Enlèvement d’humanitaires, destruction des infrastructures d’approvisionnement, attaques contre des missions médicales, vols … et maintenant assassinat du médecin militaire de Kidal ! Les groupes armés terroristes ont fait de Kidal un champ de bataille, un malade, un corps exsangue, qu’on achève peu à peu à force d’en détourner les soins. Le silence complice et coupable d’une poignée de chefs de clans menace directement la population.
Les crises sanitaires que Kidal a connues et s’apprête à revivre n’ont rien d’une fatalité. Le choléra, endémique depuis que l’accès à l’eau potable est devenu un luxe, sévit encore dans la ville. L’abnégation des associations et du personnel médical n’y peut rien. Les épidémies de rougeole sont à peine contrôlées. La géographie, le climat, les déplacements de populations dans l’Azawad ne provoquent pas ces catastrophes. Celles-ci sont orchestrées par des terroristes, des trafiquants, des hommes au cynisme débridé qui ont compris tous les bénéfices qu’un tel chaos pouvait leur laisser entrevoir.
Samedi soir, c’est le chef des médecins militaires de Kidal qui a été assassiné. Non pas à Kidal, car justement cette insécurité chronique l’empêchait d’exercer ses fonctions, mais à Gao où il résidait. Gao, où ces mêmes groupes armés entravent le processus du MOC depuis plusieurs semaines. Des patrouilles communes entre la CMA, la Plateforme et les Fama auraient dû circuler dans la région depuis la fin avril. Mais toujours rien ! Qui porte la responsabilité de ces retards ? Principalement certains cadres de ces groupes, qui ont trainé des pieds pour dévoiler leurs listes de combattants. Ceux-là mêmes qui exigent aujourd’hui l’accélération de la mise en place d’autorités intérimaires et qui eux-mêmes violent quotidiennement le cessez-le-feu au mépris de la vie des populations du Nord Mali.
C’est donc à l’arme blanche que ce commandant de l’armée malienne a été lâchement assassiné, alors qu’il rentrait chez lui. Après les embuscades en bord de route, les assauts sur des postes de contrôle, Voici venir le temps des attaques de voyous. Rien n’arrête les terroristes. Le symbole est double : à travers Mahamadou Camara, c’est non seulement un haut représentant de l’Etat malien qui a été visé, mais aussi un homme dévoué à ses compatriotes. Un homme déterminé à maintenir les habitants de Kidal chez eux.
Cet homme dédiait sa vie à panser les plaies infligées par les terroristes aux hommes et aux femmes de Kidal. Il ne se résignait pas à voir cette ville vidée de sa population. Une population chassée par l’insalubrité et l’insécurité. Une population dépendante du bon vouloir des groupes armés pour ouvrir des couloirs humanitaires aux ONG. Le message des terroristes est clair : « Nous contrôlons vos vies pour faire prospérer nos trafics! ».
Un million et demi de personnes dépendent de l’aide humanitaire au Nord Mali et près de deux millions souffrent toujours d’insuffisance alimentaire. Quelle cause défend réellement Ansar Dine ? En affamant les Kidalois, que recherchent Iyad ag Ghaly et de son complice Cheikh Ag Aoussa ? Pour sauver Kidal d’un chaos sanitaire certain, éradiquons la gangrène terroriste !
Ibrahim Keïta
L’Etat doit prendre ses responsabilités et dénoncer cet état de fait et mettre la Minusma en demeure de prendre les dispositions pour ramener la paix dans ces régions du Nord. Les rebelles veulent imposer l’inaction du gouvernement et son absence des territoires du Nord, le Gouvernement doit se battre pour imposer la présence de l’Etat au Nord!
Paix à l’âme du défunt. Assassiner un médecin en zone de guerre relève non seulement de la sauvagerie de ceux qui ont perpétré ce crime, mais de la réalité de cette zone de non-droit qu’est devenu le Nord du Mali. La question : à quoi nous sert toute cette armada internationale (MINUSMA, Barkhane, ….), voire l’Armée Malienne, quand le minimum de sécurité ne peut être garanti ? L’Etat du Mali, si tant est qu’il y a encore un Etat dans ce pays, doit prendre ses responsabilités entières si le Mali doit rester UN. Car nous assistons à la dégénérescence progressive du Mali en tant qu’entité territoriale. Ne nous fourvoyons pas! Seuls les Maliens pourront éviter cette désintégration de notre Etat! Ni MINUSMA, ni la Communauté internationale, ni la France … ne lèveront le petit doigt si cela devait arriver. Le plus dramatique est que les gouvernants maliens “s’engraissent” et se “beurrent” dans la capitale, convaincus sans doute, que le Mali se réduit à Bamako et environs.
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