Il y a quelques jours, j’ai lancé un appel à soutenir massivement le Président ATT dans sa lutte contre la corruption qui ne doit épargner personne, y compris d’éventuels responsables du PDES impliqués. Par la même occasion, j’ai invité le PDES à se prononcer contre la corruption. Le but c’était de faire savoir que, contrairement à ce qu’on veut faire croire aux maliens, il existe encore des gens intègres dans tous les Partis politiques, y compris au sein du PDES. Le moment est venu justement pour tous les citoyens honnêtes, intègres et patriotes de se manifester pour qu’on puisse prendre les choses en main. Pour nous aider à assainir le pays, la jeunesse malienne , dans son ensemble, doit maintenant se mobiliser pour barrer la route à tous ceux qui ont pillé nos caisses publiques, qui se sont enrichis par la corruption et qui comptent encore jouer un grand rôle sur l’échiquier politique national, quelque soit leur appartenance politique. En tant que membre du PDES, je ne pouvais dénoncer les autres sans d’abord commencer par ma propre formation politique, l’honnêteté intellectuelle m’y oblige. J’invite d’ailleurs les autres à faire autant, car pour être honnêtes avec nous-mêmes, commençons tous par balayer devant nos propres portes.
Ceci étant, nous savons tous que les corrompus et ceux qui ont détourné nos fonds publics pour s’enrichir se trouvent dans tous les Partis politiques. Il n’y a pas un seul Parti politique au Mali où, au moins, un militant n’est pas impliqué dans la corruption ou dans le détournement de fonds publics. Personne ne pourra dire le contraire. Nous sommes tous d’accord que la corruption a gangrené tout le tissu social malien par la faute des politiciens qui ont fait de ce système la seule voie de réussite dans notre pays. Même la justice n’y échappe pas malheureusement. Il est temps que toutes les forces du pays, qui refusent la corruption, se donnent la main au delà des clivages politiques ou idéologiques. Le combat, que nous devons mener, ne doit pas être fait uniquement au profit d’un Parti politique, mais surtout au profit du Mali. Il ne s’agit pas de favoriser exclusivement la venue au pouvoir d’un tel ou tel Parti politique, mais de faire émerger une nouvelle génération de femmes et d’hommes politiques qui ne transigera pas avec l’éthique, la probité et la défense des intérêts du Mali. Contrairement à certains, je ne suis pas un adepte du fait partisan au détriment du Mali, le Mali doit passer avant tout et être au-dessus de tous. La lutte contre la corruption est un facteur de paix.
J’invite encore tous les jeunes et les moins jeunes de tous les Partis politiques du Mali qui refusent la loi de la corruption à s’organiser et à revendiquer le leadership à l’intérieur de leurs propres formations politiques pour empêcher la perpétuation de la même pratique qui fait que celui qui a détourné un peu d’argent ou qui s’est enrichi par la magouille, devient un baron du Parti. Ce qui explique d’ailleurs que nos Partis politiques n’ont ni programme ni idéologie car l’argent a remplacé les idées. S’il s’agit de financer le Parti, nous devons trouver d’autres moyens de financement que de dérouler le tapis rouge à des gros poissons que la justice n’arrive pas ou n’a pas envie d’attraper. En tolérant de telle pratique, nous contribuons à renforcer le sentiment d’impunité dans notre pays. Il n’est jamais trop tard pour mener une bataille, le fait de ne rien faire est beaucoup plus grave, ainsi mieux vaut tard que jamais. Nous devons retrouver nos valeurs morales d’antan, celles qui ont fait la renommée du Malien (soudanais) en Afrique et dans le monde.
C’est dommage que certains jeunes soient utilisés pour combattre d’autres jeunes qui luttent pour un changement de système de gouvernance. Ils doivent comprendre que si nous arrivions à mettre fin à la corruption, ils seront les premiers bénéficiaires en termes de bonne formation et d’emplois. La pauvreté reculera sensiblement dans notre pays, et l’éducation familiale, le respect et la tolérance seront de retour. Le chef de famille recouvrera son autorité et nos pauvres mamans souffriront moins. De toutes les façons, quoiqu’il arrive, nous ne laisserons pas ceux qui ont pillé nos caisses publiques et qui ont trahi les idéaux du 26 mars en propageant la corruption et la médiocrité dans notre pays, succéder tranquillement au Président ATT en 2012. S’ils s’imaginent se faire élire par la fraude et par l’achat des voix et des consciences avec de l’argent issu de la corruption et du détournement des fonds publics, ils se trompent. Les maliens n’accepteront pas et ne se laisseront pas faire.
L’alternance en 2012 ne sera utile que si nous arrivions à faire émerger une nouvelle génération de leaders politiques. On ne peut pas faire du neuf avec de l’ancien. Comment peut-on espérer réformer le Mali en maintenant au pouvoir les principaux animateurs de l’ancien système, système qui aura duré 20 ans et qui a montré ses limites?
Le recours aux hommes du passé n’est pas une solution pour les jeunes. La jeunesse doit s’assumer et prendre ses responsabilités au lieu de continuer à fonder ses espoirs sur des hommes qui n’ont plus la force du combat et qui méritent leur retraite. Le Mali n’a ni besoin de corrompus, ni de videurs de caisses publiques, ni de magouilleurs, ni de retraités, quelques soient leurs expériences, leurs compétences ou leurs diplômes. Nous voulons un système nouveau et ces hommes, pour qui certains roulent pour 2012, ne peuvent, en aucun cas, incarner ce changement, car ils sont les purs produits de la corruption que nous voulons voir disparaître.
Aussi, ceux qui ont géré notre pays ces 20 dernières années ne doivent plus jouer les premiers rôles, ils doivent accompagner la nouvelle génération et l’aider à s’installer au pouvoir. Nous leur remercions pour avoir fait de leur mieux pour le pays. S’ils veulent être décorés, nous leur décernerons toutes les médailles qu’ils veulent. Ils auront toutes les distinctions qu’ils souhaitent, mais de grâce qu’ils se retirent maintenant et laissent la place à une nouvelle génération qui veut mettre fin à la corruption et continuer l’œuvre de construction du pays en cours. Nous ne voulons ni vengeance ni chasse aux sorcières, nous voulons qu’ils s’en aillent tout simplement, car on ne peut pas faire son temps et faire aussi celui de ses enfants.
Les leaders politiques maliens doivent comprendre que le moment est venu de passer la main à une nouvelle génération qui doit aussi faire ses preuves. Les mêmes membres d’une génération ont dirigé le Mali pendant 20 ans, leur cycle doit être bouclé maintenant par le Président ATT, qui était d’ailleurs au début et qui doit être aussi à la fin. Ainsi le Mali sera cité en exemple en Afrique et dans le monde entier pour avoir choisi de mettre à la tête de l’Etat une jeune génération comme savent le faire les pays occidentaux qui donnent toujours des leçons au reste du monde. Je rappelle d’ailleurs que jusqu’ici tous les Chefs d’Etat que le Mali a connus, sont arrivés au pouvoir à moins de 50 ans. Le Président qui sera élu en 2012 doit absolument avoir moins de 50 ans pour perpétuer cette tradition de transmission du pouvoir et de renouvellement de génération. Nous devons tous y veiller.
Une contribution de Maître Tidiani GUINDO Avocat à la Cour, Docteur en Droit, Economiste.