Battre monnaie, voilà un attribut de souveraineté que maints seigneurs du Moyen Age tenaient à conquérir et à conserver, ne serait-ce que pour une question de prestige.
La monnaie est un instrument de souveraineté. L’homme qui en possède se sent fort, l’État qui en accumule abondamment se croit et est généralement puissant.
Sans être mercantiliste, sans viser au prestige personnel, les Chefs d’État révolutionnaires ont toujours commencé par des réformes monétaires la construction nationale : l’Allemagne en 1948, la Chine en 1949 et l’Union Soviétique après la guerre.
Il n’y a point de développement économique sain sans une situation monétaire saine.
Une monnaie dépendant elle-même d’une autre monnaie-pilote ne peut, comme nous tenterons de le montrer, que difficilement soutenir une politique de réelle souveraineté nationale.
Le franc CFA est une “monnaie satellite” gravitant autour du franc métropolitain. Pour bien saisir la dépendance étroite de notre unité monétaire, il suffit de faire un retour en arrière sur les conditions de sa création pour ensuite suivre son évolution fatalement liée aux multiples péripéties du franc métropolitain. Le franc CFA original (Colonies Françaises d’Afrique, nom d’ailleurs significatif) est un rejeton de la seconde guerre mondiale. Pendant la guerre une véritable rupture a imprimé aux territoires d’outre-mer une évolution divergente de celle de la métropole.
En fin 1944, l’inflation est généralisée dans les colonies et les courants commerciaux par la force des choses, détournés de la métropole. C’est pourquoi dès le lendemain de la libération il fut procédé à une extension à la France du taux de change pratiqué dans les colonies: 200 Francs pour la livre, 49,625 pour le dollar. Le contact de la hausse des prix métropolitains engendre l”inflation dans le bloc africain tropical et en Afrique du Nord. Cette situation est aggravée par le fait que les colonies n’étaient plus libres d’utiliser leurs ressources en devises à la couverture exclusive de leurs propres besoins d’importation. Ainsi donc commença un processus de hausse des prix au contact de la métropole. C’est semble-t-il pour parer à cette situation que lors de la dévaluation du franc en décembre 1945 furent créées les monnaies coloniales dont la parité par rapport aux monnaies étrangères était différente de celle du franc.
Tandis que le franc CFP (Colonies Française du Pacifique) voyait sa parité par rapport au dollar
maintenue à cause de l’influence américaine dans cette zone stratégique, le franc CFA subit une dévaluation égale à 50% de celle du franc métropolitain et passa à 1,70 (cours par rapport au dollar :70,06). Cette réforme qui prétendait laisser aux territoires le bénéfice des efforts fait pendant la guerre pour s’intégrer au marché mondial et mettre ainsi fin au pacte colonial en matière monétaire selon une décoration officielle, a selon une déclaration officielle été un fiasco quant au but ainsi visé.
Dans la pratique, la dévaluation du franc métropolitain en janvier 1945 a entraîné une dévaluation parallèle du franc CFA. (à la seule différence que les devises cotées au marché libre étaient cédées aux Territoires d’Outre-Mer (T.O.M.) sur la base du cours officiel du dollar l et non à son cours moyen). Les colonialistes de la zone CFA protestent alors vivement et relative satisfaction leur fut donnée par un décrochage du franc CFA. lors de la dévaluation du franc métropolitain le 7 octobre 1948,. Mais cette reculade même du gouvernement va entraîner une conséquence psychologique néfaste pour nos pays, les capitalistes ne sachant plus dans quelles conditions le franc C.F.A. suivra ou ne suivra pas le franc pilote.
Le franc CFA a entraîné une rupture de la cohésion monétaire de 1’Union française, mais ça ce sont des mots. Les profiteurs étaient les mêmes. L’autonomie monétaire était loin d’être réalisée. Un produit passant de 100 à 200 Francs métropolitains, son prix C.F.A. passait nécessairement de 59 à 118. Ce fut donc une véritable supercherie de croire que la création de francs coloniaux atteindrait des résultats qu’ils ne pourraient pas procurer. La hausse des prix dans nos pays à suivi la hausse des prix en en France consécutive elle-même aux multiples guerres coloniales menées par ce pays.
Nous devrions souligner qu’en 1957, nos pays effectuaient en moyenne 60% de leurs échanges commerciaux avec la France. Il est à noter aussi que nos importations (achats à l’extérieur) étaient supérieures à nos exportations (ventes à l’extérieur), nous possédons par conséquent un rapport des termes de l’échange ( terms of trade) défavorable à l’exception du Togo.Déficitaires vis-à-vis de la France, notre balance commerciale (exportations moins importations) l’est également mais dans une moindre mesure dans nos relations d’ailleurs fort réduites avec les pays tiers.
Presque tous les pays sous-développés ont une balance des paiements déficitaire. La Guinée (Conakry) a atteint l’équilibre de sa balance des paiements grâce à des opérations en capital (exécution des travaux d’installation et de fonctionnement de Fria) et aussi à des opérations commerciales assez avantageuses avec des pays tiers (Canada, USA, pays de l’Est).
Le déficit permanent de nos balances de paiements que des économistes comme Erhard Moussa et même le Professeur Le duc considèrent comme une charge pesant sur la France sont indéniables. Mais, il reste à expliquer leur état chronique. A la faveur d’un tel équilibre, la République de Guinée vient d’effectuer une réforme monétaire capitale pour l’économie du pays et qui a pris effet le 1er mars 1960.
A part la Guinée, tous les autres Etats d’Afrique Noire connaissent un déficit intérieur profond. Par ailleurs, le Gabon et la Côte d’Ivoire connaissent un excédent dont le bénéfice est loin d’aller aux masses africaines.
