Conseillère principale d’éducation au Lycée d’Excellence International de l’Est Parisien (LIEP), membre fondatrice de Collectif Unité, sécurité et paix au Mali (USPM) et actrice engagée au cœur de multiples initiatives au sein de la diaspora malienne, Mme Aminata Konaté-Bouné a pris la plume pour nous donner sa vision de la transition dans cette tribune.
Ma transition doit être une transition d’espérance animée par l’action, la pédagogie et la communication. D’espérance, parce que le Mali a besoin d’espoir pour emprunter le chemin de la reconstruction vers une réelle émergence. Mais, il s’agit, avant tout, d’une reconstruction des peuples pour redevenir une nation encore plus belle et plus forte qu’elle ne le fut jadis. Ce sont les Hommes qui, par leurs actes, ambitionnent et créent les nations fortes et respectées. Aussi noble soit ce vœu, il ne se décrète pas. Il se base sur des personnes vertueuses, éprises de justice et de paix, de volonté d’action sur leur quotidien et celui de leurs concitoyens.
La déontologie, l’exemplarité et le souci de l’autre sont des valeurs que nos «élites» ont trop longtemps bafouées. Un grand humaniste nous rappelait pourtant que : «Le contraire de la misère ce n’est pas la richesse. Le contraire de la misère, c’est le partage». Le partage, la solidarité… Ces valeurs si africaines, si maliennes mais qui semblent s’effriter au fil du temps…..
Alors durant ma transition, le gouvernement renoue avec sa base en ayant à l’esprit qu’il n’est là que pour servir les intérêts de cette base dans le respect de l’intérêt général et des droits humains. Que le pouvoir qui lui est confié n’est que temporaire et que pour garantir la cohésion tant recherchée, il se doit d’insuffler des institutions fortes. A commencer par une justice indépendante, en gardant à l’esprit que quiconque est justiciable et que le fragile équilibre de cette nation en dépend.
Que le temps des faiseurs de rois à la solde de gouvernants corrompus et uniquement motivés par l’intérêt personnel est et doit être révolu ! Dans ma transition, les Maliens de l’intérieur et de l’extérieur accompagnent le processus en étant les garants de sa bonne marche. Ils ne la condamnent pas par esprit sectaire et doctrinaire ; ils la jugent sur ses actes et impulsent les changements nécessaires en son sein. En étant des acteurs et des soldats du changement afin de lui donner ses chances de réussite ; à commencer par le respect des lois.
Dans ma transition le peuple est conscient du pouvoir qu’est le sien, mais également des devoirs qui lui incombent ; il n’y a pas de corruption sans personnes corruptibles. La liberté a un prix qu’il faut accepter de payer pour en jouir pleinement. «On ne peut choisir de se baigner sans se mouiller», dit un adage.
Et, enfin, dans ma transition, l’Etat, garant de l’intérêt général, investit dans sa jeunesse en lui procurant les besoins de base nécessaire à sa construction personnelle. Afin que l’immense atout que représente notre démographie (47 % des Maliens ont moins de 15 ans), nous devons plus continuer à transformer les océans en cimetières, sur fond de désespoir, de rancœur et de frustrations. Cette transition est celle souhaitée par une mère pour ses enfants, une sœur pour ces frères et sœurs, une épouse pour son alter ego et, avant tout, d’une femme investie pour le bien-être de son peuple.
Aminata Konaté-Bouné
Chevalier de l’Ordre national du Mali