Somita Kéïta nous fait parvenir une excellente contribution sous le titre ‘’Ces intellectuels africains de la diaspora qui travaillent pour éclairer les peuples africains’’. Nous vous en proposons la première partie.
Rappelons-nous cette Afrique d’hier où le nationalisme recommandait la solidarité africaine. J’en veux pour preuve ce témoignage de Colin LEGUM : « Toutes les fois que les nationalistes croient leur indépendance menacée ou que les Occidentaux, c’est-à-dire les Blancs, se liguent contre eux, des feux du négritisme qui couvaient sous la cendre ressurgissent des flammes capables de s’élever aussi haut que jamais. Il suffit de se reporter aux discours du Parlement nigérien, lors du débat sur les premières expériences atomiques françaises au Sahara, pour se convaincre de la force de ce réflexe. Voici, à ce sujet, un exposé caractéristique, fait par M. R. A. Fani-Kayode, député d’Ife : Voici l’occasion que nous n’avons cessé de guetter ; les Noirs dispersés sur toute l’Afrique doivent rester debout ou tomber ensemble. Je l’ai dit et répété dans cette assemblée : le nigritisme est la réponse à nos problèmes. » A cette occasion le Mali, la Guinée, le Ghana ont condamné la France et le Maroc a rappelé son ambassadeur de France. C’était l’Afrique d’hier où les Africains avaient du cœur et une dignité ; plus nous nous éloignons de la période coloniale, plus l’Afrique perd son cœur, plus l’Afrique perd sa dignité, plus l’Afrique perd son âme !!!
A la Conférence de Casablanca, le Dr N’Krumah définissait admirablement sa position en ces termes : « L’avenir de l’Afrique dépend d’une union politique, une union politique à l’intérieur de laquelle les activités économiques, militaires et culturelles se trouveraient coordonnées pour la sécurité de notre continent.»
L’Afrique n’ayant pas retenu cette leçon, nous subissons aujourd’hui les bombardements nocturnes des capitales et des palais par les puissances occidentales liguées contre l’Afrique. Cela au nom des rébellions et des insurgés et sous les fallacieux prétextes d’apporter la démocratie en ne laissant derrière elles que ruine et désolation. Avec la complicité tacite ou démagogique de certains Etats africains balisant la voie pour le triomphe du néocolonialisme et de l’impérialisme.
Dans cette parade des plus puissantes forces militaires de l’Occident liguées contre la petite Libye, il est significatif de rappeler aux Etats Africains ces propos tenus au dernier Congrès panafricain à Manchester, en octobre 1945, où l’Afrique formulait catégoriquement son exigence : « Nous sommes décidés à être libres, et, si l’Occident est toujours résolu à gouverner l’humanité par la force, alors les Africains, en désespoir de cause, peuvent se voir dans l’obligation d’en appeler à la force dans leurs efforts pour parvenir à la liberté totale, même si la force devait les détruire, eux et le monde.»
Les intellectuels africains, hier comme aujourd’hui, ont compris que la fin du colonialisme ne produira pas ipso facto un nouveau paradis Noir. « Les problèmes de la décolonisation : décolonisation des institutions politiques, de l’économie aussi bien que des mentalités, susciteront des affrontements aussi sérieux que la lutte contre le colonialisme lui-même » avait dit Aimé Césaire dans son exposé de la théorie « copernicienne ».
Un homme a compris que l’Afrique n’a pas les moyens de faire face à sa décolonisation économique et à celle des mentalités. Cet homme c’est le Colonel Kadhafi. Il s’engagea à mettre à la disposition du continent les ressources nécessaires pour la libération totale de l’Afrique. Des intellectuels africains de la diaspora se disent redevables à leur continent, à leur mère patrie et font un corps unique avec leurs peuples. Scandalisés, choqués, indignés, blessés dans leur amour propre, sidérés par sept siècles de pillages, d’exploitations abusives voire dévastatrices de nos ressources, ils ont mis leur savoir au service de l’éclairage des peuples africains. C’est ainsi que Jean Paul Pougala a écrit un article intitulé ‘’Les mensonges de la guerre de l’Occident contre la Libye’’.
Dans le chapitre A, ‘’Les vraies raisons de la guerre en Libye’’, au point 1, nous relevons : « L’Europe encaissait 500 millions de dollars par an sur les conversations téléphoniques des Africains. Alors qu’un satellite africain coûtait juste 400 millions de dollars payables une seule fois, évitant ainsi le payement des 500 millions de location par an. Quel banquier ne financerait pas un tel projet ? Mais l’équation la plus difficile à résoudre était : comment l’esclave peut-il s’affranchir de l’exploitation servile de son maître en sollicitant l’aide de ce dernier pour y parvenir ? Ainsi, la Banque Mondiale, le FMI, les USA, l’Union Européenne, ont fait poiroter inutilement ces pays pendant 14 ans.
