L’appartenance à un parti politique surtout à sa direction, exige une certaine réserve d’opinion personnelle, pour ne pas être en porte à fauxavec la prise de position du parti. Cependant ,vivant les mêmes réalités qui touchent la nation, on ne peut pas ne pas s’exprimer, comme si on n’existe pas, comme si on est absent.
J’ai milité, en qualité de Secrétaire aux relations extérieures, dans le bureau national du parti RND, présidé par feu Me Abdoulaye Garba TAPO, qui venait juste de quitter le gouvernement alors qu’il était Ministre de la justice. Je n’ai pas voulu suivre le Président TAPO dans la fusion du RND avec l’ADEMA, en dépit de son offre de me faire entrer dans le bureau exécutif du parti ADEMA, ce qui n’a nullement affecté nos excellents rapports entretenus jusqu’à sa regrettable disparition.
Quelques années plus tard, après des rencontres avec des cadres du parti UDD, j’ai accepté de militer dans cette formation, suite aux ultimes discussions avec Monsieur Tièman Hubert COULIBALY, Secrétaire Général du parti en ce moment.
Au congrès du parti UDD en 2010, j’ai été élu 2e Adjoint au Secrétaire Général, pour ensuite devenir Président de la Section de Kéniéba, en 2015 et Président de la Coordination Régionale de Kayes la même année, ayant contribué physiquement, financièrement, dans les instances, structures, missions et évènements, à travers le pays.
A l’issue de la 12e Conférence Nationale de 2018, j’ai été élu 1er Adjoint au Secrétaire Général, devant assumer statutairement, les fonctions de Secrétaire Général, après la démission du Secrétaire Général, en 2020.
Depuis 2010, mon action s’est inscrite dans la ligne de conduite du parti UDD, qui s’est activement opposé au coup d’état de 2012, dans le regroupement anti putsch « FDR ». Par la suite, le président du parti a siégé au gouvernement d’ouverture du 20 août 2012 et dans d’autres gouvernements jusqu’à la réélection du candidat Ibrahim Boubacar KEITA en 2018.
Dans mon parcours au sein du parti UDD, je n’ai eu ni rétribution promotionnelle ni avantages tirés du régime. La loyauté qui est une aliénation partielle volontaire de soi, ne rencontre pas parfois le répondant, mais le prix à payer, nourrit la conviction.
Il est important de préciser que je ne m’exprime pas en qualité de cadre d’un parti politique, mais au nom de ma citoyenneté.
Dans cette transition militaire, les oppositions se jouent sur une équation accessoire : élection à court terme ou prolongation de la transition. Or, il me semble que la question substantielle préalable, véritable gage de stabilité institutionnelle, est celle des réformes au risque d’un« remake » d’alternance par la rue ou le coup d’état. Une réelle et profonde réforme institutionnelle et de tout ce qui en dépend comme ordonnancement juridique s’impose.
Il nous faut, à mon avis réviser la Constitution pour la purger :
– des lacunes, telles l’absence de remplacement prévu du Président de la République en cas d’absence du Président de l’Assemblée Nationale devant assurer l’intérim, entre autres ou l’absence de mécanisme efficace pour destituer le Chef de l’Etat, pour fautes graves définies et précisées, alternativement à la destitution par la rue ou la force militaire ;
– des surcharge d’institutions, comme la Haute Cour de Justice ;
Les conditions d’exercice des libertés publiques et individuelles sont à revoir, sans oublier la question récurrente d’abstention aux élections, et doit s’interroger ce sur ce que vaut la légitimité avec nos taux d’abstention.
Il ne sert à rien de faire un faux départ, pressé pars des organismes qui ne peuvent pas connaître nos intérêts mieux que nous. Du reste, avons-nous les mêmes intérêts ? Les intérêts divisent, mais l’objectif réunit.
Une nation consciente, ébranlée, traumatisée par tant de tragédies et de crises répétitives, doit avoir un minimum de retenue pour se mettre d’accord sur l’essentiel afin de se relever au nom de sa dignité.
Reconnaissons, nous avons de graves failles dans notre système démocratique donc dans la gouvernance. Il faut construire des institutions solides et amorcer le développement d’un nouveau comportement national.
Nous voulons une bonne gouvernance civile ou militaire, amorcée à la faveur de vraies réformes et non d’un agenda d’élection précipitée. L’Etat si dévasté par tant de morts et d’horreurs est menacé dans son existence. La sécurité prime sur tout.
Interrogeons-nous :
Si l’élection est peut-être un gage de stabilité, est-elle un gage de redressement et de bonne gouvernance ?
Le redressement est-il le monopole d’un régime « démocratiquement » élu ?Un gouvernement de transition n’en a-t-il pas le droit ?
Qui a le monopole de bien faire ?
Me Sylvain Makan KEITA