transparentes. La grande mobilisation de la communauté internationale vis-à-vis de notre pays ne peut déboucher sur la reconstitution d’un Mali à hauteur d’attente de la grande majorité des Maliens que si à l’interne, les Maliens acceptent de se retrouver sur une base saine.
L’heure n’est pas aux revendications intempestives et démesurées, chacun étant en mène de comprendre que le pays traverse une mauvaise passe dans tous les domaines et que les priorités du moment s’imposent à tous.
Sans prétendre à une exhaustivité de toutes les questions sur lesquelles les Maliens doivent s’accorder et permettre à notre transition de s’achever sur des notes très reluisantes pour l’ensemble du Peuple Malien, nous souhaitons qu’au niveau de nos consciences de Maliens, que toutes les questions importantes qui peuvent intégrer la Trêve Républicaine que nous appelons de tous nos vœux soient apportées.
A partir du 22 Mars 2012, les consciences des maliens se sont éveillées sur différents aspects de leur vie. Pour l’heure, il s’agit qu’une véritable prise de conscience puisse naître et se consolider vis-à-vis de l’ensemble des objectifs de la transition qu’il est souhaitable d’atteindre à la satisfaction générale.
Pour aller facilement vers cette trêve, nous devons garder à l’esprit quelques défis majeurs que nous nous devons de relever ensemble :
Plus des 2/3 de notre territoire sont occupés par des gens sans foi ni loi et qui font subir à nos concitoyens qui y résident encore tous les affres de la vie ;
Plus de 500 000 de nos concitoyens sont errants hors de leurs terroirs dans des conditions qui ne sont souhaitables pour personne et ceux malgré les gros efforts consentis à leurs lieux d’accueil ;
L’économie du pays tourne au ralenti pour le malheur de la grande majorité des maliens et ce, malgré les efforts en cours de développement par nos organes de transition ;
Nos forces de défense et de sécurité doivent recouvrer la plénitude de leurs moyens physiques et moraux pour le bénéfice de tous ;
La communauté internationale a besoin d’un climat apaisé au niveau de toutes les forces vives de la Nation pour que ses appuis puissent accompagner efficacement nos propres efforts. C’est dans un tel climat solidaire que notre intégrité territoriale peut être conquise et sauvegardée dans l’honneur et la dignité.
Vive le Mali Un et Indivisible qui, par un sursaut national et patriotique retrouvé, s’élancera vers une nouvelle dynamique sociopolitique de nature à lui imprimer une nouvelle dynamique de développement homogène et durable.
Bou TRAORE,
Ingénieur des Constructions civiles à la retraite.