La lecture d’un article laudatif écrit par Monsieur Nancouma D Camara sur Ibrahim Boubacar Keita m’a inspiré cette reflexion. J’ai lu avec un intérêt certain la rhapsodie chantée, directement venue de l’Iliade et de l’Odyssée, par monsieur Nancouma D Camara. J’ai été séduit par son charisme et sa maîrise de la langue, chapeau bas! Donc je ne serais pas loin de la vérité que de le catégoriser parmi les intellectuels maliens qui se plaisent à être les panégyristes du manque de courage, de patriotisme de certains hommes politiques. Au rebours, j’ai été moins charmé par son argumentaire qui tient plus du mépris et de “l’argutie politicarde” que de la volonté réelle de justifier un texte référendaire controversé et de défendre un homme et ses positions malicieuses. C’est tout de même regrettable que nos intellectuels continuent à sacrifier l’intérêt de la patrie au profit de leur fascination mystico-religieuse pour certains hommes politiques. Que monsieur Camara et consorts comprennent que quand les intellectuels refusent de s’associer avec le peuple pour bénir le ciel et mener le combat social, entrent en société avec les politiques et deviennent leurs laudateurs zélés, ils ne méritent plus l’appellation d’intellectuels honnêtes. Que le diantre emporte les intellectuels avec une conscience élevée qui dépeignent complaisamment les faits réels avec un certain cancanage doublé d’effet de rhétorique à la lisière du ridicule! Cette volonté de certains intellectuels à faire plaisir à certains hommes politiques idéalisés s’apparente à l’autodérision dont la thérapie se trouverait dans la résurgence du sentiment de patriotisme. Zoumana Sacko a inauguré une nouvelle ère de transparence politique en venant s’expliquer publiquement sur les faits qui lui étaient reprochés. Nous en attendons pareillement des autres. Vivement une plaidoirie pro domo de IBK quant à la raison de son approbation du projet référendaire , l’entrée de son parti au gouvernement, de sa bénédiction à la politique générale de Madame Cissé, et son silence obreptice, subreptice et cauteleux sur certains dossiers importants pendant les deux mandatures de Touré. Que El hadj Bourama brise le silence. Qui tacet consentit : qui garde le silence consent, disent les latins. “ Vous devriez bien abandonner vos ouailles quelques moments, pour venir converser dans un château où il n’y a pas une ouaille” disait Voltaire. Le peuple malien n’a ni besoin d’encensoir ni de lyre. Mais il veut entendre le langage de la vérité et la pratique de la transparence à défaut desquels il utilisera l’anathème. Ce n’est pas que nous n’aimons pas IBK, mais nous aimons le Mali davantage. “ Plus l’offenseur est cher, plus grande est l’offense”, Corneille, le Cid. La flatterie faisant des amis, IBK en viendrait à jouer à effeuiller la marguérite en posant la question de savoir si ses ouailles l’aiment un peu, beaucoup, passionneément, à la folie ou hypocritement. D’ici là, le peuple malien veut que IBK, excellent aède homérique, vienne s’expliquer pour lui donner une claire idée de son “kankélétiguiya”, de la preuve de son courage politique, de sa probité, de sa connivence d’avec le régime en place, de son serment d’allégeance tacite d’avec ATT, de sa vision pour le Mali, de se livrer à l’exercice de transparence que nous appelons à cor et a cri. Le peuple malien veut que le discours de ce fin tribun réponde à ses angoisses existentielles, à ses doutes quant à l’avenir immédiat d’un Mali en désespérance. Saura-t-il nous prouver s’il est le tribun populus (du peuple) ou le tribunus celerum au service d’ATT ? J’ai utilisé ces mots à dessein espérant que IBK lira ces lignes. ‘Les grands plaisirs, dans tous les arts, ne sont que pour les connaisseurs.’ dit-on, et IBK est assurément un connaisseur. Nous attendons sa réaction.
Point n’est besoin d’être devin ou pythonisse pour subodorer des états d’âmes et des réactions qui naissent de situations inacceptables. Que Mr Camara sache ceci: “ Ce qu’on dit est la vérité mais ne saurait ressembler à la vérité: A BE FO TIAN DO N’KA ANI TIAN BONIBE NIOGOFE, O TE TIAN NIE” . En clair, on peut avoir raison mais on ne saurait paraître avoir raison. Monsieur Camara, homme de lige et tous les autres avocats du diable paraissent avoir raison. Qu’on veuille bien me comprendre , loin de moi l’idée dire de que IBK est un diable mais je fais allusion au sens politico-religieux de l’expression. Pour que IBK aspire à nos yeux à la saintété politique, nous attendons que les clercs spécialistes en procès de canonisation fassent honnêtement le distingo entre les qualités de l’homme et ses positions nébuleuses et pusillanimes. Les gouvernants actuels en collusion avec certains politiques veulent prendre le Mali en otage en créant le chaos. Leurs laudateurs et obligés veulent amuser la galérie en nous tenant des discours spécieux , en trompe – l’oeil. La fin justifie les moyens, n’est ce pas? Ce papier qui est le mien s’inscrit avec véhemence en faux contre cette plaidoirie de mauvais aloi de monsieur Camara. Son injuste “colère d’Achille” ne saurait m’émouvoir car l’amour candide et sincère du Mali qui m’anime constitue la plus sûre des carapaces. Le Mali est aujourd’hui à la croisée des chemins. Le peuple se rebelle majoritairement contre un texte référendaire dont l’opportunité et la prioritisation posent problème, les gouvernants s’obstinent à nous faire subir la loi du mensonge triomphant. Comme ils ne peuvent plus mettre la muselière à nos “ gueules” , on nous envoie des théoriciens de l’absurde qui maîtrisent à ravir l’art du bluff, de l’esbrouffe, de l’embrouillement, des formules pompeuses et ampoulées, pour nous embobiner. “ Allah Akbar” !
Il est une certitude, nos turbulences à l’égard des tenants du pouvoir et de leurs affidés ne sauraient tomber dans la vanité. Nous serons à la marche démocratique du Mali ce que les Montesquieu, Voltaire, Didérot, Rousseau, Morelly , Condorcet…. ont été à la révolution française. Si la philosophie des lumières au 18eme siècle, toute nuance faite, a eu raison de l’ancien système et de la monarchie absolue, il n’y a aucune raison de désespérer de la chute de “la monarchie constitutionnelle” qu’on s’ingénie à nous imposer au Mali au 21 ème siècle.
L’histoire de notre pays retiendra un jour que dans l’aventure démocratique du Mali, nous avons fait preuve de courage en bataillant pour la vérité et la transparence et que certaines personnes ont joué la carte de la vassalité en se refusant à dire la vérité aux politiques. Ce faisant certains politiques et députés ont accordé leur onction pateline à ATT pour nous léguer une véritable “ monarchie constitutionnelle”. Qu’il est dur de faire entendre la voix de la raison à ceux là que nous voudrions aider dans la réalisation d’un Mali de paix, de justice et d’égalité ! Puisse Allah le tout puissant fasse en ce mois béni du Ramadan qu’ils refléchissent sur la portée et la profondeur de ces mots de Jean Jaurès: “Les progrès de l’humanité se mesurent aux concessions que la folie des sages fait à la sagesse des fous.”. Comme le fou de la Jean de la Fontaine, nous avons vendu la sagesse et les tenants du pouvoir ne l’auraient pas achetée.
Une contribution de Mr Fatogoma Mohamed Ouattara
Orange, New Jersey, USA
fouattara2@comcast.net
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