En réponse à ma lettre ouverte sur l’implication de feu Docteur Faran SAMAKE dans la mort du Président Modibo KEITA, M. Amadou Seydou TRAORE a publié un article dans " Le Challenger " n°636 du 22/07/2010 intitulé " Amadou Djicoroni fournit ses preuves au Ministre Tiécoro DIAKITE ". C’est avec intérêt que j’ai lu et relu cet argumentaire de M. TRAORE sur l’ " assassinat " selon lui de notre cher Président Modibo KEITA qui a appartenu et appartient à tous les Soudanais et Maliens et non à un individu ou à un parti politique.
Je n’aurai pas répliqué à l’article de M. A. S. TRAORE, s’il n’y avait pas d’insinuations personnelles. Quelles sont-elles ? Mon " contradicteur " parle de notre appartenance passée au Parti Africain de l’Indépendance (PAI) et de ma qualité d’ancien Ministre d’un ancien Président malien. M. Amadou oublie qu’en sa qualité de Secrétaire Général du PAI, il a sabordé ce parti au profit de l’US- RDA sans accord des militants de ce parti qui prônait l’indépendance du Soudan français lors du Référendum de 1958, contrairement à l’US -RDA qui militait pour l’adhésion à la Communauté française.
En rapprochant mon appartenance au PAI et ma qualité d’ancien ministre d’un régime militaire, les esprits faibles peuvent en conclure que je suis une " girouette " puisque j’ai changé de veste. Mon camarade TRAORE doit savoir que nommer quelqu’un à une responsabilité nationale ne signifie nullement que la personne sera votre chose.
Pendant toute la durée de ma mission de ministre, j’ai toujours servi le Mali et non un individu. Le camarade Amadou TRAORE doit me connaître suffisamment pour me qualifier d’homme de quelqu’un ou d’un régime.
D’ailleurs mon départ du Gouvernement à l’époque était surtout dû à ma personnalité qui a toujours refusé de servir des intérêts personnels. En faisant état des propos vengeurs entre les anciens amis militaires devenus des ennemis et de mes situations passées, le camarade Amadou TRAORE fait hors sujet. La question porte sur les preuves concrètes de l’implication de feu Faran SAMAKE dans le soi-disant " assassinat " du Président Modibo KEITA ; une suspicion n’a pas besoin de preuves mais une accusation doit être prouvée.
Il faut que l’un et l’autre n’abusent pas de l’opinion publique malienne en exposant publiquement des demi- vérités ou des demi- preuves sur la mort du Président malien. Une vraisemblance n’est ni une vérité, ni une preuve.
J’ai lu et relu les " preuves " exposées par mon camarade, je n’ai vu nulle part la preuve concrète de la responsabilité de Feu Faran SAMAKE dans le soi-disant " assassinat " du Président Modibo KEITA. M. Amadou fait référence à des récits et à des livres.
Les récits et les livres ne sont pas des preuves. En matière d’ "assassinat" c’est-à-dire meurtre avec préméditation, l’accusateur doit prouver que feu Faran SAMAKE a été l’exécuteur et co-auteur d’un complot préalable ayant abouti à "liquider" notre Président. Ce scénario exige deux preuves, à savoir l’existence du complot et la main de feu Faran SAMAKE en sa qualité de médecin prescripteur du produit mortel administré au défunt. Ni la prescription médicale ni le nom du produit mortel ne sont mentionnés dans l’article de M. Amadou S. TRAORE.
Au demeurant, cette prescription ayant été exécutée par un infirmier – major, ce dernier doit être en mesure de dire le nom du produit mortel prescrit par feu Faran SAMAKE. Rien de tout cela n’est mentionné dans les "preuves" fournies par le camarade TRAORE. En outre, certains des auteurs des récits et des livres qui étaient auprès du Président avaient absous à l’époque le Dr. Faran SAMAKE de toute responsabilité dans le décès du Président. Si ces mêmes personnes écrivent autres choses, on se perd en conjecture. Comme l’a dit un jour, un de mes anciens collègues du Gouvernement, brillant et surdoué ingénieur de son état : " La vérité se trouve entre 0 et 1". Nous restons sur notre faim concernant les preuves de l’implication de feu Faran SAMAKE dans la disparition du Président Malien.
Je demande encore un effort de recherche à M. TRAORE concernant ces preuves afin de dissiper tout doute dans l’esprit de l’opinion publique malienne. Ne dit-on pas qu’une accusation sans preuve constitue une calomnie ? Ne dit-on pas que " calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose " ?
Tiécoro DIAKITE, Ancien Contrôleur d’Etat, Ancien Ministre du Mali