Kidal, rebellion et négociation

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Un soldat malien en patrouille sur une route entre Gao
Un soldat malien en patrouille sur une route entre Gao et Kidal, le 26 juillet 2013.
AFP

Il y a un certains nombres de mensonges sur la région de Kidal et plus particulièrement sur la ville de Kidal qu’il me semble important de briser tant le moment fatidique de la dure négociation entre le Mali et les rebelles approche.

 

Tout d’abord pourquoi la ville de Kidal cristallise-t-elle les débats? Pour la simple raison que c’est la seule ville dans le Mali où les rebelles possèdent une petite base militante capable de se mobiliser pour manifester. Par petite base militante j’entends entre 200 et 500 personnes (Mon impression). Alors on nous dit qu’ils sont dans les camps de réfugiés…Sachant que les départs en masse ont commencé avec l’invasion du nord et non avec le retour de l’armée, l’argument s’écroule. Pourquoi fuir son supposé liberateur?

 

 

Il n’y a jamais eu plus dans une manifestation du Mnla. Et avouons que sur 20000 habitants de la ville de Kidal les capacités de mobilisation sont faméliques. Et à ceux qui continuent de nous bassiner avec “Kidal berceau des rebelles”, le député de la ville n’est autre que Ahmoudène Ag Iknasse un indépendant farouchement opposé au Mnla, élu dès le premier tour…C’est dire!

 

 

Surtout quand ce dernier dit ceci: “Nous, nous sommes des Maliens, c’est pourquoi quand ils ont pris la ville de Kidal, je l’ai quittée. Je suis parti dans mon campement avec ma famille. Via le Niger, je venais prendre mon salaire pour retourner dans mon campement. Nous avons fait savoir aux rebelles que nous sommes du Mali et nous resterons au Mali” Le tort pour les détracteurs d’Ag Iknasse c’est qu’il est de la même tribu qu’Ag Gamou, Imghad, pire il a 3 fils dans l’armée malienne….et là vous comprenez que le conflit a une dimension tribale il ne s’agit pas de touaregs contre le reste du Mali.

 

 

Et même sur des bases tribales, ces mouvements n’ont pas de socle solide dans la population. Je n’ai pas vu la population hurler de joie quand ils sont entrés à Tombouctou et Gao et Kidal, par contre j’ai vu l’inverse à la libération. J’ai vu des scènes de joie à Kidal à l’arrivée des forces armées maliennes. J’ai vu des populations battues et terrorisées par des hommes en armes car elles étaient noires ou pro Mali ou fières de voir le retour de l’armée.

 

 

Sous prétexte de vouloir éviter un affrontement armé, l’armée malienne ne possède pas plus de 300 hommes dans la ville de Kidal, et ils ne peuvent avoir accès à certaines zones, empêchés par la Minusma. Les patrouilles de l’armée malienne ne servent à rien, au contraire à défaut de se barricader ce sont des cibles sur pieds. Nos hommes n’assurent en rien la sécurité des habitants et la Minusma ne fait guère mieux. Je n’accuse pas les soldats de la Minusma mais les politiciens à la tête de l’organisation. Nous avons vu au cours des derniers événements que ces soldats ne sont pas mieux lotis que les maliens.

 

 

Par cette politique on a laissé depuis 7 mois la ville de Kidal aux mains d’un petit noyau d’extrémistes qui n’hésitent pas à envoyer des femmes et des enfants contre des soldats, pendant qu’ils paradent dans les beaux hôtels de Ouagadougou. Ces petits groupes terrorisent la population qui ne leur est pas favorable, organisent le racket des commerçants, et va jusqu’à tuer (Meurtre des deux journalistes de Rfi).

 

 

La politique laxiste mise en place à Kidal, est le fruit d’une erreur d’appréciation de la communauté internationale, penser que Kidal était le bastion incontesté de la rébellion et qui fallait donc un traitement particulier, était une idée génialement fausse. La solution aurait été de traiter Kidal comme toutes les villes, pousser les extrémistes dehors et ensuite négocier (Pour les otages et le reste). Au lieu de cela on leur a offert un terrain de jeu. D’ailleurs pour ceux des rebelles qui hurlent à gauche et à droite qu’ils sont les représentants de “l’azawad”, mes représentants donc, je les invite à  aller marcher à Gao, à Tombouctou, Tessalit, qu’ils organisent une marche pro-indépendance, ils verront alors à quel point ils sont soutenus. Tout ceci n’est qu’une mascarade organisée par 3000 – à la louche- individus armés qui pourrissent la vie à des millions d’autres. Ces gentils rebelles empêchent le retour du personnel médical, le retour des enfants à l’école, couvrent les activités des terroristes, elle est belle la rébellion….

 

 

Quand je vois des soi-disant chercheurs comme Boilley, Hawad, ou encore Chomski-Magnis, c’est dire si l’on est tombé bien bas, valider certaines thèses racialistes du Mnla je me dis que menteur c’est une profession, et je ne parle même pas de ces humanitaires ou journalistes qui viennent nous expliquer le Mali et tout ça parce qu’un jour ils ont discuté sous une tente avec Ag Attaher dans la région  en écoutant le blues de Tinariwen. C’est comme si moi en écoutant Renaud dans un camping de la Côte d’azur je me déclarais spécialiste de la politique Française.

