L’Afrique assista massivement à la session du 12 octobre 2012 des Nations Unies. Elle était également en grand nombre à Bamako lors de la rencontre du 19 courant, marquée par la présence de Nkosazana Dlamini-Zuma, la nouvelle secrétaire générale de l’Union Africaine, et par celle des représentants du secrétaire général des Nations Unies, de l’Union Européenne, des Etats-Unis d’Amérique, de la CEDEAO, de la Chine.
C’est le lieu de féliciter la diplomatie malienne, pour son dynamisme. L’option militaire pour la reconquête du Nord Mali fut unanimement partagée par les partenaires du Mali. Avec une armée que les médias qualifient de sous-équipée, de mal préparée à ses missions, et d’être dirigée par ” une hiérarchie militaire incompétente “, les Maliens avaient des appréhensions, quant à sa capacité de récupérer le Nord. Le monde joint ses efforts désormais à ceux du Mali pour reprendre la totalité des régions perdues. Classe politique, société civile… comprennent difficilement comment les djihadistes, avec en tête le MNLA, ont pu occuper les 2/3 du’Mali, pendant que le pays disposait d’une pléthore d’officiers supérieurs, supplantés par un ” Général de corps d’armée “. L’occupation des villes énigmatiques de l’Empire Songhaï : Gao, Tombouctou…est un précédent fâcheux pour un peuple fier de son passé glorieux. Le Mali n’a-t-il pas été livré pieds et mains liées au MNLA et aux Salafistes sans coup férir.
Les Présidents de la 3ème République sont, si je ne m’abuse, entièrement responsables de cette infamie qui frappe de nos jours le pays de Soundiata. Chefs suprêmes des forces armées et de sécurité, ils en savent long sur la confection et l’exécution des budgets annuels du département de la défense. Avec des revers militaires incessants, et en raison, dit-on, du manque de matériels militaires, de munitions, et de la vétusté de l’existant, le contribuable malien se demande à quoi servaient les montants budgétaires alloués à la défense.
Ces chefs suprêmes des forces armées étaient-ils étrangers à des ponctions illicites pratiquées sur les montants affectés à l’armée pendant des décennies déjà ? Sous d’autres cieux, ils se seraient retrouvés au ban des accusés pour prévarication. Les Présidents africains ont une peur bleue de leur armée : ” Chaque souverain regarde son armée tristement; ce colosse assis à ses pieds, immobile et muet. Il craint qu’il ne se retourne…”.
La distribution des galons à la pelle, à des hommes qui n’ont pas la valeur militaire requise, expliquait-elle cette crainte de retournement du colosse ? Le ” haut gradé ” ne devrait pas être le produit du népotisme. Ce titre s’acquiert sur le théâtre des opérations ou à l’issue d’études et de longs moments de formation. Le code d’honneur empêche un haut gradé de se retrouver parmi ceux:qui pratiquent des blanchiments d’argent, des ventes de drogues, de matériels militaires, d’épaves d’avions…
Sarkozy avait des accointances avec le MNLA
Lors de son investiture à Abidjan, Alassane Dramane Ouattara n’a pas tari d’éloges emphatiques à l’endroit du Président français Nicolas Sarkozy. Par contre avec le coup d’Etat du 22 mars 2012, les Maliens ont mal accueilli les propos de Sarkozy et de Alain Juppé, qui exigeaient de notre pays et de façon péremptoire :
– le retour à l’ordre constitutionnel ;
– la tenue des élections aux dates prévues ;
– la négociation pour résoudre le problème du Nord.
Le Président français annonça qu’il mettra à sa demande, des équipements militaires à la disposition de la CEDEAO pour la reconquête du Nord Mali. Cette annonce fut faite après que son directeur de la coopération ait pris langue avec Moussa Ag Attaher du MNLA, qui attendait le soutien économique, financier, militaire et diplomatique de la France pour prendre Kidal, Gao, Tombouctou…La “République de l’Azawad ” devint une réalité grâce à Sarkozy qui tira les Etats-Unis dans son sillage. A la demande d’aide et au cri de détresse de notre pays Hillary Clinton répondit : ” Washington n’aidera le Mali que lorsqu’il aura des institutions démocratiquement élues “. Le sort du Mali était ainsi scellé par la plus puissante des ” vieilles démocraties “. En jetant son ancienne colonie en pâture à des indépendantistes, la France de Sarkozy n’ignorait pas que ces rebelles n’avaient aucun mandat des tribus et des fractions touarègues, pour réclamer un territoire indépendant en leur lieu et place. Est-il besoin de rappeler que l’Azawad n’a jamais été ” une propriété exclusive ” des Touaregs. En se lançant dans cette aventure, lyad Ag Chérif savait qu’il n’arrachera pas le moindre centimètre carré du territoire malien. Ce n’était pas non plus lyad Ag Ghaly qui pouvait imposer par la force des armes, la charia au 21ème siècle, à des populations qui ont embrassé l’islam depuis Dia Kossoï, souverain de Gao, converti à l’islam en l’an 1009.
