La lettre du Mandat Par Mass Domi : Aux frères et sœurs maliens

Anissôgôma, braves Maliens ! Anibara ! Franchement, je viens à vous ce matin pour vous exprimer toute mon admiration pour le beau paradis dans lequel vous venez de plonger votre pays, cette sympathique et hospitalière terre au pied du Djoliba. A deux mois d’une présidentielle qui s’annonçait comme un simple match de football, parce que vous étiez cités et classés parmi les nations africaines qui ont fait le grand bond dans la démocratie, il vous a plu de blesser votre mère-patrie. Un coup d’Etat contre un régime démocratiquement installé ‘’pour chasser une rébellion’’, et vous voici dans la merde. Et avec vous, toute la sous-région.

A cause de cette énorme bêtise, les voisins sont obligés de veiller, tourner dans tous les sens pour tenter d’éteindre le feu que vous avez allumé. Oui, soldats maliens, vous avez déconné ! Supporters de la junte malienne, vous êtes tombés sur la tête ! L’on avait pensé que la sauvage crise postélectorale ivoirienne serait une motivation de plus pour vous de renforcer vos acquis politiques. Hélas, vous venez de démontrer que changement n’est pas malien. Mais, au-delà de vos frontières, c’est l’image de toute l’Afrique que vous avez écornée, encore une fois. Cette cupidité vient confirmer tout le mal que dit l’opinion internationale sur la perception de la démocratie sur le continent africain.

Merci de confirmer la bêtise africaine

Des gens comme Sanogo Yahaya sont légion dans le berceau de l’humanité devenu depuis la catastrophe humaine. Vous avez tout mis en œuvre pour ramener le Mali très loin en arrière. Regardez : au moment où vous chassiez ATT, les Touaregs s’ennuyaient aux abords des frontières du pays, à la recherche de stratégies pour gagner du terrain. Mais, depuis la chute du régime, ils ont tranquillement pris des villes significatives et menacent d’entrer à Bamako. Toumani est-il parti avec les armes qu’il ne voulait pas mettre à votre disposition, comme vous le disiez pour justifier votre honteuse et regrettable forfaiture ? Je ne le crois pas. Impuissants et dos au mur, vous cherchez maintenant une bouée de sauvetage, en négociant des conditions de remise du pouvoir aux civils. Quel gâchis !

Capitaine Sanogo doit retenir que tôt ou tard, le mal qu’il vient d’infliger à la patrie lui sautera au visage. Lundi, le monde entier a appris avec stupéfaction l’agression du président de la transition, Dioncounda Taroré, à son bureau. Vous l’avez tabassé comme un vulgaire voleur de portable dans les rues de Bamako. Les mots manquent pour qualifier cet acte moyenâgeux. Si c’était à Abidjan, on dirait que ‘’vous avez fini avec bêtise !’’ C’est-à-dire que vous avez dépassé les limites de l’ignominie. Votre situation ramène cette question qui paraît souvent incongrue : quand l’Afrique saura-t-elle que nul ne fera son bonheur à sa place ? Alpha Blondy a eu raison de chanter que « le mal de l’Afrique, ce sont les Africains ». Apparemment, ce message poignant ne nous a jamais émus, surtout les assoiffés du pouvoir comme Sanogo, qui brûlent les étapes et engagent leurs pays respectifs sur les chantiers de l’aventure. Taylor l’a fait, Laurent Gbagbo l’a copié.

Aujourd’hui, des voix hypocrites, s’élèvent pour évoquer la dignité africaine et demander que nos problèmes soient réglés à la maison. Elles sont hypocrites parce qu’elles n’ont jamais eu le courage de dire la vérité à ceux qui portent le glaive à Maman Afrique. Quand un jour le putschiste Yahaya sera conduit au TPI, elles reprendront leur danse de sorciers. Chers Maliens, ressaisissez-vous pendant qu’il est encore temps. Car, les vautours sont tout près, prêts à se délecter de votre chère chair !

Le Mandat, RCI – 23 mai 2012

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