 

 

Le charlatanisme a de beaux jours devant lui, rappelons aussi que ces gens avaient dépeint le Mali comme un sud noir et un nord blanc, mon nord à moi serait exclusivement blanc. Moi quand je me suis baladé dans Gao, Tombouctou, Kidal, je n’ai vu qu’un arc-en-ciel, de noirs, arabes, Touaregs, on vivait les uns pour les autres, les uns avec les autres et cela existait depuis des siècles. Mais bon le travail historique ça fatigue, pardonnons leur les raccourcis simplistes.

 

 

Il n’y aura pas de négociation et de paix viable au Mali sans un cantonnement effectif et là aussi le mensonge est de mise. Les rebelles veulent être cantonnés dans les trois régions du nord et estiment avoir plus de 9000 combattants. Avec 9000 combattants on ne se fait pas expulser en un jour de toutes les régions du Mali par 1000 combattants d’Aqmi. Et c’est ce qui est arrivé au Mnla en juin 2012. L’objectif est financier, le cantonnement est un moyen pour avoir plus d’argent plus de vivres…

 

 

Ensuite sachant qu’ils sont pour la grande majorité à Kidal pourquoi vouloir des camps à Gao et Tombouctou, sinon pour agir comme une armée d’occupation et pouvoir étendre leur banditisme aux autres régions de manière plus efficace.

 

 

Autre micmac le choix du médiateur, je tiens à rappeler ici que les chefs du Mnla après la rouste reçue à Gao en juin 2012 avaient détalé à Ouaga grâce à un hélicoptère envoyé par Blaise Compaoré. Je tiens à rappeler que depuis 1 an on nous a déclaré la guerre 6 fois à partir du Burkina un pays ami et frère, selon l’expression consacrée. Ces gens sont à Ouaga depuis plus d’un an logés nourris blanchis. Par qui?

 

 

L’hospitalité offerte par Compaoré à nos agresseurs a de quoi irriter, et le fait que le Mnla insiste pour que la médiation se tienne à Ouaga accroît cette irritation et la méfiance. N’y allons pas par 4 chemins, rares sont les gens au Mali ayant confiance en Compaoré, et ce depuis le début et malgré les prouesses de Bassolé dans la gestion du cas Sanogo.

 

 

L’Algérie apparaît comme un médiateur plus acceptable, mais il ne faut pas oublier qu’ils avaient poussé sur le devant de la scène ce cher Iyad Ag Ghali, et que cette stratégie s’est soldée par un échec puisque ce dernier est à l’origine de l’attaque de Konna.

 

 

Le Maroc est également cité comme possible médiateur, mais honnêtement je trouve que les Marocains sont plus dans une phase où ils essayent de prendre pieds dans le dossier, pour s’inviter à la table des grands du sahel/Sahara. Le Maroc fait bien de s’impliquer car il est tout aussi concerné, mais je pense qu’ils ne sont pas assez influents pour peser sur le débat, du moins pas aussi influents qu’Alger. De plus il ne manquerait plus que ces deux la exportent leur petite guéguerre au Mali….Enfin on parle du Niger, mais étant donné la virulence des propos  du gouvernement Nigérien envers le Mnla, il serait étonnant que ces derniers puissent être médiateurs.

 

 

La bonne solution pourrait être une médiation Onusienne, en Suisse, avec toutes les parties prenantes au conflit, et on prendrait le temps de discuter toutes les questions de fond y compris les plus difficiles. Je ne comprends pas pourquoi ce regain de patriotisme, ce soudain attachement à régler un problème malien entre maliens et à Bamako, l’important n’est-il pas de trouver une solution peu importe le lieu ou le médiateur. S’il faut pour la paix que l’on signe un accord à “Montevideo”  pourquoi ne pas le faire. Apres tout c’est de la vie d’êtres humains dont on parle.

 

 

La seule “bonne nouvelle” est qu’au moins les groupes armés vont aller grouper aux négociations, ce qui nous évite des discussions sur plusieurs fronts. Je rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, les gars d’ansardine devenu HCUA traitaient le Mnla d’infidèles à la botte des occidentaux n’étant actifs que sur Facebook, et le Mnla lui traitait les 2 autres groupes (MAA et Ansardine) de terroristes et de narcotrafiquants…Finalement tout ce beau monde a fini par s’aimer, preuve qu’ils ne sont pas si différents.

 

 

 PS: 11 ONG viennent de lancer un message urgent, la crise alimentaire menace plus de 800000 personnes au nord, et la situation actuelle ne laisse pas entrevoir une amelioration. Peut-être est-il temps de penser aux réfugiés, aux parents et aux enfants qui souffrent de cette crise.

 

askiamohamed | février 5, 2014 

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1 commentaire

  1. C’est une analyse d’un enfant du terroir, plus proche des réalités.Il faut agir et vite pour réfléchir sereinement sur les voies et moyens réels d’entretenir la paix difficilement retrouvée.
    Le regroupement des mouvements n’est qu’une farce qui peut éclater à tous moments, ce n’est qu’un jeu d’intérêts, que faire des islamistes qui pilulent la région et qui ne sont pas dans les négociations.
    Le BF (MNLA), l’Algérie (AQMI), la Suisse (MNLA), la Mauritanie (MNLA), la France(MNLA)où aller pour négocier BAMAKO!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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