La modernisation des daaras est devenue une nécessité absolue et urgente, et tous ces drames inacceptables nous y obligent.

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Mandiaye Gaye - recrudescence - report
Mr. Mandiaye Gaye

Il y a, en ce moment au Sénégal, un amalgame pernicieux et une confusion dangereuse sur les daaras et maitres coraniques, qui sont entretenus pour brouiller pour les cartes. En effet, une campagne de dénigrement  contre la modernisation des daaras avec des accusations fallacieuses de soi-disant visées contre l’islam au Sénégal ,sont entreprises par certains milieux prêcheurs, arabisants et maraboutiques avec l’aide des médias. Il faut être vraiment un fou aliéné, pour agiter une pareille idée aussi saugrenue, au Sénégal. Voilà pourquoi, nous ne devons pas tourner autour du pot avec certains maîtres coraniques, qui ne le sont que de nom.

La vérité, c’est qu’avec la modernisation des daaras,  tous ceux, qui vivaient de l’exploitation éhontée et de la maltraitance des talibés, verront bientôt leurs sources taries. Au fond,  c’est la panique que cette nouvelle de la modernisation des daaras a semée, telle une tempête  au sein de certains d’entre eux, dans leur actuelle forme obsolète et dégradante. Voilà en réalité, ce qui les pousse à mener  une campagne malveillante et de véhiculer de telles balivernes infondées. Il est tout évident que, les célèbres  daaras , implantés depuis belle lurette dans le pays chez les grandes familles et les foyers religieux, qui traitent humainement et enseignent correctement le Coran, comme en témoigne les grands érudits sortis de ces écoles, ne se font aucune inquiétude, bien au contraire, ils recevront plus de ressources pour entretenir davantage leurs établissements et élèves.

La prolifération de ces fameux daaras, justement mise au ban et très décriés, à cause du traitement inhumain inacceptable qu’ils infligent aux innocents enfants, est favorisée surtout par un fanatisme déplorable  des parents dû à l’ignorance de ces derniers des véritables préceptes de l’islam et de l’enseignement du Coran. Mais aussi, de l’hypocrisie de certains milieux,  qui se cache derrière cette contestation pour des intérêts cupides inavoués et le maintien à tout prix de tels « daaras », qui  sont plutôt  de véritables nids d’exploitation d’enfants pour ne pas dire d’esclavagisme, à des fins strictement personnelles, sous le couvert de la religion musulmane. Comme disait l’autre : « ignorance est  mère de tous les maux. En fait, en des convertis  en islam–« ay tuben », certains, si crédules, sont prompts à gober tout ce que de prétendus marabouts ou initiés, leur rapportent en islam. Ce qu’ils prennent  aussitôt d’ailleurs et malheureusement pour de l’argent comptant, sans aucune vérification préalable. Je pense que le Sénégal est le pays qui compte le plus de prêcheurs en islam, mais aussi, parmi lesquels, on compte de nombreux fantaisistes, dont les déclarations ne sont souvent étayées par aucune référence fiable  par rapport au Saint  Coran et aux Hadits du Prophète (PSL).

Voilà pourquoi, ici au Sénégal,  de simples alphabétisés, ou plus exactement, quelques-uns qui, à peine savent-ils lire et écrire le coran, osent s’installer dans les quartiers ou se présenter comme des maîtres coraniques ambulants en quête de talibés. Il arrive même parfois, que certains parents les prennent pour des « saints », s’ils se déguisent  et se comportent comme tels, dans leur accoutrement.  Certains d’ailleurs, ne cherchent même pas à tester leurs connaissances coraniques par des érudits ou de vrais connaisseurs en enseignement coranique, afin qu’ils distinguent la bonne graine de l’ivraie.  Certains parents, avec le désir excessif de faire apprendre le Coran à leurs enfants à tout prix, deviennent des proies faciles, donc, des victimes  innocentes face à de tels faux dévots,  à qui ils confient leurs progénitures sans aucune précaution d’usage, à savoir : qui sont-ils ? Certains parents d’ailleurs, au moment de remettre leur enfant au « maître », vont jusqu’à y ajouter cette formule tragique et irresponsable : « je ne vous demande en retour, que ses os ». Tel un sacrifice !

Sans y prêter attention, il faut remarquer que parmi ces prétendus maîtres coraniques, beaucoup d’entre eux, n’ont fait que terminer l’apprentissage du Coran, donc, ils sont sans profession  ni aucune autre qualification. Ils peinent ainsi à trouver du travail rémunéré et dès lors, Ils  se convertissent alors tout bonnement en des « maitres coraniques » et s’installent quelque part dans un quartier. Et, sans que personne ne puisse répondre d’eux en quoi  que ce soit,  Ils commencent aussitôt à exercer le métier d’enseignant ex nihilo, sans aucune vérification préalable de qui que ce soit. Ce qui est évidemment très dangereux et au total irresponsable, de la part des parents d’abord et de l’Etat ensuite d’avoir confié des enfants de bas âge, à des inconnus à tout point de vu.