Hommages à François Hollande
Si François Hollande n’était pas élu Président, le Mali aurait perdu à coup sûr sa partie septentrionale. Les batailles diplomatiques et juridiques que nous aurions éventuellement engagées, seraient toutes vouées à l’échec. Car Nicolas Sarkozy et Alain Juppé avaient pris l’engagement d’aider financièrement, militairement et diplomatiquement Iyad Ag Chérif du MNLA à décrocher l’Azawad du territoire malien. Hollande eut beaucoup de compassion pour une armée agenouillée, et un grand peuple humilié et bafoué dans sa dignité. Il a personnellement diligente auprès du Conseil de Sécurité, le dossier des opérations militaires de la CEDEAO au Mali. Le Gabonais Jean Ping, le Burkinabé Cadré Ouédraogo; et l’Algérien Saïd Djinit, traînaient le pas pour le dépôt de ce document.
Le Président français a convaincu non sans peine Hillary Clinton, de ne pas conditionner l’aide des Etats-Unis au Mali, à la mise en place ” d’institutions démocratiquement élues “. La présence des indépendantistes et des djihadistes, et le flux des réfugiés maliens dans les pays voisins, ne favorisaient pas la tenue d’élections crédibles comme Washington l’aurait souhaité. Des voisins hostiles, qui protègent et soutiennent les touaregs indépendantistes Algérie. Le Mali est certes victime de sa trop grande dépendance à Kadhafi, mais il eut également tort de céder à des chants de sirènes de l’Algérie, qui prit parti depuis toujours pour les Touaregs dans les ” problèmes du Nord “. Kadhafi a offert des tanks, et il donna jusqu’à des avions au Mali pour sa défense. L’Algérie quant à elle, a constamment vendu des matériels roulants, des armes et des munitions à notre pays.
Elle fit signer des accords suicidaires par Amadou Toumani Touré : Alger 1, Alger II, Tamanrasset. Ces carcans de textes faisaient obligation au Mali, d’intégrer parmi ses forces de défense des ” tout-venant ” ; cette racaille de bédouins Salafistes errants, versés dans le métier des armes, et qui vivaient de trafique de stupéfiants, d’enlèvement d’otages…Le Président avait souscrit également à la démilitarisation du Nord Mali. Les ” Ag ” qui disposaient désormais ” d’une for ce de bandits armés “, usèrent de la force pour proclamer l’indépendance d’un espace qui s’étend de l’Adrar des Iforas à Douentza. L’Algérien Abdelkader chargé des affaires maghrébines et africaines disait tantôt : “l’intégrité territoriale du Mali n’est pas négociable… “. Il changea de langage en ces termes : ” la solution politique négociée est possible… “.
Que reste-t-il à négocier quand ” lyad Ag Chérif” du MNLA soutient que l”indépendance de l’Azawad n’est pas négociable et quand ” lyad Ag Ghali ” veut appliquer la charia de Taoudenni à Kolondiéba ? Pour Bamako : ” le Mali est un et demeure indivisible “. Qui doit céder ? L’Algérie joue à l’intrigant, et s’évertue à attirer de nouveau le Mali dans un autre guêpier. Sa ” solution politique négociée ” est un traquenard qui doit amener notre pays à accepter l’une des exigences des Touaregs.
Le Président Modibo Keita se retournera dans sa tombe, si éventuellement, une autorité malienne accédait un jour ou l’autre, à des velléités indépendantistes d’un groupuscule d’hommes, fussent-ils lourdement armés. Selon certaines sources, l’armée malienne, parmi les forces de la CEDEAO, occupe le 2eme rang en hommes et en matériels, après celle du Nigeria. De ce point de vue, l’Algérie est bien contournable, lorsque les forces de défense maliennes doivent recouvrer l’intégrité du territoire national. Avec la réforme de l’armée en cours, et le rééquipement de tous les corps ; avec l’aide des forces de la CEDEAO, et le soutien de la Communauté internationale en logistique ; avec la motivation financière des hommes, et leur préparation physique et morale appropriée, le Mali n’ira pas ” implorer Boutéflika à genou ” pour qu’il joue sa partition dans la libération du Nord Mali. Le Président algérien se refuse d’entrer dans la bataille, parce qu’il ne veut pas que les avions français sillonnent son espace aérien. Je n’en vois pas le rapport. Il amena le Ministre de la défense du Niger à contrarier les tout premiers propos de son Président sur le Nord Mali. Notre voisin n’a nulle part où mettre ses “fils “, j’allais dire sa ” racaille Salafistes”. Il tient à les parquer non pas dans le Hoggar algérien, mais plutôt dans l’Adrar malien et ailleurs.
