La mauvaise gouvernance locale au Mali : Kati, la vitrine hideuse d’un mal qui perdure

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Depuis quelques années, la mauvaise gouvernance locale au Mali est devenue un mal qui perdure tel un cancer rongeant et annihilant toute projection des communes vers le développement et la réalisation des aspirations des populations à vivre une vie meilleure. Dans de nombreuses communes du pays, une classe d’hommes politiques sans vision, dont la seule ambition est de s’enrichir, gère le patrimoine communal dans un système mafieux défiant toutes les règles administratives, financières et la morale humaine.

À Kati, cette classe d’hommes politiques est incarnée par le Maire de la commune (en place depuis 2016) et sa clientèle qui opèrent dans une opacité et une impunité totale avec des complicités insoupçonnées au niveau de l’administration. La gestion mafieuse du patrimoine de Kati se caractérise par des maux abominables tels que la corruption (sous le prétexte du social), l’achat de conscience, le détournement du denier public, l’enrichissement illicite, l’incompétence, le faux et l’usage de faux, etc.

Le Maire de Kati et sa clientèle écument les espaces publiques, les recettes des marchés de la ville, les terres des quartiers et zones périphériques (Sébéninkoro, N’Toubana, Sirakoro Niaré, Hèrèmakono, Malaisie, Sananfara, etc.), faisant du foncier un problème récurrent qui terni sérieusement l’image de la ville- garnison sensée être la vitrine du Mali.

De 2017 à 2022, les finances de la mairie ont été délestées de plusieurs millions, voire des milliards  de francs CFA portant entre autres sur : plus de 1 020 parcelles de terrain attribuées sans quittances enregistrées par les services idoines de la mairie pour un montant total de plus de 130 590 000 FCFA (2017-2021); les droits non perçus relatifs aux transferts de 600 parcelles pour un montant approximatif de 67 500 000 FCFA (2021); les frais afférents aux attributions et transferts de parcelles de terrain pour un montant total de 198 090 000 FCFA. À ce sujet, le 26 novembre 2021, le syndicat des travailleurs de la mairie avait écrit au Maire et à son deuxième adjoint demandant le remboursement de ces sommes.

Au chapitre des faits, incroyables, mais vrais, on relève que pour la première fois dans l’histoire des communes au Mali, le Maire, ses 3 adjoints et deux de ses collaborateurs ont été emprisonnés, suite à une plainte déposée par le premier conseiller.

En effet le Mardi 06 juillet 2021, le Maire Yoro Wologuem, ses adjoints Bouyé Diallo, Badra Aliou Sangaré et Boubacar Traoré sont arrêtés pour des motifs portant sur des spéculations foncières, des malversations financières, d’atteinte au bien public, etc… Mis en liberté provisoire le 10 septembre 2021, les «larrons en foire» ont repris service à la mairie comme si rien ne s’était passé.

Le 30 octobre 2021, l’Association Citoyenne pour le Développement Intégré du Mali (ACDIM dont j’assume la présidence) a adressé une lettre-pétition signée par près de 300 citoyens de Kati, demandant des éclaircissements sur l’emprisonnement et la libération des élus de la ville. Le Maire ne daignera accorder une once de réponse à cette lettre, certainement par ignorance des règles de l’administration, du devoir de l’élu qu’il est ou par mépris pour les citoyens.

Rappelons que près de 5 années durant le premier Conseiller dénonçait les pratiques malsaines du Maire avant de publier un «livre rouge» sur la gestion de ce dernier et demander le remboursement de la ressource affectée à la mairie par l’ANCIT portant sur 50 782 585 FCFA pour la période 2017.

Le 13 Décembre 2021 les politiciens-prédateurs de Kati, parfois antagonistes (le Maire et ses adjoints) se retrouveront au Gouvernorat de Koulikoro pour fumer le calumet de la paix et s’entendre sur le partage du gâteau que représente pour eux le patrimoine de la commune de Kati. Les anomalies intolérables dans la gestion du patrimoine de la commune résident aussi dans les marchés attribués de gré à gré. Le partenaire désigné (membre du même parti politique que le maire) s’est fait pour la circonstance, entrepreneur spécialisé dans tous les domaines : papeterie, bureautique, maçonnerie, vendeur de véhicule, BTP, etc…

Au paravent gestionnaire d’un cyber café, ce dernier est devenu le temps d’un mandat un multimillionnaire et grand mécène de la ville. Parfois recrutés avec de faux diplômes, des collecteurs de taxes dans les marchés de Kati sont en train de faire des réalisations de multimillionnaires au grand dam des Katois. Au même moment, aucun projet en faveur de l’épanouissement de la ville n’est en voie de réalisation. Les stations d’essence (45 dont 3 en chantiers), les bars et débits de boissons (des dizaines), les points de vente de drogues et les kiosques pullulent la ville. Le nombre et les emplacements de ces stations d’essence, bars et autres dépôts d’alcool ne répondent à aucune règlementation en la matière.

L’envahissement du milieu de la jeunesse et de l’école par les stupéfiants ne dérange guère les politiciens de carrière de Kati. S’enrichissant impunément et honteusement du patrimoine de la commune, comme des morts de faim, ces gens se battent pour pérenniser le système mafieux en place en tournant la veste au gré du vent des pouvoirs.

En 2021, railleurs des soutiens de la transition qu’ils qualifiaient de farfelus, les politiciens de carrière à la mairie de Kati sont devenus en 2023, les plus grands défenseurs de cette transition. Le ridicule ne tue pas à la mairie de Kati.

Les différentes prolongations du mandat des élus locaux décidées par le Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation ont été une aubaine pour nos vautours- politiques, désormais sans mandat des électeurs, pour poursuivre allègrement leurs sales besognes au vu et au su de tout le monde.

