L’Autorité pour la Promotion de la Recherche Pétrolière au Mali (AUREP) a été créée en 2004 par l’Ordonnance N°04-033/P-RM du 23 Septembre 2004, ratifiée par la Loi N°05-023 du 30 Mai 2005 en lui conférant le statut de service rattaché au Secrétariat Général du Ministère chargé des Mines.
Les activités de l’AUREP portent essentiellement sur le suivi du programme des travaux des sociétés, de leurs engagements contractuels financiers, la promotion des bassins sédimentaires et la formation du personnel de l’Administration dans le domaine de l’industrie pétrolière.
Avec un effectif de 22 agents au départ, l’Aurep, après la relecture en 2009 des textes relatifs aux modalités d’organisation et de fonctionnement ainsi qu’au cadre organique en vigueur est passée à 48 agents sur un effectif total de 57 travailleurs. C’est dire qu’une dizaine de postes reste toujours à pourvoir. Pourquoi alors supprimer des emplois déjà existants ?
Parmi ces travailleurs, une bonne trentaine est formée de contractuels. En effet, ce sont des jeunes ingénieurs géologues, géophysiciens, des économistes pétroliers, des juristes formés pour la plus part d’entre eux à l’extérieur du pays.
Jusqu’aux événements du mois de mars 2012, la structure marchait sur fonds propres. Les sociétés pétrolières en phase de recherche devaient payer à l’aurep un fonds de formation et de promotion par an et par bloc pétrolier qui s’élevait à des centaines de millions de franc cfa. Cette manne financière a servi, pendant toutes ces années, aux paiements des charges salariales des contractuels recrutés, les primes des fonctionnaires, à la formation des jeunes recrues, aux paiements des biens meubles et matériels roulants, des matériels de bureau, des équipements pour la banque des données sans oublier plus du milliard versé à la Direction des Domaines de l’Etat au titre des taxes superficiaires dues par les Sociétés pétrolières etc……
NB : A sa création en 2004, l’Aurep n’a jamais eu de budget de fonctionnement de la part de l’Etat et les seules subventions publiques se limitent aux charges liées aux factures eau, électricité et téléphone.
Il est aussi intéressant de signaler et cela reste totalement vérifiable que la structure a toujours été la vache laitière du Département des Mines en particulier et du pays en général. Pour preuve, toutes les missions des différents cabinets ministériels des mines ont été financées sur fonds aurep. Des séries de formation à la DNGM, au PDRM, à la DFM, à la CPS, les directions des douanes, des impôts, du trésor, la présidence etc… ont été payées par l’Aurep.
Cependant avec la crise socio politico sécuritaire que traverse le Pays, les investisseurs sont tous rentrés et avec eux les sociétés pétrolières. Quel est ce secteur de l’Etat qui n’en a pas souffert ? Deux ans après commencèrent les véritables déboires de ce secteur hautement stratégique pour notre pays. En effet, les fonds propres s’usaient et plus de nouvelles rentrées.
Face aux difficultés liées aux paiements des charges salariales, les Ministres TOURE et SY de la Transition décidèrent de les payer sur le fonds pour le financement de la recherche, la promotion et la formation crée en 2012. A la surprise générale, une fois aux affaires le Ministre Cissé à travers un arrêté, a totalement décidé de surseoir à cette alternative et a décidé sur conseil de Mme la Ministre Fily SISSOKO de licencier les 28 mères et pères de famille et de les remplacer par des fonctionnaires de l’Etat. Qu’en est il donc de la création des centaines de milliers d’emplois pour les jeunes prônés par les plus Hautes Autorités de ce pays ? Faut il laisser ce secteur aussi stratégique et hautement géopolitique mourir par la volonté du Ministre Boubou CISSE sur conseil de son Secrétaire Général, son Chef de Cabinet et son Directeur des Finances et du Matériel ? Quel énorme gâchis pour notre pays que de voir dans la rue ces jeunes cadres bien formés depuis une décennie et qui ont assurément appris le vrai langage du pétrole ? Au même moment des centaines de structures étatiques ayant souffert de la crise ont été épaulées. Pourquoi abandonner une telle boite au moment où elle a besoin d’être solidement assistée ? Il y a t-il un dessein politique derrière cette manœuvre ? Les jours voir les mois à venir nous édifieront tout aisément.
Nous décrions avec la dernière énergie le manque de dialogue et de concertation sur la question.
Tenez vous bien! La seule fois que nous avons été officiellement consultés, c’était pour se prononcer sur la proposition de diviser nos salaires par deux et nous licencier quatre 04 mois après. Dans quelle République sommes-nous après tout ?
Voilà un programme de licenciement minutieusement concocté et mis en route par le Ministre Boubou et son cabinet à l’endroit de vingt huit (28) cadres valables et dévoués et cela au vu et au su de tout le monde malgré les conclusions d’un Protocole d’accord signé entre le Ministère des Mines, la Direction Nationale du Travail (DNT), le Conseil National du Patronat Malien (CNPM) et la Section Nationale des Mines et de l’Energie (SECNAMI). Ledit protocole engage toutes les parties citées à surseoir à tout licenciement dans le secteur des mines et de la recherche pétrolière, de l’administration minière et pétrolière avant l’ouverture de négociations internes pour discuter et convenir des mesures d’accompagnement. Et pire, depuis le 06 avril, date officielle de la notification dudit licenciement nous attendons le paiement de nos droits.
Faites aujourd’hui un tour à l’AUREP, c’est la désolation, la débandade du fait du Ministre Boubou. Tout le travail en amont, tout le travail de fourmi était exécuté par les cadres contractuels depuis 10 ans. Même officiellement licenciés la direction se trouve constamment dans l’obligation de solliciter leur aide pour tel ou tel dossier.
Depuis son arrivée aux affaires le Secteur de la recherche pétrolière meurt à petit feu.
Quel acte positif le Ministre a-t-il posé à l’endroit de l’Aurep ? A-t-il amené, négocié et signé une seule convention pour booster le secteur de la recherche pétrolière? Au lieu de tout cela, on décide de tuer ce secteur et de croiser innocemment les doigts. Pauvre Mali !
Dans une prochaine parution nous parlerons des licenciements au niveau du Programme de Développement des Ressources Minérales (PDRM) et de six 06 autres agents fonctionnaires ? Contractuels? de l’Aurep.
Cheick Tidiane Fofana, Juriste, Secrétaire Général du Comité SECNAMI de l’Aurep.