Il y a trente-quatre ans , le 15 octobre 1987 , baccalauréat en poche , je me rendais à Nouakchott pour commencer des études de droit à l’Université de le Capitale .
A cette époque où l’argent était la chose la moins accessible aux jeunes gens de ma génération , il me fallait combiner des moyens de transport peu onéreux pour joindre le centre névralgique du pays.
Parti de Nouadhibou au fond d’un wagon minéralier , je m’étais retrouvé au poste de gendarmerie de Choum qui m’a offert une expédition à bord d’un vieux camion Mercedes pour une traversée gratuite des rudes paysages de l’Adrar , de l’Amsaga , de l’Inchiri et du Tevelly .
Après avoir franchi les espaces rocailleux de Temagout , je profitais d’une amélioration de la piste pour mettre en marche mon inséparable petit poste-radio Sony pour écouter l’édition africaine du journal de Radio France Internationale, Afrique Soir.
A ce moment là, j’ai eu l’impression qu’une grande injustice vient d’être commise en Afrique, un espoir s’est volatilisé, une lueur s’est éteinte : on a tué Thomas Sankara .
Peu importe la raison, si raison il y ‘avait , l’assassinat du « rebelle »comme aimait l’appeler son meilleur ami , le brillantissime journaliste Sennen Andriamirado , nous plongeait , nous jeunes idéalistes , dans une sorte de méditation mélancolique sur la malchance qui semble avoir élue domicile dans notre continent, meurtri et condamné à rester à la traîne.
Depuis lors , nous avons écouté des émissions, vu des journaux, entendu des témoignages et lu des livres sur la vie et le combat du Capitaine Thomas Sankara , son souvenir reste vivace , comme s’il a été tué hier .
Que le procès qui s’ouvre actuellement à Ouagadougou, puisse apporter toute la lumière sur cette tragédie du 15 octobre 1987 où le camarade-président et douze de ses compagnons ont été froidement assassinés alors qu’il présidait une réunion de travail pour l’amélioration des conditions de vie de son peuple , le peuple des hommes intègres.
A sa veuve Mariam
A son père
A son frère aîné
À sa sœur
Laghdaf Ould Khaye, universitaire mauritanien…