La chronique de Fousseyni

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Fousseyni DIARRA
Fousseyni DIARRA

Depuis Dakar où il savoure sa douce retraite, Fousseyni Diarra, ancien pilote Commandant de bord, nous institue une chronique à laquelle, chers lecteurs, vous commencez à vous habituer et, sans doute, à prendre goût.  Dans ce 5è épisode, notre compatriote prodigue de sages conseils à la jeunesse malienne, appelle à la réconciliation, prône la préservation de l’environnement, le développement économique et social… Le tout dans une partie de conte avec ses petits fils.

 

 

Je suis malien de souche, de pensée, de cœur et fier de l’être.

En écrivant cette 4ème contribution, mes petits fils de retour à l’école vinrent me trouver.

– Grand Père tu ne te fatigues jamais d’écrire ?

 

 

– Je répondis : non, tant que la lueur sous forme de sagesse à bord du bateau « le temps » qui vogue insidieusement mais inexorablement dans l’épais brouillard du crépuscule de ma vie me guide sur cette mer agitée qu’est devenu soudain mon pays, afin de convaincre les récalcitrants et les indécis que notre chant doit être désormais s’unir ou périr avant que ne se creuse l’abîme qui peut nous séparer.

 

 

Mes petits fils comme hypnotisés par celui qui semble être un conteur passionnant me firent signe de continuer et je poursuivis.

 

Contes sans légende

Mes petits enfants le jour où Dieu le Tout Puissant prendra ce qu’il nous a confié, quand nos corps se transformeront en poussière et que nos âmes attendront le jour du jugement, il est certain que parmi nos péchés et les reproches qui nous seront faits figurera en bonne place notre inaction concupiscente de vous avoir laissé un pays désuni où la haine exclut le pardon et les récriminations piétinent la tolérance et l’amour du prochain.

 

 

Les récents événements provoqués par des attardés et des égarés qui pour des raisons crypto-personnelles nous ont rappelés que dans ce bas monde rien n’est définitivement acquis. Le Mali qui pensait que les coups d’Etat militaires n’étaient plus qu’un lointain souvenir s’est réveillé comme un boxeur Groggy tant le coup porté à sa démocratie si fragile ressemblait à un séisme dévastateur avec les conséquences que l’on sait.

 

 

Mes petits enfants un jour vous ferez peut être partie de cette armée, n’ayez alors à l’esprit que la défense de l’intégrité du territoire national, soyez des serviteurs zélés pendant les catastrophes naturelles pour soulager votre peuple et des défenseurs acharnés de notre loi fondamentale : La Constitution

 

 

Mes petits enfants de plus en plus la jeunesse  à la tête aux USA, l’Oreille en Asie et le Cœur en Europe. Erreur monumentale même si dans ce lot certains ont acquis vite la conscience que leur vie et la place qui leur sont dévolues, ils doivent les imposer à la nature hostile des hommes de manière que leur présence ne soit plus considérée comme une intrusion dans ce monde hostile et globalisé. Mais ce bon grain est de plus en plus infime à cause de la morosité économique du monde en crise. Malheureusement qui dit bon grain parle aussi d’ivraie. Cette ivraie est hélas composée de nos enfants qui au contact avec le monde extérieur à cause de la précarité ont subi une métamorphose qui a fini par enténébrer leur vie. N’ayant rien compris ils sont devenus des introvertis loin des vertus de dignité, d’honnêteté et d’honneur qui sont le fondement même de l’existence du Mali, carrefour de civilisation et de dialogue. Assimilés et habités par un mimétisme dégradant pour qui leur racine et leur culture ne sont que de lointain souvenir, cette ivraie va jusqu’à exporter sournoisement son arrogance et son indifférence chez certain pan de la jeunesse restée au Pays qui de retour d’école confortablement assise reste indifférente à ce vieillard balloté dans un bus branlant sur les routes caillouteuses de la ville. Le traditionnel bonjour a disparu et le respect de l’âge devenu suranné et désuet n’ayant pas compris que la démocratie dont ils se réclament est d’abord le respect de son identité culturelle et de sa dignité.

 

 

La multitude restée au Pays a de très lourdes tâches et de très grandes opportunités parmi lesquelles l’instruction civique pour restaurer nos valeurs de dignité, d’honneur et de fierté tout en restant ouverte aux valeurs fécondantes de l’extérieur.

 

Travailler pour l’autosuffisance alimentaire….

Depuis l’indépendance,  nos Etats ont toujours utilisé une formule qui a fait florès : l’autosuffisance alimentaire sans parvenir à la matérialiser. Maintenant ce sont vous les jeunes restés au pays qui devez vous appropriez de cette formule, étant convaincus que le Mali ne se développera jamais sans agriculture sous tendue par une volonté politique d’encadrement de moyens de productions modernes sur la base de vos projets entrepreneuriaux qui dans un peu de temps vous permettrons de sentir le doux parfum de votre réussite.

