Plus de deux mois après la mort de Bah Moussa, le JNIM n’a toujours pas fait d’annonce officielle concernant sa succession. Iyad Ag Ghaly a sans doute du mal à « remplacer » l’un de ses plus proches lieutenants. Comment expliquer sinon qu’il se montre aussi silencieux ?
Bah Moussa savait mobiliser les combattants de toutes leskatibat pour leur confier leurs missions destructrices, il était l’homme de confiance d’Iyad. Mort le 10 novembre 2020 dans une action menée conjointement par nos forces armées et par Barkhane, le JNIM se trouve désormais privé de l’un de ses chefs emblématiques.
Depuis, qu’en est-il ? La réserve de cadres du JNIM semble s’être considérablement réduite. Certes, Sidan Ag Hitta s’est illustré lors de la négociation des prisonniers en octobre 2020 et voudrait s’imposer comme l’émissaire de la partie terroriste pour discuter avec l’Etat malien. Toutefois, on sait bien qu’il n’a pas le profil pour succéder à Bah Moussa ; il ne fait pas partie du clan Ifoghas et n’a aucun soutien communautaire dans l’Adrar. Il est inconnu de Ménaka jusqu’à Mopti, et même à Bamako. Sa légitimité ne sera jamais reconnue par les filiales du JNIM, particulièrement par la katiba Macina.
Si Iyad en venait à faire ce choix « par dépit », ce serait bien la preuve qu’il n’a pas d’autres solutions et qu’il prend le risque de voir son organisation imploser. Seul Bah Moussa représentait ce « ciment » entre des organisations de combattants aux intérêts très divers.
Alors que l’on parle de négociations à venir entre l’Etat malien et le JNIM, gardons bien à l’esprit qu’Iyad est vieillissant, profondément affaibli et à la tête d’une organisation terroriste à la dérive. Il n’est aujourd’hui plus dans une position de force ni face au gouvernement, ni à la communauté internationale.
Ibrahim Keïta
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