II- La thématique de la gouvernance administrative : de nos jours, deux thèses s’affrontent à propos de l’administration publique et de l’administration privée : la première thèse soutient que l’administration publique est distincte de l’administration privée, et la seconde thèse ‘‘identifie profondément l’’administration de l’Etat et celle des affaires privées ; en d’autre terme, l’administration publique n’est pas autre chose qu’une entreprise’’. Cf. Charles Debbasch Frédéric Colin, in ‘‘Administration publique’’ 6ème édition, Economica, 49 rue Hericart, 75015 Paris 2005, p.4 à p.5.
La gouvernance, est en faveur de la seconde thèse et c’est pourquoi, sous cet angle, elle se définit comme ‘‘un système d’organisation et de préservation de la concurrence’’, comme dans une entreprise privée. Et le système ‘‘contient bien aussi, la promesse d’un monde meilleur’’ où l’équité et la justice, entre les citoyens, sont garanties, conformément aux valeurs de la république et aux principes de la démocratie. La gouvernance administrative exige la transparence. C’est ainsi, par exemple, que l’égalité des citoyens et des cadres de l’Etat devant l’emploi et la promotion est garantie, au nom de la gouvernance. Et cette transparence, et ce respect de l’égalité des citoyens, devant la loi, l’emploi, et la promotion, doivent conduire les autorités politiques et les autorités administratives, à DEPOLITISER l’administration malienne. Ce faisant, les nominations des cadres civils et militaires aux postes des responsabilités de l’Etat, selon la vieille méthode du fameux ‘‘pouvoir discrétionnaire’’, doit disparaître de notre dispositif public, car celui-ci, permet à l’autorité politique, d’agir librement, unilatéralement et arbitrairement, rappelant ainsi, le pouvoir dictatorial et absolu d’une époque révolue. En agissant ainsi, carte blanche, sans aucune limite à son fameux ‘‘pouvoir discrétionnaire’’, l’autorité politique agit hors de la loi. Cela est contraire aussi, aux valeurs de la république et aux principes de la démocratie. Et c’est pourquoi, dans la logique de la gouvernance, les hauts fonctionnaires et premiers responsables des institutions de la république, et les cadres, doivent être nommés selon la MERITOCRATIE, et après une sélection objective basée sur des critères équitables, justes et républicains, et non, par le fameux ‘‘pouvoir discrétionnaire’’ d’une quelconque autorité politique. S’ils sont nommés par celle-ci, grâce au fameux ‘‘pouvoir discrétionnaire’’, ils recevront, officiellement, ou officieusement, des instructions, voire des ordres ; et s’ils refusent d’obtempérer, ils sont relevés de leurs postes, et perdent du même coup, les avantages et privilèges y afférents. Ils ne sont pas indépendants des autorités politiques ! Ils sont à leur solde et à leur merci. Pour que nous ayons des institutions fortes, indépendantes, impartiales et véritablement républicaines au Mali, il faut qu’une loi soit votée à l’Assemblée Nationale dans ce sens, pour arracher les hauts fonctionnaires et premiers responsables des institutions de la république et les cadres, des griffes des autorités politiques. Aussi, pour que les cadres et les hauts fonctionnaires et premiers responsables des institutions de la république, ne s’éternisent pas à leurs postes (5 ans, 10 ans…) grâce à l’appui et à la protection des autorités politiques, il faudra instituer, dans l’administration malienne, le système de renouvellement et de rotation des cadres. La DEPOLITISATION de l’administration, est une exigence de l’ère de la république, de la démocratie et de la gouvernance.
La bonne gouvernance administrative respecte les valeurs de la république et la transparence, et exige même, l’audit dans certains cas de figure. Les autorités politiques maliennes ne voulant pas respecter ces valeurs, préfèrent maintenir le statu quo, non pas dans l’intérêt du pays, mais bien dans leur seul intérêt propre, pour que les cadres et les hauts fonctionnaires et premiers responsables des institutions de la république, leur fassent la cour. Ils sont friands de compliments, sensibles aux flatteries, et aiment beaucoup les courtisans, les laudateurs et les griots qui les encensent, en ‘‘chantant’’ des louanges opportunistes et démagogiques, pour décrocher des postes de responsabilités ou de promotions. Et, en l’absence de la MERITOCRATIE, et des autres symboles de la République, en matière de nomination et de promotion des cadres, telle est, parfois, la méthode sale et indigne de parvenir à ses fins, qu’utilisent, malheureusement, les nouveaux promus.
Les autorités politiques et administratives maliennes, veulent avoir aussi, l’occasion, les mains libres, et le privilège injuste, antirépublicain et antidémocratique, pour nommer des parents, des amis et des militants de leurs partis politiques, aux emplois supérieurs de l’Etat. Toutes choses contraires aux principes de la bonne gouvernance administrative.
Il faut mentionner, que le Président de la République en exercice, ayant eu le privilège de nommer les hauts fonctionnaires et premiers responsables des institutions de la république, a, par exemple, la possibilité, (s’il veut), de manipuler, à sa guise, la Cour Constitutionnelle du Mali, pour qu’elle proclame les résultats des élections dans le sens qu’il souhaite. Encore une fois, on ne peut pas avoir des institutions fortes, indépendantes, impartiales et véritablement républicaines, avec une administration POLITISEE. Ce qui est contraire, aux valeurs de la république, aux principes de la démocratie et de la gouvernance.
Il faut souligner, que la gouvernance administrative et la DEPOLITISATION de l’administration, condamnent ouvertement, la gestion patrimoniale, familiale, ethnique, régionaliste et partisane des affaires publiques, bref de l’Etat.
NB : A tous les dirigeants politiques maliens, nous disons ceci : Vous n’êtes pas élus par les membres de vos familles, de vos groupes ethniques, de vos régions, de vos partis politiques, et par vos amis…, pour les servir, en leur donnant des avantages, au détriment de votre peuple. Vous êtes élus par le peuple, dans toutes ses composantes, et c’est le peuple, dans son entier, qu’il faut servir loyalement, en toute équité et en toute justice. Rappelez-vous le principe républicain, de l’ancien Président de la République française, le Général Charles De Gaulle qui admettait que, les membres de sa famille, fissent carrière dans l’armée et dans l’administration, et qu’ils se présentassent, même aux suffrages des électeurs, à l’exception de ses enfants. Aussi, il n’avait jamais nommé l’un des membres de sa famille au Gouvernement ou à la Présidence, pour le faire profiter des avantages attachés à ces postes. En voilà un comportement digne, véritablement républicain ! Soyons au Mali, républicains véritablement, pour bien servir notre pays, avec l’esprit d’équité et avec justice, et selon ce qui est de droit. Nous ne devons pas nous servir de l’Etat, mais plutôt le servir, loyalement et avec abnégation, si, et si seulement, nous sommes SINCERES.
À suivre
Dr Oumar Aba TRAORE, Ph.D. Docteur en Science Politique, Diplômé de l’Université LAVAL, Québec City – Canada – Domicilié à Banankabougou – SEMA Rue : 612 Porte : 122