Prenons l’exemple de l’école conventionnelle de la République et même du privé catholique ou laïc chez nous. Dans le cadre de leur fonctionnement, la première des choses à faire avant d’embaucher un enseignant, consiste d’abord  à évaluer ses capacités intellectuelles, morales, pédagogiques, etc., avant de lui confier une classe. En principe et généralement aussi, on ne peut et ne doit pas confier une classe, surtout celle d’initiation, à un enseignant débutant. Est-il raisonnable et concevable un seul instant, de  confier à un élève du CE2, sachant à peine lire et écrire,  une classe de CI en français, en  arabe, en anglais….. ? Bien sûr que non ! Dans le cas d’espèce, c’est à peu près pareil avec certains maitres coraniques.

L’épineux problème des Daaras, tels que ces derniers se présentent,  est une question très sérieuse, dont l’Etat doit bien se préoccuper. Leur foisonnement dans le pays et fonctionnement  archaïque, avec tous ces drames  et scandales gravissimes notés à leur suite, et dont ils font toujours les auteurs, nécessite parfaitement, l’intervention urgente de  l’Etat,  pour y apporter des corrections structurelles, dans le sens de leur modernisation. Et, non seulement cela, mais aussi pour la protection des  enfants qui les fréquentent,  très souvent des victimes et  contre leur maltraitance inhumaine faite par ces soi-disant maîtres coraniques.  L’Etat doit aussi  interdire formellement la mendicité des enfants, toujours sous le couvert de leurs maitres exploiteurs. Cette mendicité, que l’on a tant décriée, demeure cependant  jusque-là et  la mesure n’est toujours pas appliquée avec fermeté.  Il est temps que l’Etat prenne ses responsabilités, pour faire face avec toute la rigueur requise, aux brebis galeuses qui transforment en mendiants, maltraitent, violent et tuent lâchement nos enfants.

Il est inadmissible que l’Etat capitule devant le chantage de ces prétendus maîtres coraniques, mus uniquement par  leurs intérêts cupides,  alors que la vie de milliers de talibés est en danger, si l’on ne réformait et ne modernisait pas  ces fameux daaras, plus esclavagistes que destinés à l’enseignement coranique, au strict sens musulman. Cette méthode  d’enseigner le Coran n’est pratiquée dans aucun pays arabe musulman et pourtant les résultats ne souffrent pas de succès.

Il existe bel et bien des daaras et écoles coraniques exemplaires[1] à tous points de vue,  dans le pays, à qui, il n’est absolument rien  reproché. Par conséquent, halte aux amalgames ! C’est comme si  les nombreuses récriminations s’adressaient à tous les daaras et maitres coraniques sans exception, ce qui est faux. Mais, osons et ayons le courage de le dire haut et fort.  Il existe bel et bien en leur sein, des brebis galeuses très dangereuses, dont leur  souci principal, c’est uniquement d’amasser le plus de l’argent à travers la mendicité et non d’inculquer le Coran à nos enfants. Une mendicité à laquelle, leurs talibés sont soumis au quotidien et  tous les jours. Ce qui ne leur laisse ainsi aucun temps pour apprendre le Coran. D’ailleurs, on note malheureusement,  qu’au terme de plusieurs années d’apprentissage, certains talibés sont incapables de réciter, même quelques versets du Coran.  Et plus grave, certains talibés ne prient même pas à l’heure des prières, surtout  celle du vendredi. Plutôt, ils attendent la fin de la prière pour demander la charité. D’ailleurs, tout cela ne devrait étonner personne car, au vu de la photo illustrative de ce groupe de talibés, il est bien visible, que ces derniers n’ont avec eux, que leurs pots pour mendier, en lieu et place de leurs ardoises pour apprendre le Coran. C’est un signe évident qui illustre leur état dans les daaras. Nous pensons bien, qu’il est nécessaire de mettre en garde et d’avertir  tous ces crédules fanatiques, de ne pas confondre les maitres coraniques avec le coran, ou les considérer comme des « saints », ce qui est naturellement et absolument faux, inexact et même blasphématoire.

Comme l’a si bien dit quelqu’un, certains maîtres chanteurs,  dits « coraniques » prennent effectivement en otage les Sénégalais avec une complicité inconsciente de certains parents, mais consciente et sciemment voulue et intéressée d’autre part, par de soi-disant marabouts. Ils veulent en fait, former un corps à part, d’exploiteurs de talibés dans notre pays, sans être inquiété le moins du monde. Ce sont justement eux, qui font des accusations abracadabrantes et un mauvais procès à tous ceux qui militent pour la modernisation des daaras, la formation  d’enseignants coraniques qualifiés, au sens pédagogique et intellectuel du terme, et  la protection des enfants  contre tous ces maux soulignés plus haut. Mais aussi, pour le contrôle strict avec salaire décent des enseignants sélectionnés et soumis strictement au respect  des lois et règlements, donc sans impunité comme c’est le cas maintenant, en nous référant aux talibés victimes du daara de la médina et récemment le talibé qui a été égorgé par son maitre.

Dans un Etat de droit organisé, la justice est équitable et tout le monde est mis au même pied, malheureusement tel n’est pas le chez nous aujourd’hui.

 

Mandiaye Gaye

Gaye_mandiaye@hotmail.com

[1] Le daara de Coki, le daara de Fass Touré, daara de Mariama Niasse, etc…..

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