 

 

Souvenez-vous mes petits enfants que nos ancêtres alors esclaves ont été enchainés et déportés par vagues successives dans des conditions inhumaines. Entassés dans les cales insalubres à la puanteur étouffante dans des bateaux sur des mers en furie vers des pays inconnus, sous des climats inconnus pour des causes inconnues. Enfin arrivés à destination ils devinrent des cultivateurs infatigables labourant des champs de coton, canne à sucre et de maïs etc. …

 

 

La grande prospérité de ces pays et l’émergence des grandes fortunes sont issues de cette agriculture et qui permirent au Sud agricole de tenir tête au Nord industrialisé de longues années pendant l’effroyable guerre de sécession au Etats Unis à la différence que cette richesse vous la créez ici chez vous pour votre bien être et celui du peuple malien. Les opportunités qui ont pour nom : l’instruction civique – la sauvegarde de l’environnement et notamment l’agriculture organisée, rémunératrice et soutenue par une volonté politique exprimée et concrète seront de nature à vous donner satisfaction car toute belle œuvre a un coût. L’exploitation de nos ressources minières en gestation et les subsides de l’informel ne servent qu’à régler les urgences de l’Etat. Des pays naguère désertiques sont devenus aujourd’hui producteurs et exportateurs des fruits et légumes par une volonté politique soutenue et une sensibilisation de cette jeunesse ardente et vibrante qui ne demande qu’à sortir de cette caricature de contestataire dans laquelle on l’a confinée. Condition sine quo non de notre développement économique, social et culturel.

 

 

Mes petits enfants vous faites parti de cette jeunesse responsable de demain qui doit se battre pour sauvegarder notre environnement aujourd’hui presque détruit par l’inconscience et l’indifférence coupable des hommes.

 

 

Les forêts couchées, la destruction de notre couche productrice, la pollution de nos mers, fleuves et rivières, l’assèchement de nos lacs, la destruction de la faune et de la flore, la disparition des espèces que nous avons vues et que vos enfants ne verront jamais et l’insouciance coupable de l’avancée inexorable du désert. Sachez mes petits enfants que nous n’avons pas les moyens et ne pouvons pas dompter la nature mais nous pouvons survivre à ses colères en veillant sur notre environnement.

 

 

La réconciliation….

L’un de mes petits enfants m’interrompit

–          Grand Père, tu parles toujours de jeunesse et de réconciliation, pourquoi ?

–          Tout simplement parce que dans notre pays où tout est sur priorité, mon cerveau vieillissant livre à ma plume ce qui lui semble être les clés de sortie de crise et de développement. Je suis convaincu que notre décalage économique ne peut être favorisé que par un espace stabilisé et de paix racine du développement avec en filigrane la résolution du problème du Nord et la réconciliation.

 

Vous vous souviendrez également que dans la dernière contribution ATT Le retour : je disais « Le monde entier inquiet avant et pendant les élections a découvert une autre facette de ce grand peuple uni face au défi, et tolérant dans l’adversité avec comme bouquet final ce grand geste de noblesse empreint de dignité du candidat Soumaila Cissé venu avec toute sa famille au domicile du candidat Ibrahim Boubacar KEITA et le féliciter pour sa brillante élection. J’ai vu ce jour beaucoup de larmes sous l’effet de l’émotion. Le Mali venait de loin, de très loin.

 

 

ATT le retour : s’inscrit dans cette dynamique de réconciliation, de noblesse et d’exemple que le Président de la République parachèvera j’en suis sûr en envoyant chercher son frère Cadet et remercier les autorités sénégalaises pour leur hospitalité à son endroit, avec tous les égards dus à son rang.

 

 

Ce sera encore une foi la preuve qu’il est le Président qu’il faut et qui aura marqué de son sceau par ce geste sublime l’histoire de notre pays.

 

 

Les grands peuples sont à l’image de leurs Chefs et les grands Chefs sont à l’image de la grandeur de leurs actes.

 

 

En plus la jeunesse qui travaille est synonyme de paix et le fruit qu’elle en récolte la réconcilié avec elle-même, sa famille et son milieu.

Mes petits enfants, la réconciliation revêt plusieurs aspects et se manifeste de plusieurs façons.

 

 

Prenez nos équipes nationales quand elles vont en compétition porteuses de notre drapeau national dans le but de le hisser au plus haut sommet et occuper la plus haute marche du podium, nos compétiteurs, les corps en sueur, les muscles devenus flasques par l’effort, la respiration haletante, mais toujours mus par la volonté de porter haut le flambeau pour la victoire. Une victoire qui une fois acquise métamorphosera nos villes et campagnes en espace de fête, de joie où le bruit sourd des tam-tams, le son sec des casseroles mélangés aux klaxons des voitures et motos jusqu’à l’aube transformeront vos nuits en jour et vos jours en prisonniers de Morphée. Cependant mes petits enfants dans ces équipes il y’a certainement des pro Modibo Kéïta, des pro Moussa Traoré, des pro Alpha Oumar Konaré, des pro ATT et pro IBK.

