insécurité en Afrique : Pour ou contre Boko Haram

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Nigeria: Boko Haram exécute 68 personnes
Un village rasé par Boko Haram (illustration).
REUTERS/Madjiasra Nako
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C’est un peuple qui se réclame des arabes. Ce peuple se trouve dans l’Etat de Borno, autour du lac Tchad, de Kousseiri. Avant  ce sont des gens qui ne s’occupaient que de leur commerce et de l’apprentissage de la lecture du Coran. Cette zone fait partie des zones moins développées dans le nord de l’Etat fédéral du Nigéria. Il a pris naissance au Nigeria dans les années 2000 au moment où Olusegun Obasanjo était au pouvoir et il n’a pas voulu faire de ça un problème majeur. «Mais le président Obasanjo a d’autres priorités : l’insurrection dans le delta du Niger, où des bandes de jeunes s’en prennent aux puits de pétrole» (Alain Vicky), journaliste).

Il s’était installé à cette époque et occupe des zones qui s’étendent sur le Nord Nigeria, le nord Cameroun, le lac Tchad sur une zone qui appartient et au Niger et au Tchad. C’est le même peuple comprenant des peuls, des beri-beri, certains haoussas et tous ceux qui ont un sentiment islamique. Il faut comprendre que sous la colonisation, il y’ a certaines familles africaines (nord Mali, Niger, Nigeria par exemple) qui réfutaient l’école occidentale parce que pour eux, l’école rend infidèles les citoyens.

Aujourd’hui, la compréhension de Boko Haram est totalement différente de l’évolution du monde. La naissance et l’expansion de Boko Haram ont leur cause dans la mauvaise gouvernance qui se résume en ces mots : l’injustice, la vision que les gouvernants ont de l’Islam. Les gens de Boko Haram ont une intention de faire de l’Islam, une religion correcte mais ils ont pris la voie la plus radicale. Ils ne doivent pas prendre les armes contre les gens et les forcer à embrasser l’Islam. Ils doivent convaincre les gens avec sagesse et argumentation. Dans le Coran Dieu dit : «Par la sagesse et la bonne exhortation appelle(les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c’est ton Seigneur qui connait le mieux celui qui s’égare de Son sentier et c’est Lui qui connait le mieux ceux qui sont bien guidés» (Coran, sourate 16, verset 125).

Dans ce qui se passe au niveau de Boko Haram, il y’a un problème de compréhension dans la Dawa. Il y’a deux niveaux de compréhension dans la Dawa :

1) Quand tu es seul devant les infidèles qui te font la guerre et qui s’opposent à toi pour t’empêcher de faire ta religion, en ce moment, c’est le jihad qui nécessite cette méthode à suivre contre les mécréants. Il faut donc appeler simplement les gens pour avoir la foi en Allah, proclamer l’unicité de Dieu. Celui qui applique ces deux choses, ira au paradis. Donc les âmes et les biens de ces gens sont prohibés pour tout musulman. S’ils refusent d’avoir la foi en Dieu et de proclamer l’unicité de Dieu, ils doivent laisser les musulmans faire les prêches entre eux, payer l’impôt pour l’état islamique (dans le cas où on est dans un état islamique). S’ils refusent de payer l’impôt, de se convertir à l’Islam, en ce moment, le jihad est autorisé. Même si tu es de même père, de même mère que l’infidèle, il n’y a rien entre vous.

Dieu dit ceci : «Tu n’en trouveras, parmi les gens qui croient en Allah et au Jour dernier, qui prennent pour amis ceux qui s’opposent à Allah et à Son Messager, fussent-ils leurs pères, leurs fils, leurs frères ou les gens de leur tribu. Il a prescrit la foi dans leurs cœurs et Il les a aidés de Son secours. Il les fera entrer dans des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux, où ils demeureront éternellement. Allah les agrée et ils L’agréent. Ceux-là sont le parti d’Allah. Le parti d’Allah est celui de ceux qui réussissent» (Coran sourate 58, verset 22).

2) La deuxième méthode : Ici, les gens sont mélangés : musulmans, chrétiens, animistes, pacéens, etc. Les musulmans ne pratiquent pas bien le vrai Islam authentique. Les gens de différentes confessions vivent ensemble sans problèmes. Donc, on ne doit pas prendre les armes contre ceux qui ne pratiquent pas bien l’Islam ou ceux qui ne sont pas musulmans. Il faut appeler les gens à se corriger et à adopter la bonne pratique de l’Islam. Le Coran demande de faire du bien pour tous les gens qui ne te font pas du mal. Dieu dit ceci : «Il se peut qu’Allah établisse de l’amitié entre vous et ceux d’entre eux dont vous avez été les ennemis. Et Allah est Omnipotent et Allah est Pardonneur et Très Miséricordieux» (Coran, sourate 60, verset, 7).

