Intégration : Quel avenir pour l’Union Africaine ?

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Lorsque le 25 Mai 1963, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) a été mise sur les fonds baptismaux, l’acte a été salué et chanté par tous les peuples des territoires indépendants d’Afrique. Les peuples des pays indépendants d’Afrique ont chanté parce que venait de naitre pour eux le cadre idéal de leur émancipation. Au même moment, les peuples encore sous domination étrangère ont eux aussi fêté, parce que le point d’appui venait d’être mis en place pour l’avènement de leurs indépendances.

De sa naissance à sa mutation en Union Africaine (UA), l’OUA a su faire entendre sa voie et soutenir simultanément les luttes des indépendances de pays encore colonisés et l’apartheid en Afrique du Sud. L’OUA a su faire naitre des pôles de développement sur le continent, grâce auxquels apparaissait un réel espoir de développement de la coopération intra-africaine.

Avec la naissance de l’Union Africaine à SIRTE en juin 2000, les peuples africains avaient cru avoir été conduits vers un stade plus avancé de l’organisation africaine.

Mais hélas, tout semble laissé croire que l’UA ne peut rien pour l’Afrique et ceci à partir d’un certain nombre de constats :

1)         Contrairement à l’OUA, l’UA est portée par très peu d’hommes de conviction, évidemment pour le malheur des peuples africains;

2)         Aucune discipline interne ne commande les mandataires de l’UA, faisant que ses représentants choisis pour faire entendre la voie de l’Afrique lors des grandes rencontres comme celle qui a autorisé l’agression contre le peuple souverain de Lybie, s’autorisent le droit d’agir à leur guise, allant jusqu’à apporter leur caution à de telle agression;

3)         La principale force de l’OUA était la solidarité agissante. Cette pratique est désormais mise dans les oubliettes, chacun préférant s’occuper de soi, oubliant les autres frères africains ;

4)         Consciemment ou inconsciemment, les dirigeants actuels de l’Afrique, pour diverses raisons (à eux de nous dire lesquelles) acceptent d’assister au démantèlement des quelques rares supports économiques endogènes qui se sont avérés disponibles pour le continent ;

5)         La paresse et/ou la peur tendent à s’installer durablement chez nos dirigeants dès qu’il est question de procéder à des analyses et choix politiques conséquents pour faire   obstacles aux velléités néocoloniales qui restent pourtant d’actualité (n’en déplaisent aux champions aliénés de la mondialisation). Ces derniers continuent d’ignorer que pour les tenants du néocolonialisme, l’Afrique n’a pas d’histoire et ne saurait en avoir.

Rappelons que dans cet ordre d’idée et pour ces ténors :

–           Lorsque César ou Rome faisait ses conquêtes en faisant étalage de sa barbarie face à ses victimes, il ou elle faisait l’histoire. Ces entreprises étaient considérées comme des missions civilisatrices ;

–           Lorsque Napoléon Bonaparte voulait conquérir la Russie, la mission était civilisatrice ;

–           Jusqu’au moment où Adolphe Hitler s’était engagé à détruire le communisme, il était encore civilisateur ;

–           Lorsque l’Europe a décidé de se partager l’Afrique, sa mission était civilisatrice ;

 

–           Aujourd’hui encore, chaque fois que la sainte alliance des pays occidentaux, érigée pour la circonstance en ‘’communauté internationale’’, veut s’en prendre à un pays ou à ses dirigeants, la mission est civilisatrice dans sa formulation moderne qu’est la démocratisation.    

 

6)         L’Afrique tend à accepter le désormais rôle de souffre- douleurs à elle destinée par les autres, à telle enseigne qu’elle n’a plus besoin d’être consultée quand bien même la décision à prendre la concerne directement et en premier lieu ;

7)         La voix de l’Afrique n’existe pratiquement plus, en sorte que les africains continuent de se contenter d’informations mensongères, préfabriquées ou déformées à souhait par les médias occidentaux à des fins de manipulation et d’aliénation. Remarquons que pour ces médias occidentaux et leurs mentors, un pays peut être arabe ou africain en fonction de leurs objectifs.

Tel est aujourd’hui le cas de la Lybie qui est devenu directement arabe par le bon vouloir des nouveaux maîtres du monde. Bien sûr qu’une fois leurs objectifs atteints, ils finiront par se souvenir qu’avant tout, ce pays est d’abord africain.

Après ces quelques éléments de constats non exhaustifs d’ailleurs, l’Afrique paraît aujourd’hui menacée jusqu’à son existence. La raison est toute simple. Depuis un certain temps, les dirigeants actuels de l’Afrique ont cessé de s’assumer. Tout laisse croire qu’actuellement, chacun d’eux craint de heurter le courroux de l’impérialisme international toujours actif  à nos portes.

