Le Mali donne aujourd’hui l’image d’un pays ravagé par des conflits tant politiques, économiques, scolaires, traditionnels, religieux que géopolitiques. Qu’il s’agisse d’un de ces conflits ou non, la grande croissance de la corruption et du vol dans toutes les couches de l’Etat et celles de la société est tenue comme premier responsable de la déconcertante et regrettable trajectoire de notre pays.
La situation malienne est telle qu’il sera impossible à tout citoyen amoureux de ce pays de rester muet.
Qui aurait pu projeter une situation aussi infâmante et piteuse ? La dégradation de notre pays se résume-il uniquement à la corruption? La récurrence des disfonctionnements de l’appareil d’état malien est-il vraiment imputable à la priorisation des intérêts individuels de nos leaders politiques et de l’implication de l’armée dans toute sorte de missions sauf danssa mission régalienne ?
Pour comprendre ces conflits et répondre à ces questions, nous devons surpasser le cadre stricto sensu de la corruption afin d’aller plus loin à d’autres niveaux beaucoup plus élevés et complexes.
De là, il est indispensable de tracer l’histoire de notre république et les différentes mutations politiques et gouvernementales qui y ont pris naissance, ou du moins faire une étude comparative des générations de leaders politiques depuis 1960 à nos jours.
Tout d’abord, le régime de Modibo Keita, malgré deserreurs de parcours, permit la formation de la conscience, de l’honnêteté, du sens aigu de la patrie et de l’unité nationale, et de la dignité malienne tout en décolonisant les esprits et mentalités. Un travail aussi insigne fut accompli par la conjugaison harmonieuse des efforts d’intellectuels et des militaires de classes exceptionnelles. Derrière les grands projets de développement de Modibo, s’exhibe une liste exaltante d’élites intellectuelles et de militaires patriotes. Ainsi, nous voyons Seydou Badian Kouyaté (grand orateur et auteur de sous l’orage ;plus jeune ministre dans l’histoire du Mali, moins de 30 ans), Ousmane Bah (brillant ministre des affaires étrangèresqui a dignement représenté la voix de l’Afrique au siège de L’ONU), Mamadou El Béchir Gologo (Colonel de l’armée française , excellent ministre de l’information et auteur du Rescapé de L’ethylos), General Soumaré(colonel de l’armée française,premier chef d’Etat-major de l’armée malienne et premier St Cyrien de l’Afrique de l’ouest), Diby Silas Diarra (respecté pour sa diligence face la rébellion de 1963 et aussi pour ses grandes qualités de militaire, de politique et de patriote), Zan Coulibaly (officier d’honneur connu pour sa bravoure qui leconduisit às’opposerà l’exécution sommaire et préméditée de Amadou Djicoroni, aujourd’hui mémoire de la nation), pour ne citer que ceux-ci.
Sommes-nous vraiment entrain d’idéaliser le régime de Modibo? Loin s’en faut ! Dans tous les cas, le régime de Modibo Keita réussit non seulement à conscientiser le peuple malien, mais aussi à le dynamiser pour un combat nationaliste et patriotique où la création d’unités industrielles visant à satisfaire les besoins fondamentaux du peuple pour assurer la vraie indépendance constitua la priorité absolue du gouvernement.
Prétextant de donner au peuple malien uneprétendue libéralisation de la vie politique malienne, le régime hideux et odieux de Moussa Traoré opéra en deux grandes étapes de styles différents mais de fonds identiques. Selon nos aïeux, la première fut celle de multiples répressions, tortures et même d’assassinats. En effet, de 1968 à 1980 (temps du CMLN), aucun intellectuel opposé au pouvoir ne fut à l’abri de son courroux. Concurremment, aucun militaire patriote et de taille, qui voulut le retour des militaires dans les casernes et la dissolution du CMLN, n’échappa aux griffes du gourou. Parmi eux figurent les brillants officiers du Mali à qui nous essayons de rendre hommage : Capitaine Tiecoura Sogodo (mort le 16 février 1972), Lieutenant Jean Blon Samake (mort le 27 mars 1972), DibySilas Diarra (mort le 22 juin 1972), et le lieutenant Mamy Ouattara (mort le 31 juillet 1976), etc. Ceci fut un attentat contre l’armée malienne. C’est de là que l’armée malienne a commencéà s’effriter.
Ces vaillants soldats, pendant leurs carriers et sur la roulette de Diby Silas, métrèrent considérables efforts et énergies au service du peuple malien pour assurer son bien-être dans toutes ses dimensions et diversifications.