C’est en 2006 que Kadhafi met fin au supplice de l’inutile mendicité auprès des prétendus bienfaiteurs occidentaux, pratiquant des prêts à un taux usuraire. Le guide libyen a ainsi mis sur la table 300 millions de dollars, la Banque Africaine de Développement 50 millions, la Banque Ouest Africaine de Développement 27 millions. C’est ainsi que l’Afrique a, depuis le 26 décembre 2007, le tout premier satellite de communication de son histoire. Dans la foulée, la Chine et la Russie s’y sont mises, cette fois en cédant leur technologie. Ils ont permis alors le lancement de nouveaux satellites, sud-africain, nigérian, angolais, algérien.
Un deuxième satellite africain est même lancé en juillet 2010. Et on attend pour 2020, le tout premier satellite technologiquement 100% africain et construit sur le sol africain, notamment en Algérie. Ce satellite est prévu pour concurrencer les meilleurs du monde, mais à un coût dix fois inférieur. Un vrai défi. Voilà comment un simple geste symbolique de 300 petits millions peut changer la vie de tout un continent. La Libye de Kadhafi a fait perdre à l’Occident, pas seulement 500 millions de dollars par an, mais les milliards de dollars de dettes et d’intérêts que cette même dette permettait de générer à l’infini et de façon exponentielle, contribuant ainsi à entretenir le système occulte pour dépouiller l’Afrique.»
Point 2 : Fonds Monétaire Africain, Banque Centrale Africaine, Banque Africaine des Investissements. Dans ce point, nous retenons ceci : « Les 30 milliards de dollars saisis par M. Obama appartiennent à la Banque Centrale Libyenne et prévus pour la contribution libyenne à la finalisation de la fédération africaine à travers 3 projets phares :
-la Banque Africaine d’Investissement à Syrte en Libye,
-la création dès cette année 2011 du Fonds Monétaire Africain avec un capital de 42 milliards de dollars avec Yaoundé pour siège,
-la Banque Centrale Africaine avec le siège à Abuja au Nigeria dont la première émission de la monnaie africaine signera la fin du Franc CFA grâce auquel Paris a la mainmise sur certains pays africains depuis 50 ans.
On comprend dès lors et encore une fois la rage de Paris contre Kadhafi. Le Fonds Monétaire Africain doit remplacer en tout et pour tout les activités sur le sol africain du Fonds Monétaire International qui avec seulement 25 milliards de dollars de capital a pu mettre à genoux tout un continent avec des privatisations discutables… »
Cette contribution libyenne à la finalisation de la fédération africaine devait faire l’objet d’une large diffusion par tous les médias d’Afrique afin que l’opinion populaire africaine soit sainement informée. Tout ce qui touche à l’avenir de l’Afrique ne doit pas être le monopole d’une infime minorité de dirigeants.
Pour comprendre les conséquences de ces projets sur l’économie européenne, surtout sur l’économie de la France à travers la monnaie africaine qui signera la fin du franc CFA, citons longuement le professeur N. Agbohou : « Les dirigeants africains, en voulant coûte que coûte utiliser l’euro, sacrifient expressément leurs populations dénudées et sans défense sur l’autel expiatoire de l’accord monétaire Afro européen. Le FCFA et l’euro sont fondamentalement contre l’Afrique. Parce que, comme on le constate, les Africains sont victimes des exécutions sommaires engendrées par l’application institutionnalisée de cette politique d’austérité interminable définie hors de l’Afrique et contre le bien-être socio-économique des pays africains de la zone Franc. (PAZF).
Il faut aussi souligner, avec force, que cette politique monétaire d’austérité sans fin est volontairement conçue et institutionnalisée pour obliger les Africains à accroître leur capacité d’épargne.
Et cette épargne forcée n’est pas destinée au développement de l’Afrique. Mais, elle est constituée pour renforcer, de façon prioritaire, les comptes d’opérations ouverts sur les livres du Trésor Public de la France, au nom de chaque Banque Centrale Africaine. En d’autres termes l’arrimage du FCFA à l’Euro a pour fondement l’extraversion des capitaux africains. » Le FCFA et l’Euro contre l’Afrique. P77.
La finalisation du projet de la Banque Centrale Africaine ne mettra-t-elle pas fin à cette exploitation financière ? Si oui, l’Afrique doit se réveiller !!!
Comment, par le biais de la dévaluation du FCFA, la France et l’Europe pillent-elles l’économie des pays africains de la zone Franc (PAZF) ? Agbohou nous éclaire : « La dévaluation du Franc CFA se révèle ainsi être comme un des moyens très efficaces de remplissage rapide des comptes d’opérations en France. Ce remplissage s’opère contre le bien-être socio-économique des Africains dont les capitaux prennent ainsi le chemin de l’exil, alors même que ces populations épargnantes sont en proie à la faim, succombent quotidiennement de maladies bénignes et de la misère noire sans limite.»
A suivre !
Somita KEITA, Rue 364. P.n° 150 Dravéla
Somikeit@yahoo.fr