Cependant, les occasions n’ont jamais manqué, sauf que désormais, chacun devant se soucier de sa tête,  ils ont décidé de ne rien voir ensemble, de ne rien comprendre ensemble et de s’enfermer chacun dans un mur de silence. Ceux d’entre eux qui sont d’essence mandingue doivent garder pourtant en mémoire la chanson populaire qui dit en substance ; ‘’que tu aies peur ou pas, tu finiras par mourir’’.

De son côté, l’impérialisme occidental est convaincu qu’il suffit de mettre en avant la nébuleuse question de ‘’quêtes démocratiques des peuples en crise’’, faciles à digérer et savamment distillées, pour que chacun de leurs vis-à-vis se tient tranquille dans son petit coin à défaut de servir d’amplificateur.

Mais, chacun de nos dirigeants devra se souvenir en permanence que c’est unie que l’Afrique peut  survivre. Autrement, surtout par leur comportement actuel, notre continent sera dépecé et cette fois-ci pour de bon.

Comme tous les autres peuples de ce monde, nous africains continuons à aspirer à la démocratie (la vraie), mais pas au démocratisme comme le veut l’occident.

Le démocratisme c’est quoi ?

–           Transformer chaque ambition individuelle d’un pays donné en parti politique,

–           Organiser des semblants d’élections sur des bases contestables et contestées, pourvu que le gagnant ait l’agrément de l’occident,

–           A tord ou à raison, créer les conditions pour amplifier les contestations sachant que celles-ci, sauf à grands dommages, n’auront aucune incidence sur le résultat final. Les grands dommages constituent autres sources d’endettement et de marchés. Entre temps et pour la plus part des cas, la voie des urnes n’a été que de façade ;

–           Obliger les pays à contracter des dettes improductives, à partir de mécanismes non maîtrisés pour d’abord organiser ces semblants d’élections toujours très coûteuses et jamais transparentes ;

–           Ensuite, parce qu’ami de quelques pays érigés en ‘’communauté internationale’’, s’endetter encore davantage pour ouvrir quelques chantiers de prestige. Le plus souvent ces chantiers bouffe-sous, influent très peu sur le bien être des populations.

Se rendant compte que ces dettes, contractées en leur nom et pour des objectifs qui ne sont pas leurs priorités, les peuples se rebellent.

En fonction des intérêts qu’elle vise auprès de ce pouvoir décadent, la prétendue ‘’communauté internationale’’ se remobilise, soit pour trouver un second mandat pour le tenant, soit pour procéder à son remplacement.

 

Une très faible partie des multiples dettes contractées auprès de l’occident permettent  d’amorcer le développement du pays au moment voulu, bien que l’argumentaire mis en avant et accepté à chaque fois est ‘’la lutte contre la pauvreté’’.  

 

Une nouvelle échéance électorale s’approche, on reprend le processus et tout recommence.

Tout se passe comme si ne pas accepter cette démarche, revient à être ennemi de cette irréductible ‘’communauté internationale’’.

Sont identifiés et combattus comme ennemis de la pseudo- communauté internationale, les pays qui épousent les profils suivants :

–           D’abord les pays non africains qui s’engagent avec l’Afrique vers les véritables actions de développement. Ces pays sont vilipendés à telle enseigne que les dirigeants fragiles du continent se privent des possibilités offertes ;

–           Ensuite les pays africains engagés vers la coopération intra-africaine. Ces derniers seront non seulement des concurrents à abattre, mais également des mauvais exemples à ne pas encourager.

Dans la logique des impérialistes occidentaux, toute action de développement devant utiliser les ressources naturelles de nos pays doit bénéficier de leur agrément. C’est à eux de décider quand et comment il faut les exploiter et quoi faire des miettes qui reviennent aux pays. Autrement, il faut aller chercher ailleurs sachant qu’ils mettront tout en œuvre pour faire échouer le projet en s’appuyant sur leurs hommes de main.

 

La Lybie de KHADAFI, qui s’est dédiée à l’Union Africaine après avoir positivement fait bénéficier son peuple des retombées de son pétrole, est victime de cette conspiration.     

 

Si nos dirigeants ont feint de l’ignorer, les peuples ont réagi automatiquement en organisant diverses manifestations pour dicter la voie à suivre. Malgré tout, la réaction de nos dirigeants reste encore timide. Ils attendent certainement l’assassinat du dirigeant libyen, objectif ciblé et avéré de ces impérialistes.