Parmi les pays qui contient un déficit permanent de leur balance des paiements, le Soudan français (Mali) figure naturellement. Les chiffres concernant notre pays sont extrêmement
bas. Nous participons très peu au commerce extérieur, au niveau des statistiques, nos importations et exportations étant enregistrées le plus souvent aux livres douaniers de Dakar si ce n’est pas de Conakry ou d’Abidjan.
La Tunisie et le Maroc, pays indépendants depuis 1955 accusent, le premier un léger excédent
le second un assez considérable déficit de sa balance des paiements avec les pays tiers
Bien sur, en conclure que leur appartenance à la zone franc est cause de leur retard, serait un peu simpliste. I demeure cependant indéniable selon l’expression de M. Bernard Lavergne, Professeur honoraire à la faculté de droit de Paris, que la Tunisie et Ie Maroc en demeurant dans la zone franc, tout en jouissant du droit de s’administrer et de se gouverner eux-mêmes, ne formaient qu’un seul et même territoire avec la France. Seules existaient dans ces pays la monnaie française. La réglementation de change et la nécessité de recourir à
des autorités françaises pour avoir droit soit d’importer soit d’exporter. L’émission de la monnaie dans ces pays sera en principe réglée par les seules autorités françaises. De plus, le franc tunisien (comme le franc marocain ou toute unité de la zone franc) devait rester invariablement la parité du franc français étant entendu que tous transferts de
capitaux demeurent libres et illimités entre la Tunisie et la France.
Ainsi personne n’avait le droit d’exporter de Tunisie ou d’y importer: un produit sans y avoir été
autorisé par la France, les devises qui résultent des exportations tunisiennes étaient Iapropri été de l’Office des Changes Français qui avait une délégation à Tunis. Par contre, cet Office donnait dans la mesure où il le voulait des devises aux Tunisiens désireux d’importer des produits étrangers à la Zone Franc.
Il y a là selon Monsieur Bernard Lavergne des stipulations incompatibles avec la souveraineté
d’un pays. Ainsi donc nous voyons que l’existence de Ià Zone Franc entraîne des fluctuations de prix intérieures consécutives à la parité et à la libre convertibilité à l’intérieur de la Zone Franc et d’autre part qu’elle freine toute initiative des pays à monnaie satellite dans le domaine des relations économiques internationales.
Au moment ou certains Etats de la communauté notamment la Fédération du Mali ( Sénégal et Soudan français) vient d’accéder à la souveraineté internationale après transferts à eux des compétences monétaires et de politique économique et financière, il me parait primordial que
nos dirigeants comprennent la nécessité fondamentale pour un pays souverain ou qui se veut tel d’être maître de sa monnaie.
Certains dirigeants: Maliens interrogés sur la réforme monétaire guinéenne ont déclaré que le fait de leur option politique en faveur de l’unité est la seule raison pour laquelle ils ont refusé de frapper une monnaie malienne. Ils ajoutent qu’en attendant l’unité politique ils entendent maintenir l’unité économique, seule forme d’union qui reste en Afrique Occidentale Francaise
(AOF). L’Unité est un souci noble mais elle à quelle condition? Notre préférence, à nous Etudiants, va à l’unité (surtout économique) progressive et non une unité qu,i régressive, par essence, aliénera tout ce que nous croyons détenir comme attribut de souveraineté nationale.
Tant que l’Afrique indépendante et unie n’aura pas avec sa monnaie propre organisé son marché intérieur en même temps qu’elle ne développera son
commerce extérieur avec tous les pays du monde sans exclusive aucune, elle continuera à vivre en satellite pour le grand profit des impérialistes.
Paris, mars 1960,
Oumar MAKALOU.
Ancien Élève de l’École Nationale des Impôts de Paris
Direction Générale des Impôts
Ministère des Affaires Économiques et Financières de France
Oumar MAKALOU…(.formé en France)
Il est écrit :”La Guinée (Conakry) a atteint l’équilibre de sa balance des paiements grâce à des opérations en capital (exécution des travaux d’installation et de fonctionnement de Fria)”
En 1958 la Guinée a pris son indépendance…Mais étonnant un groupe Français PECHINEY est intervenu
à la fin des années 50 ” L’usine Friguia, conçue par le groupe industriel français Pechiney à la fin des années 50 et inactive depuis une grève en avril 2012. Photo ..Cette usine la première du continent a produit de l’alumine..
Je vous laisse découvrir ce qu’était FRIGUIA :https://www.liberation.fr/planete/2018/04/25/guinee-a-fria-l-alu-a-de-nouveau-bonne-mine_1645878
Donc la Guinée qui est la figure de proue de l’indépendance , produisait grâce à une entreprise française 480 000 tonnes d’alumine procurant à ce pays des devises !!!!
On sait ce que SEKOU TOURE a fait en Guinée à la fin de son règne , emprisonnement , tueries etc..
Je crois que restituer l’histoire pour moi c’est sortir ce qui peut nous permettre de vivre dans la bonne entente avec les autres ..
Si l’Afrique fait la ZLEC , il faudra que les pays s’entendent ..Puis que le continent commerce avec le monde entier…pour nous enrichir
C’est acté maintenant il faut la faire cette monnaie commune , et surtout il faudra la bien gérer ..Laissons nos économistes travailler et nos présidents décider..Tous ces gens sont malgré ce l’on dit sont indépendants d’influences extérieures
Tout va très bien madame la MARQUI$€ ?
Vous et vos FOLI€$ B€RG€R€UROPÉ€NN€$, il faut arreter avec votre FR€N¢H KANKAN
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