 

 

En ces moments, ces équipes sont sans égo seulement unies par une seule foi, l’amour de la patrie, vers un seul but la victoire pour un seul peuple, le Mali

 

 

–          Les enfants il se fait tard allez vous coucher maintenant je dois écrire au Président de la République.

 

–          Non Grand Père s’il te plaît dis nous ce que tu veux lui écrire.

Devant leur mine déconfite et avide de savoir, je cédais en bon grand père à leur désir.

 

 

 Et le pardon…

Monsieur le Président

Le plus souvent l’homme dit je pardonne, mais je n’oublie pas. Quant à moi je dis, ne pas oublier est un venin plus mortel que celui du Cobra même si le mal subit est atroce mais l’accepter délivre et apaise l’âme. Son antidote est l’échange, le dialogue et la tolérance.

 

 

Monsieur le Président

Un ex Président, un ex Ministre peut et doit toujours être au service de son Pays comme il a eu à l’être avant son élection ou sa nomination, car quelque soit le rang que l’on occupe dans la pyramide sociale on peut être un citoyen digne d’éloges.

 

 

Que l’on se souvienne qu’en l’an 2000 après 25 ans d’opposition et plusieurs mois de prison un Président élu démocratiquement avait envoyé son prédécesseur qui était l’auteur de ces faits le représenter à une conférence internationale. Geste fort à cette époque qui rendit l’alternance et la tolérance consommables.

 

 

La personne élue si brillamment comme vous l’avez été a besoin d’avis, de conseils et suggestions mais surtout de prière mais aussi de silence sans tapage autour pour réussir sa mission plutôt que les chants de gloire, d’encens et d’applaudissements. Elle doit rester à l’écoute de son peuple sans populisme envahissant mais tout en évitant une « bunkerisation » de sa personne et de l’institution qu’elle dirige afin que sous son magistère tout malien se sente citoyen à part entière et non entièrement à part.

 

 

Monsieur le Président

Si les PME, PMI et informel peuvent contribuer à la croissance par la réduction du chômage je suis de ceux qui sont convaincus que seule une solution au problème du Nord et une politique agricole interne et cohérente avec l’implication de notre jeunesse sous forme d’entreprenariat non de « kolkhoz » peuvent pourquoi pas nous propulser vers l’émergence. C’est pourquoi en  symbiose avec le célèbre cri de cœur de Martin Luther King I have a dream pour une Amérique multiraciale que j’utiliserai avec modestie, admiration et respect et qui comme une prémonition semblait annoncer l’avènement de Barack OBAMA Président des Etats Unis. En symbiose avec cet appel et ce cri de cœur je vous dirai Monsieur le Président

I have a dream de vous voir avec tous vos prédécesseurs sans exclusive sur le perron du Palais devisant sourire aux lèvres. Image fugace pour un Mali réconcilié et tourné vers l’avenir.

 

 

I have a dream que tous ensemble main dans la main pour le premier coup de « daba » d’un champ collectif au profit de notre jeunesse.

 

 

I have a dream que vos épouses ayant vu avec compassion cette jeunesse téméraire en file indienne volontaire pour monter au front afin de bouter les Jihadistes hors de notre Pays. C’étaient vos fils et petits fils, l’innocence s’offrant en agneau de sacrifice pour l’honneur de la patrie et la dignité de son Pays.

 

 

Enfin I have a dream que tous ensemble encore une fois nous allons transformer le Nord en un espace où il fera bon vivre, en caravane pour la paix, en ballade sur le dos des chameaux ou en bivouac au bord des oasis sous le ciel limpide et étoilé enveloppé du silence sublime du désert brisé seulement par nos rires de joie d’un Mali réconcilié avec lui-même.

Monsieur le Président

 

 

Pour certains cette contribution n’est que cacophonie et pour d’autres une utopie.

Est-ce une cacophonie que de se battre pour l’unité, la réconciliation et le dialogue. Est-ce une utopie quand on sait qu’après le fracas des armes, c’est par le dialogue que la paix s’instaure.

 

Monsieur le Président

En 1961 en marge de la conférence des Pays non alignés à Belgrade, Feu le Président Modibo Kéïta avait reçu étudiants et stagiaires maliens avec la sincérité et l’engagement qu’on lui connaît il, nous tint ces propos « vous êtes les responsables de demain étudiez avec acharnement afin que votre pays soit fier de vous et gardez intactes les vertus de dignité et d’honneur du Mali. Le destin est dans toute chose et toute chose est dans le destin. Ce n’est pas parce que le mien a fait de moi  Président de la République que j’aime le Mali plus que vous ».

 

 

Fousseyni DIARRA

Pilote Commandant de bord à la retraite

A Fass Mbao-Dakar/Sénégal

Tél : (00221) 33 853 00 48

Cél : (00221) 77 165 27 44

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