Burkina
Le Président Biaise Compaoré fut chargé par ses pairs de la CEDEAO de faire le médiateur entre les rebelles touaregs et les autorités maliennes. Le constat fut amer, car le ” beau Blaise ” n’a jamais été impartial entre les protagonistes. Il héberge comme toujours à Ouagadougou des chefs rebelles, auteurs de l’assassinat des soldats maliens à Agelhock. Ces Touaregs ont entraîné ruine et désolation dans notre pays. Le médiateur fit héliporter Iyad Ag Chérif du MNLA à Ouagadougou, quand ce bandit armé fut mortellement atteint par le MUJAO à Gao. Biaise a un comportement d’évitement désobligeant vis-à-vis de Bamako, qui dénote sans nul doute son accointance avec nos ennemis les rebelles. Son porte-parole Bassolé vint plusieurs fois à Gao, Tombouctou, Kidal…s’entretenir avec les ” Ag ” sans en référer aux autorités maliennes. Le médiateur organisa plusieurs rencontres au Burkina avec la classe politique, la société civile, les regroupements et associations de notre pays, sans convier les autorités maliennes comme il est de règle. La CEDEAO lui sert de prête-nom pour faire appliquer des mesures drastiques à l’encontre du Mali. La formation d’un Gouvernement d’Union Nationale à Bamako est surtout une exigence de Biaise, qui y plaça ses pions.
C’est lui qui mit, selon certaines sources, tout son poids dans la balance, pour faire bloquer les matériels militaires maliens en Guinée et ailleurs. Les envoyés de Bamako, qui étaient à la réception desdits armements, furent priés par Alpha Condé le Président Guinéen, de quitter Conakry dans les 48 heures. Le médiateur s’est révélé incompétent entre Gbagbo et Alassane en Côte d’Ivoire, nous aurions été surpris de sa réussite dans le dossier Nord Mali. François Hollande comprit la partialité avérée de Biaise, il suggéra à Ban Ki Moon, qui avait besoin de plusieurs sons de cloche, de nommer un médiateur de l’ONU pour le sahel.
Mauritanie
Le Président Mohamed Ould Abdelaziz interprète à sa convenance la déroute de l’armée malienne devant les djihadistes. C’est avec ironie qu’il parle de la débandade des troupes maliennes devant quelques véhicules 4X4 Tout terrain. Ce qui stigmatise selon lui, la qualité des soldats, et l’incompétence de la hiérarchie militaire. Les autorités mauritaniennes ont clairement annoncé leur couleur : ” … nous n’agirons pas contre les Touaregs du MNLA, car ce sont ” nos frères “. Nouakchott leur a accordé un siège, son aide et son soutien. Ce pays du champ reste réticent quand il s’agit d’opérations militaires pour combattre le grand banditisme transfrontalier. La Mauritanie profitait souvent du laxisme de Amadou Toumani pour poursuivre Aqmi, le Mujoa à Kidal. La Mauritanie est suspecte. On s’explique difficilement que les rebelles occupent Gao, Tombouctou… ; qu’ils coupent des mains, lapident de pauvres gens, et qu’ils soient en tant que criminels, paradoxalement logés, protégés et soutenus par Nouakchott.