En voulant nier l’évidence, l’OTAN qui constitue le bras armé impersonnel de l’occident, a voulu faire croire qu’elle ne voulait pas attenter à la vie de quelqu’un. Face à la réalité, peut-elle faire croire qu’en ciblant le domicile du fils de KHADAFI tué avec trois de ses enfants, il ne voulait tuer personne ?

L’évènement est majeur et se présente comme crime de flagrant délit. Il faut donc trouver le moyen de le dissoudre dans les évènements, dans la mesure où il est objectivement injustifiable.

La mort vraie ou supposée d’Oussama Ben LADEN vient à propos, évènement qui pourrait intéresser tout le monde. S’il ya doute, c’est de chez eux que ça vient car des médias occidentaux, on ne sait jamais où se trouve la vérité et où s’arrête la manipulation. En effet, comme ils le disent eux-mêmes, plus le mensonge est gros, mieux ça porte.

Pour le moment, aucune réaction significative et tranchante de l’Union Africaine n’a été perçue encore par rapport à l’assassinat des enfants de KHADAFI. Pourtant, l’organisation est en droit de saisir le Conseil de Sécurité des Nations Unies dénoncer ce crime et tenter de faire arrêter ces frappes aveugles et criminelles. Si en coulisse une telle action a été entreprise, les peuples africains doivent le savoir.

Tout africain, qu’il soit chef d’Etat ou simple citoyen est en droit de compter sur une Union Africaine dynamique et réactive.

Si tel ne devait pas être le cas, il ya lieu de se poser des questions quant à l’avenir même de cette organisation.

La marche en avant de l’Union Africaine ne peut être assurée par les simples faits de pratiques diplomatiques.

L’Union Africaine est d’abord et avant tout une organisation issue des volontés politiques de dirigeants africains qui, à un moment donné, ont tenu compte de la précarité à tout point de vue d’un continent qui venait de se retrouver. Le continent n’est pas encore maître de lui-même ni en partie, ni dans son ensemble.

La solidarité agissante avait constitué la principale force de l’OUA. Si elle devait disparaitre des obligations de l’Union Africaine, il ne restera plus rien et personne n’y trouvera son compte.

Nous osons espérer qu’avec les différentes tournures prises par les évènements dans les pays d’Afrique du Nord, nos dirigeants seront amenés à vaincre leur peur, à se soucier ne serait-ce que pour le minimum du devenir de leurs peuples et du continent.

Quelles sont ces tournures ?

– Volonté à dessein d’ignorer l’Afrique et lui réserver une faible part dans la résolution de questions africaines, et faire intervenir d’autres voix à sa place comme constaté lors du traitement de la question libyenne, devenue subitement une question  arabe au lieu d’être d’abord africaine;

– Volonté manifeste de faire ignorer les réalités diffusées par la presse libyenne, pour laisser croire qu’en Afrique, les diffusions locales ne sont bonnes que pour la poubelle ;

 

– Soutien sans ambigüité d’une rébellion armée contre un peuple souverain, avec comme volonté manifeste d’assassiner en masse, dans le simple but de faire prévaloir des intérêts étrangers voilés, au détriment de l’intérêt de la grande majorité des populations ; 

 

– Engagement ouvert vers l’assassinant de dirigeant d’un pays souverain, du simple fait que ce dernier préfère partager les richesses de son pays avec ses frères plus tôt que de les mettre à la disposition des prédateurs du monde ;

– Engagement volontaire vers la commission d’actes qualifiables de crimes contre l’humanité, sachant par ailleurs qu’ils resteront impunis du fait de l’absolution dont se sont octroyés leurs auteurs (rapports de force obligent). Les bombardements aveugles de l’OTAN sont destinés à détruire par méchanceté gratuite les patrimoines d’un pays souverain et à tuer des paisibles populations dont le seul tord est de vouloir rester avec leur dirigeant ;

– Refus flagrant d’accueillir sur leurs sols des milliers d’émigrés en droit de compter sur cette récompense pour avoir contribuer à déstabiliser et détruire les bases économiques de leurs propres pays, etc.

L’Union Africaine de solidarité agissante doit vivre pour la survie du continent ;

L’Union Africaine doit vivre avec un mécanisme de fonctionnement dynamique et réactif ;

L’Union Africaine de solidarité agissante doit vivre parce que souhaiter par tout africain responsable ;

 

L’Union Africaine agissante doit vivre pour donner aux belliqueux de ce monde les leçons d’une autre façon du savoir vivre ensemble. 

 

 

Bou TRAORE,

 

Ingénieur des Constructions Civiles à Bamako.


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