Ces derniers temps, la situation sécuritaire s’est dégradée au Mali. Le centre, le nord et une partie du sud du pays sont confrontés à des attaques et enlèvements réguliers par des terroristes islamistes dont la force de frappe ne cesse de croître. Comment peut-on expliquer cette persistance et dégradation de la situation sécuritaire au Mali avec les attaques et enlèvements à répétition ? Dr. Aly Tounkara du Centre des Etudes Sécuritaires et Stratégiques au Sahel (CES3) analyse la situation.
Selon Dr. Aly Tounkara du Centre des Etudes Sécuritaires et Stratégiques au Sahel (CES3), « il y a deux phénomènes majeurs qu’il faut mettre en évidence : le caractère complexe de la crise et son dynamisme ». Quand on essaie de voir la courbe de la situation sécuritaire au Mali de 2012 à nos jours elle ne cesse de s’accroitre et de façon vertigineuse. Selon Dr. Tounkara, il y a deux phénomènes majeurs qu’il faut mettre en évidence.
Le premier phénomène, dit-il, est le caractère complexe de cette insécurité grandissante qui fait qu’on assiste à des revendications sécessionnistes d’une partie du peuple en l’occurrence certains Maliens de Kidal qui voulaient leur indépendance des revendications totalement territoriale.
Si on analyse bien la courbe de 2013 à aujourd’hui, avec l’intervention de l’opération Serval puis Barkhane à la suite, l’offre sécuritaire reste toujours mitigée. Pour Dr. Aly Tounkara, « on peut même dire à certains égards que Serval et Barkhane n’ont pas pu mettre fin à ces entreprises criminelles qui portent souvent l’étiquète des groupes armés violents».
Le second phénomène de cette insécurité que décrit Dr. Tounkara, est le caractère dynamique.
Dr. Aly Tounkara explique que souvent le pays est en face des gens qui se battent pour les références religieuses. « Ils sont appelés terroristes, d’aucuns préféraient l’appellation djihadiste et parfois ce sont des criminalités transfrontalières où on a des Maliens. Ce qui fait que la menace n’est pas évidente. Les mêmes trafiquants de drogue sont escortés par ceux-là même qui sont appelés terroristes. De 2015 à 2021, on assiste à une expansion du centre de gravité de l’insécurité », analyse l’expert.
Qu’est ce qui fait la difficile de localisation de ces groupes armés ? « Le caractère hybride », répond Dr. Tounkara. « Il y aussi le caractère dynamique de la violence. Même le Président de la Transition, Assimi Goïta ne peut pas dire aujourd’hui qui sont les acteurs de ces actes », précise-t-il.
Quand pourrions-nous arriver à bout de cette insécurité ? Dr. Aly Tounkara botte en touche sur cette question.
Ousmane Mahamane