Ils répètent en chœur : ” seul compte le Mali”
Avec le coup d’Etat du 22 mars 2012,’ la classe politique s’est scindée en des entités antagoniques. Les anti-putschistes ont crié au recul de la démocratie, et les pros putschistes saluèrent l’événement. Pour l’ensemble : Pm- Fdr-IBK 2000 – Copam – Coren – partis politiques et syndicats : « seul compte le Mali “. Cette expression ” fétiche ” devint malheureusement un slogan oiseux avec des hommes connus, pour leur goût trop prononcé pour leur promotion sociale, leur ascension personnelle, et pour le gain facile. Qui trompe-t-on ? Au cours de ces 20 dernières années, le Mali passa pour une charogne à la merci des vautours de la pire espèce. Ceux qui battent présentement le pavé à grand bruit, sont les mêmes gens qui appartinrent depuis toujours au sérail. Ces anciens Premiers ministres, ministres, Présidents de l’Assemblée, Maires, secrétaires généraux des syndicats, directeurs nationaux… ont pour la plupart des cas, ” dévoré à bouchées doubles, et sans état d’âme, les maigres pitances de ce pays”. Ces “anciens dignitaires” sont presque décavés de nos jours pour entretenir leur famille, a fortiori les formations politiques, syndicales ou associations, qu’ils ont créées. A Bamako comme à Ouagadougou, on les a vu se prendre par le collet, pour le nombre de maroquins qu’il leur faillait obtenir dans le Gouvernement d’union nationale. Notre pauvre pays est leur dernier souci. “Seul compte” le pouvoir et les privilèges qui s’y rattachent. Ces ” milliardaires de la démocratie ” ne se doutent pas qu’ils sont éclaboussés par de relents indélébiles et nauséabonds, et qu’ils traînent de surcroît des liens. Or, ” qui traîne ses liens n’est pas libre “. L’audit éventuel, à effet rétroactif des Départements ministériels, du Parlement, j’allais dire de tous les services étatiques provoquera, nous en sommes sûrs, un véritable déluge, annonciateur de la “mort politique, syndicales, voire même clinique ” de ces Talleyrand qui s’accrochent avec frénésie à la table du festin. Avides de pouvoir et d’argent, ils tiennent à “boire davantage le sang du peuple malien jusqu’à la lie”.
Prémices de l’engagement des troupes
Que faut il négocier avec Iyad Ag Cherif : l’indépendance, l’autonomie, la fédération ? Ce monstre froid et ses criminels sont ceux à partir de qui, nous viennent les maux dont souffre l’ensemble des Maliens. On perd son latin avec Iyad Ag Ghali, qui inflige des châtiments corporels, coupe des mains, lapide de pauvres gens, démolit des mausolées, au nom de la charia, une disposition coranique que lui et ses juges ont mal assimilée. Le peuple malien regarde avec des yeux d’impuissance, le fléau d’un fanatisme maladif qui s’abat sur les villes dévotes du Nord. Des contraintes ont empêché le Mali à réagir et à sévir avec promptitude. Les ” Ag ” le savent, Sarkozy et Juppé n’ont plus les pieds dans l’étrier en France. Hollande a résilié les contrats d’aide les concernant. L’armée malienne appuyée par d’autres forces africaines, entreront très prochainement en action dans le Nord. “La guerre n’est pas plus exécrable que la servitude “. Nous ne sommes pas xénophobes, cependant, il convient de rappeler que les Touaregs représentent à peine 2% de la population malienne.
Les groupuscules qui s’y détachent pour proclamer la “libération de l’Azawad”, savent pertinemment qu’ils ne peuvent pas imposer cette “indépendance ” aux 15 millions de Maliens. Aucun Président, aucun parlement, encore moins un Gouvernement, ne peut avoir les mains libres, pour créer un précédent fâcheux, qui consisterait à accorder l’indépendance, l’autonomie ou la fédération à des bandits armées. “Le Mali est un et indivisible “. Si les Touaregs arrachaient l’Azawad, les Kassounké auront droit à des terres comprises entre Kita et Diboli, les Senoufo se retireront avec Bougouni, Zégoua… Que restera-t-il de la République ? Ce n’est pas parce que les Touaregs savent tirer dans le fusil que les Sonrhaï, les Arabes, les Maures, les Peuls, les Bamanans…, j’allais dire les Maliens, leur abandonneront les Régions de Kidal, de Gao, de Tombouctou…Les ” Iyad ” doivent se convaincre de ce qu’il n’y aura jamais un Mali du Nord musulman, applicateur de la charia, et un Mali du Sud laïc. Il n’est pas nécessaire de ressusciter les capitaines Dibi Syllas Diarra, et Mamadou Sissoko…pour contrer cette velléité touarègue. Il en reste encore des milliers de ces héros éteints dans les garnisons. Des hommes qui, sous le commandement du Colonel El Hadj Gamou, à qui nous rendons un vibrant hommage, ont résisté des semaines durant, aux coups de boutoir du MNLA et de Ançar Dine à Tessalit, en sont les parfaites illustrations. Les soldats maliens accompliront ” sans murmure ni hésitation “, les missions qui sont les leurs. Ils ont l’amour de la patrie, et un sens élevé de l’honneur et de l’ultime sacrifice. Ils attendent d’être équipés et surtout motivés, pour se lancer à l’assaut du terrain perdu. Ils savent mieux que quiconque que : “Ce qui a été pris par la force, ne peut être repris que par la force “. Ils vaincront, je n’en doute pas, parce que les prières et les bénédictions de tout un peuple les accompagnent.
Moussa SANGARE
Professeur de philo psycho pédagogie
Comments are closed.