En 2022, un camion de la Mairie loué à un particulier est tombé en panne sur le chantier de ce dernier, alors que les ordures envahissaient la ville. Une campagne «Kati ville propre» lancée à coup de publicité a été un acte de propagande sans lendemain. Le 1er juin 2023 le Maire a procédé au recrutement d’un agent du nom de Monsieur Ousmane DIARRA par une méthode frauduleuse.

En effet, suivant décision no 2023 /18/M-KTI portant affectation d’Agent du cadre de l’Administration générale à la Mairie de la Commune Urbaine de Kati, ce Monsieur titré comptable gestionnaire de 3ème classe, 3ème échelon est affecté au centre secondaire de l’état civil de Kati Koko en qualité d’agent. Il a pris service le 1er juin 2023 augmentant le nombre des employés de la Mairie de Kati, près de 110 agents.

La décision de mutation no00063/MATD-SG du 03 février 2021 fait muter cet agent de la mairie de Dabia à la mairie de Kati. Cependant le Secrétaire Général de la mairie de Dabia en place depuis neuf (09) ans atteste que ladite mairie n’a jamais compté un employé du nom d’Ousmane Diarra. Dès lors, on se demande qui au Secrétariat Général du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation est de combine avec le Maire de Kati dans ce jeu ?

En 2023, le Maire et deux de ses Conseillers sont allés se promener à Paris durant trois (03) jours au motif d’une formation pour un coût de plus de 10 000 000 de FCFA.

Le 30 mai 2023, dans une campagne d’information, le Maire a invité le public de son choix pour livrer des informations que les esprits avertis ont bien appréciés. Selon ces informations en 2022, la Mairie a dépensé, 15 774 000 FCFA dans le curage de caniveaux d’une longueur de moins de 3 km, 21 523 200 FCFA dans le balayage de rues et 10 000 000 de FCFA pour l’évacuation des ordures. Le montant de la facture des dessins inutiles sur le mur de la mairie n’a pas été révélé.

Aujourd’hui à Kati, les morcellements à but d’affaires au profit du Maire et de quelques conseillers défraient la chronique. Dans la Zone appelée Malaisie deux conseillers de la mairie se sont illustrés par deux opérations de morcellement sans la participation du deuxième conseiller en charge du domaine. Ils ont été avec le Maire les bénéficiaires de ces opérations portant sur des millions de FCFA.

À Kati-Sébéninkoro, la mairie de Kati, la Mairie de Kambila et la Préfecture ont procédé séparément à des morcellements souvent sous le couvert d’une viabilisation dont l’objectif demeure sombre.

À Farada une opération de morcellement a été annulée par le Gouverneur de Koulikoro suite à la vigilance et à la détermination des populations, des jeunes et du chef du quartier. La zone de hérémakono est plus une souricière qu’un quartier digne de ce nom. Les rues barrées, les ruelles s’enchevêtrent tels des sentiers de brousse.

Kati-Sébéninkoro, Hèrèmakono et Farada réunissent les éléments constitutifs du ghetto vers lequel se dirige la ville de Kati du fait d’élus sans vision. Le quartier Sirakoro-Niaré est le dernier théâtre des politiciens-prédateurs de terres aux fins d’enrichissement personnel.

En utilisant des villageois qui ignorent les règles et les intentions des élus-prédateurs, le Maire a procédé au morcellement de près de 104 hectares sur un terrain objet de litige. Ce morcellement a mis à jour près de 2 496 parcelles. Dans cette opération le Maire s’est attribué plus de 400 parcelles de terrain qu’il a distribué selon sa volonté. Les Conseillers ont reçu chacun 2,20 ou quarante (40) parcelles selon le désir du Maire. Une telle opération qui devrait recevoir l’avis du Conseil des Ministres, n’a reçue l’approbation d’aucun service idoine. En matière de magouille, certains élus et employés communaux sont devenus des pourvoyeurs du marché du foncier à Kati.

Le dernier forfait de cette équipe a consisté à organiser une Session spéciale à la veille de la fête de tabaski, qui a durée 2h de temps à l’issue de laquelle chaque Conseiller a reçu une enveloppe de 75.000 FCFA ne répondant à aucune base légale. Les services financiers et la tutelle peuvent-ils laisser passer un tel brigandage ?

En 2021, les élus de Kati qui raillaient le «Mouvement Asso Kati-Ko» pour avoir affiché son soutien à la transition sont devenus les plus grands défenseurs de cette même transition en 2023. Le Mali Koura que le peuple appelle de tous ses vœux ne se réalisera pas avec des hommes politiques de la trempe de ceux qui font carrière à la Mairie de Kati./.

Kati le 24/07/2023

MOUVEMENTASSO- KATI KO

Le Président, Yoro DIALLO- Tél.: 75710344

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2 COMMENTAIRES

  1. Dongo, merci pour le post, nous sommes contre la corruption et le detournement de fonds publics Maliens et chaque Malienne et Malien doit dénoncer tres haut et tres clair des pratiques de ce genre, ne nous taisons pas, aidons-nous nous memes pour nous débarrasser des voleurs et corrompus nationaux! Debout sur les ramparts!

  2. Bon courage, ne lâchez pas,insistez. Ce pays est définitivement condamné. Il n’est pas besoin de s’acharner à avoir de bons textes, il faut avoir des hommes dignes et honnêtes. Un simple constat, le premier responsable du protocole du pays est le malien le plus décrié pour sa responsabilité dans la spéculation foncière dans le district de Bamako. Combien de fois incarcéré, combien de fois libéré ???? Aujourd’hui c’est le compagnon des colonels, allez savoir pourquoi.

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