Tout ce que le monde occidental fait aujourd’hui, c’est la guerre contre l’Islam avec des stratégies comme le mot intégrisme, mettre des bombes dans les mosquées. Il y’a des saboteurs de l’Islam. C’est en Afghanistan qu’on a pu combattre les saboteurs de l’Islam. On a eu à les placer devant les premières lignes lors des combats, ils ont eu de la sueur et de la peur sur leurs visages et ils ont fui les combats. Si ce n’est pas du sabotage, comment comprendre des hommes qui luttent pour l’application de l’Islam et ce sont eux qui vont tuer les musulmans dans les mosquées, violent les femmes ? C’est ça le paradoxe de leur Islam orthodoxe !

Même si quelqu’un est Kaffr, il faut l’approcher avec sagesse et des bonnes paroles, peut-être il pourra avoir peur de son Seigneur.

L’Islam n’a pas de dirigeants, de représentants car ceux qui semblent être les leaders de l’Islam sont entre les mains des kaffrs de l’occident.

Dans le cas actuel de Boko Haram, la solution se trouve dans les mains de l’Umma islamique. C’est elle qui doit trouver une solution à travers des négociations sincères qui engagent devant Allah tous les hommes croyants. En fait, il y’a eu des trahisons. Il faut voir les promesses faites aux leaders de Boko Haram quand à l’application de la charia dans les Etats du Nord.

De l’élection de M.Ali Moddu Sheriff comme gouverneur en passant par l’élection de M. Umaru Yar’Adua comme président de la république fédérale du Nigeria, beaucoup de choses se sont passées. «M. Ali Moddu Sheriff, avait en effet promis une application plus stricte de la charia. Sitôt élu, M. Sheriff nomme un membre historique de Boko Haram à la tête du tout nouveau ministère des affaires religieuses : M. Buju Foi. La secte installe à Maiduguri une mosquée et une école. Ces établissements attirent rapidement les jeunes désœuvrés des quartiers pauvres, mais également les étudiants déclassés des campus ainsi que des fonctionnaires paupérisés. Derrière la religion, un même profond ressentiment anime ces populations qui s’estiment abandonnées par les élites, le pouvoir central et les policiers fédéraux, corrompus et brutaux». (Alain Vicky, journaliste).

«En avril 2007, le musulman Umaru Yar’Adua succède à M. Obasanjo. A Maiduguri, Boko Haram roule désormais pour le candidat de la majorité, M. Kashim Ibrahim Imam. Mais, à l’issue d’une campagne marquée par plusieurs assassinats politiques, M. Sheriff est réélu. Quatre ans après avoir utilisé la secte pour s’emparer du pouvoir, il lui déclare la guerre.

En juin 2009, quinze fidèles sont assassinés par la police de l’Etat qui leur reprochait de ne pas porter de casque sur leurs motos. Les victimes suivaient l’enterrement d’un proche, abattu par ces mêmes forces de l’ordre. Sur Internet, Yusuf annonce qu’il se vengera. Le 26 juillet, Boko Haram lance une vaste offensive dans quatre Etats du Nord, s’en prenant aux banques et aux commissariats. La police et l’armée fédérales répliquent : plus de huit cents morts, sans doute des centaines d’exécutions extrajudiciaires, dont celle de Yusuf lui-même. Les images de son élimination font le tour de la Toile et radicalisent la secte. A ce jour, aucune commission d’enquête gouvernementale n’a été nommée pour faire la lumière sur les sanglants événements de juillet 2009».

Le professeur  Muhammad  Yussuf est  un brillant intellectuel, diplômé de l’Université de Médine en Arabie Saoudite. Il a un diplôme de théologie. Donc, il a ses bases d’argumentation dans les quatre écoles de la Sunna. Dès au début, il n’y a pas eu réellement une volonté de trouver une solution à ce problème religieux que certains occidentaux et leurs secondes mains en terre africaine voient comme un problème de développement. Il faut voir le problème de religion. Il faut voir les premières sentences de la charia au nord Nigéria, c’est la presse occidentale qui s’était servie d’elles pour stigmatiser l’Islam et ses valeurs.

Il n’y a aucun obstacle dans la constitution fédérale du Nigeria pour s’opposer à l’application de la Charia dans les états du nord Nigeria à majorité musulmane et cela avant même l’avènement du colonialisme britannique qui a donné l’indépendance à ce pays en 1960. Ce sont les pays occidentaux qui sont à la manœuvre dans ce problème. Ils ont leurs secondes mains au Nigeria et dans les pays voisins du Nigéria. La solution doit être le dialogue sous régional de l’Umma islamique. Il ne faut pas aller au problème centrafricain où pour éliminer la «Sélèka» à majorité musulmane, les français et l’église centrafricaine ont créé les «an-tibalakas», qui sont composés à majorités des animistes-chrétiens.

Le problème de Boko Haram est un problème très sensible. Il faut voir l’étendue du territoire, la densité de sa population. Il ne faut pas aussi voir les hommes armés de Boko Haram en face et qu’il faut tuer car ils sont des ennemis à mains armées. Il faut voir que c’est une guerre asymétrique où il y’a des millions d’hommes et de femmes qui sont favorables à Boko Haram. Ce que le président Mahamadou Youssoufou du Niger a préconisé quant à l’interdiction de l’exportation du poisson fumier au Nigéria (base financière de Boko Haram), n’est pas la solution la meilleure. Il faut voir combien de nigériens et de tchadiens tirent leur survie de l’exportation du poisson fumé.

