Songho, Mondoro, Bassikounou, Fassala, Tamalate, Andéraboukane, ces noms résonnent encore de chants funéraires et exsudent la douleur et l’incompréhension des familles. Ces noms effraient également par le nombre des victimes. Ces noms soulèvent le cœur quant aux conditions dans lesquelles ces pauvres gens ont trouvé la mort. Ces noms paralysent d’effroi lorsque l’on entend les soupçons insistants portés sur l’identité de ceux qu’il faut bien appeler des assassins. En attendant la fin des enquêtes pour identifier les responsables des différents massacres les organisations des droits de l’homme et tous les adeptes du droit et de la justice s’interrogent tout comme les familles des victimes .
Aujourd’hui, nous sommes partagés entre la compassion, pour toutes ces victimes et pour leurs familles, entre la reconnaissance, pour une partie de nos soldats, qui combattent au front nos vrais ennemis, entre la honte – si cela est avéré – que notre pays ait décidé que la fin justifiait tous les moyens et donc justifiait tous les méfaits qu’on lui reproche et la colère ; une colère sourde devant un pays que nous ne reconnaissons plus, que nous ne connaissons plus et que nous voyons chaque jour un peu plus s’enfoncer.
Nous ne voulons plus de ces bilans mortuaires trafiqués dans lesquels nos pertes sont systématiquement minimisées et celles infligées à nos ennemis grossis. Nous ne voulons plus que des villes maliennes passent sous le contrôle des bandes terroristes sans que notre armée les défendent. Nous ne voulons plus qu’il y ait plus de colonels à Bamako dans les méandres de l’administration que sur le front.
En août 2020, les Maliens ont soutenu la transition inconstitutionnelle et étaient prêts à de grands sacrifices dès lors que le nouvel exécutif atteindrait deux objectifs : ramener la sécurité, dans notre pays, et relancer l’économie pour donner un espoir à notre jeunesse. Aujourd’hui, le débat sur l’avenir du Mali se résume à la durée supplémentaire qui sera accordée à la transition.
Réveillons-nous, Bamako n’est pas le Mali et le Mali souffre.
Nous avons chassé ou obligé au départ nos plus fidèles partenaires militaires. Il est d’ailleurs sûr que les drames de Tamalate et Andéraboukane ne seraient pas survenus s’ils étaient encore là.
Nous avons écœuré nos principaux bailleurs de fond, nous nous sommes alliés avec un pays qui est au ban de la communauté internationale. Et aucun progrès du projet de la transition ne semble en voie d’être atteint tandis que c’est au moins 320 000 de nos compatriotes qui ont dû fuir leur foyer pour échapper aux tourments de la violence.
Il est temps d’aller vers la paix et la vérité. Il est temps de faire passer l’avenir du Mali avant toute considération personnelle.
Il est temps, et même grand temps, pour bâtir un avenir plus radieux pour nos enfants, aujourd’hui en proie au doute, de passer à une économie de production. Celle qui nous permet de disposer, selon nos besoins et nos ambitions, ce que nous produisons et que nous consommons, à travers une économie à circuit court.
Il est temps de passer plus rapidement et plus durablement à un développement humain plus ancré, par lequel nous assurons, à tous nos compatriotes, des services universels plus adaptés.
C’est en tout cas, par-là, le seul moyen, par lequel nous garantirons la promotion démocratique, dans notre pays ; gage d’un meilleur épanouissement humain pour le futur de notre pays.
Correspondance particulière