Force est aussi de reconnaitre que les élèves et étudiants ont aussi souffert du régime tyrannique de Moussa, car ils ne furent qu’une chape de plomb qui l’empêcha d’exercer correctement ses aspirations machiavéliques. Leurs agissements et ébullitions contre son pouvoir coutèrent donc la vie à Abdoul Karim Camara dit Cabral et a Ibrahim Sory Tiokari, qui furent lâchement fauchés comme des lapins en plein vol.
La seconde étape, de 1980 à 1991(temps de L’UDPM), donna naissance à son plan Machiavélique et à un marasme économiqueoù, à la longue, le pouvoir s’érigea sur la base du despotisme, d’un système judiciaire partiel et même imparfait, voire partial et entièrement au service de GMT. De concert, ces deux façons de gouverner induisirent donc les premières heures de la vraie déconfiture du pays ; tant sur le plan politique, militaire, économique, civique, que formation des modèles pour la jeunesse.
Avec le spectre de ne jamais se heurteraux intellectuels qui, d’une façon générale, aiment analyser, questionner et critiquer, il fut impérieux pour Moussa de réduire l’éducation a sa plus petite expression. En réalité, il ne s’en est guère préoccupé. En témoignent le nombre insuffisant d’enseignants et de pédagogues, la construction d’aucune infrastructure scolaire et universitaire digne de ce nom, la restriction accentuée des moyens d’accès aux connaissances. L’enseignement se trouva pris en aparté par la médiocrité.Un tel acte apatride déposa les fondements d’un système éducatif pourri et presque irrécupérable.Et, nous constatons de visu les conséquences de ces coups.
On ne peut non plus nier la responsabilité des démocrates terroristes dans le déclin rapide du pays. L’instauration de la pseudo-démocratie a offert un tableau sombre et indigne par lequel le peuple malien se trouve jugé aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. Les régimes issus de cette pseudo-démocratie ne se maintinrent que par la culture de la corruption, du vol, de l’incompétence professionnelle et scolaire, et de l’insouciance civique. Sous une cette gouvernance, c’est de lapalissade de constater l’émiettement des valeurs sociales et humaines, la fragmentation de la structure sociale traditionnelle, la volatilisation totale des mœurs, et la dilatation de jour en jour des unités sociétales par des modifications notoires et intentionnées. Au surplus, l’éducation et la formation des jeunes continuèrent à être négligées, tous les efforts sont injectés dans des problèmes non essentiels. Une telle politique favorisa la formation des neo-analphabetes qui ne connaissent que la force comme moyen le plus sûr pour se faire entendre et respecter. Dès lors, des exactions et des bavures scolaires les plus atroces constituèrent le lot quotidien des maliens. Aujourd’hui, personne n’échappe à ces évènements mal saints. Preuve en est que les initiateurs de cette culture sont les premières victimes, a voire l’agression de la plus grande instance de l’Etat malien.
Somme toute, et face à ces comportements éhontés, nous ne pourrions qu’ameuter que le Mali a subit une chute libre du haut du rônier au fond du puits. Tout de go, reconnaissons que « MalibekaJassikatakafe dé ».En effet, des mains des citoyens valables, des intellectuels aguerris, des fonctionnaires intègres, des enseignants bien formés, des politiciens conscients, des avocats chevronnés, des médecins à la hauteur, des jeunes civiques et révolutionnaires, etdes militaires dévoués pour la cause du peuple et porteurs d’espoirs des années 60; aujourd’hui le Mali se trouve piloter par des citoyens aux priorités mal placées, une caste d’intellectuels cachant leurs incompétences derrière des gros diplômes, des fonctionnaires non engagés travaillant moins d’heures par jour, des enseignants moins bons et peu souciants,des politiciens malhonnêtes et hypocrites, des avocats coupables de malversations et de trahisons, une jeunesse inactive et perdue, des médecins qui ne cessent d’accroitre le taux de mortalité via des mauvaises pratiques, et des militaires entrepreneurs et businessmen n’ayant aucune formation politique et patriotique, qui selon Thomas Sankara * ne sont que des criminels en puissance*. Honte au Mali !
Circonspection oblige d’unepart une redéfinition de la conscience sociale, politique et nationaliste du peuple malien, mais d’autre part une reformation de nouveaux leaders qui serviront de modèles à une jeunesse autant désemparée. En conséquence, nous serons non seulement précautionneux avec tout hilare et politicien insouciant, mais aussi prêts à contrer avec rigueur toutes décisions et lois qui obèrent l’avenir de nos enfants et celui du pays. Ceci doit être le combat de tous, du moins pour les dignes fils du pays !
Par un collectif de jeunes étudiants épris de justice, de transparence et de patriotisme.
Walaye Mali jassira. Puisqu’on ne parvient plus à régler nos propres problèmes en famille.
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