Les conséquences de cette mesure sont énormes sur le plan économique, social, nutritionnel et sanitaire. Le Niger va faire face à d’énormes problèmes de réfugiés incapables de se prendre en charge. Et cette communauté internationale qui est derrière ces catastrophes humanitaires dans les pays en voie de développement sont trop cupides. Les pays occidentaux ne veulent jamais voir l’Afrique émerger et c’est la raison pour laquelle on lui refuse toute initiative pour s’unir. La solution ne sera jamais la guerre contre Boko Haram, incha Allah. Les africains, si on les laisse s’unir ont plusieurs moyens de s’assoir sous l’arbre à palabre. Le problème de Boko Haram comme ailleurs dans le monde asiatique, est un problème de religion.

En tuant les sympathisants de Boko Haram qu’on taxe de mauvais musulmans et les bons musulmans qui vont mourir avec eux, c’est la grande perte pour la Umma islamique. Il faut voir depuis la mort tragique du professeur Muhammad Yussuf, leader de Boko Haram, il n’y a pas eu de replis. Nous voyons à travers les actions du président Idriss Deby Itno, celles du président Saddam Hussein en Irak dans les années 80 contre l’Iran. Tous les royaumes du Golf avec la complicité des pays occidentaux dont les USA et la France se sont réunis pour financer la guerre contre les ayatollahs de l’Iran. La suite est connue avec la chute de toutes les grandes villes de l’Iran, les unes après les autres. Mais l’Iran après, a pu récupérer tout son territoire. Ce sont ces mêmes pays occidentaux qui avaient encouragé le président Saddam Hussein dans sa guerre qui sont retournés contre lui et  l’ont tué en 2006.

Les gens avec lesquels jouent aujourd’hui les présidents Youssoufou et  Deby dans l’entente cordiale contre Boko Haram qui sont les français, sont des hommes qui ont toujours fait des jeux doubles et troubles. Ce sont eux (les français) qui ont installé Diori Hamani, Boubou Hama et Diambala Maïga au pouvoir en septembre 1958 et ils les ont renversés en 1974 pour leurs intérêts.

L’heure est à la négociation car même les puissances occidentales ne peuvent faire face à plusieurs fronts à plus forte raison des Etats comme le Niger qui ont plutôt des problèmes de survie au lieu d’aller faire des guerres inutiles. Il ne faut pas détourner le regard des peuples pour tricher avec la vérité. La solution de Boko Haram se trouve dans les mains de millions de musulmans au Tchad, au Niger et au Nigeria, qui constituent une grande société civile. Il ne faut pas les détourner pour aller faire appel aux ennemis de l’Islam.

En combattant Boko Haram, il faut tenir compte des conséquences collatérales. Aujourd’hui ce sont plus de 25.000 réfugiés nigérians qui sont arrivés au Cameroun voisin. Le HCR est débordé. Que les africains fassent un sommet sur les conflits et leurs conséquences. Regardez l’Afrique de l’ouest avec les guerres du Libéria, de la Sierra Léone, la Côte d’Ivoire, du nord Mali, le nord Niger.

Regardez l’Afrique centrale, la guerre du Tchad qui a débuté en 1966 sous la direction du FROLINAT (Front de libération du Tchad). Elle est finie en 2008 mais elle est toujours en hibernation. Si elle a débuté au nord, au centre et à l’est du Tchad en 1966, est-ce qu’une autre ne va pas voir le jour au sud, un jour? Les français depuis la colonisation française ont combattu l’Islam et ce sont appuyés sur des fantoches imams pour gouverner les Africains.

L’histoire de la déportation de Cheikh Hamallah Seyyidina Oumar est là devant nous. Il n’y a aucun doute qu’un jour Aboubacar Chakaou et ses camarades seront attrapés ou tués, mais ce n’est pas la fin de Boko Haram! Pourquoi, les troupes nigériennes et tchadiennes stationnées au nord du Mali ne mènent pas une telle offensive contre les groupes armés? Ils ont eu combien d’attaques et de morts de la part des groupes armés? Au Nord du Mali, c’est la carotte voir les caresses sur la  tête du bébé «chouchou» et ailleurs, c’est l’obus contre le «satan de Boko Haram». C’est ça le paradoxe. Et les administrateurs civils du Mali froidement égorgés par le MNLA sont dans les oubliettes.

La solution des problèmes africains est dans  les mains africaines. Le monde occidental vient chez nous pour nous enfoncer davantage. Regardez au Mali, la tournée de l’imam Mahmoud Dicko, d’Ousmane Madani Haidara et de l’archevêque de Bamako, Zerbo, sur le problème du nord de notre pays, ce qui les unit c’est leur pays le Mali, son unité et la paix. C’est ça qui est l’essentiel.

Que Dieu amène la paix dans notre pays, dans le continent africain et dans le monde entier ! Amine !

Yacouba Aliou, Bamako

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