Le Mali, d’un air hagard et inquiet, stupéfié et sidéré, observait depuis belle lurette des enfants qui l’ont perdu dans la pensée et le sentiment.
Pourtant, il leur soufflait toujours à l’oreille : que faites-vous donc de la devise, cette formule sacrée ?
Ces égarés répondaient à l’unisson : elle nous répugne à la conscience.
D’ailleurs, au lieu du Mali : un Peuple-un But- Une Foi, nous, nous dévions. Nous optons pour tout le contraire.
Pour arguments justificatifs, les uns soutiennent qu’il faut vite partir du pouvoir pour trouver refuge dans une société civile astreinte au compromis et à la complaisance, les autres prétextent (en voilant leur soif du pouvoir) le respect d’une disposition de la constitution qui du reste est sérieusement malmenée dans sa presque totalité.
Le Mali ; un et indivisible est, par eux, renvoyé aux calendes grecques. Voilà le premier mépris.
Aussi le fétichisme du mot démocratie a fait oublier à certains maliens le concept de nation qui est avant tout autre critère une communauté humaine.
A quoi d’autre peut-on penser au moment où les hommes et les femmes constituant cette communauté sont en train d’être abattus, égorgés, éventrés de la façon la plus ignoble ?
Ici, à des propagandes politiques, là, à des scenarii grossièrement troublants et détournant les consciences de la réalité. C’est encore là une insulte au Mali.
Comparaison n’est pas raison certes on le consent.
Toute la classe politique de la grande France démocratique venait de suspendre volontairement son activité jusqu’à l’extirpation du tueur de Toulouse et de Montauban. Quel bel exemple de respect de la vie humaine et de la solidarité.
Ici au Mali, on n’a que faire de la vie de l’homme comme si les chercheurs du pouvoir et les candidats au faux fuyant étaient exemptés de la mort. C’est une pure insouciance.
Sur le plan promotionnel, l’excellence est partout huée, conspuée. Là encore souffrez avec nous que la démocratie qui se veut régime de l’excellence et de compétition saine, est réellement charcutée puisque la proclamation des résultats des concours n’est que la lecture ou l’affichage simple des listes établies avant concours de tel ou tel autre. C’est encore du mépris.
Il n’ya pratiquement pas de domaine où ce fléau n’a pas frappé.
Alors la déduction était connue de tous ceux qui tiennent encore à certaines valeurs humaines.
Jugeant inacceptable cette effronterie et constatant l’incapacité de ses causeurs à la transcender (parce que dépassés, démodés, désuets, surannées), les patriotes les ont tout simplement mis de côté en vue de permettre la construction d’une nation fortement soudée et véritablement républicaine.
Voyez vous-même si votre condamnation est noblement défendable.
Dembélé Seydou Professeur de Philosophie au
Lycée Cheikh Anta Diop de Bamako.