Hugo Havez, un exemple idéal de par sa pratique, dont Macky Sall doit s’inspirer

1
Mandiaye Gaye
Mandiaye Gaye

Assurément, Macky Sall devrait bien s’inspirer d’Hugo Chavez comme un exemple de dirigeant populaire, parce que, entièrement au service de son peuple pour la satisfaction de ses besoins essentiels et ceci, en ne comptant d’abord que sur son pays et son peuple. J’ai dit s’inspirer de lui ! Mais bien entendu, non en se transformant subitement en un révolutionnaire intransigeant et tranchant -ce qui n’est pas à sa portée pour des raisons historiques- contre l’impérialisme et les autres puissances occidentales exploiteuses des peuples et pays du Tiers monde ; mais plutôt de son sens pratique, qui consiste à se consacrer totalement aux préoccupations majeures et essentielles des couches les plus déshéritées de son peuple, de manière concrète et non, dans le discours seulement. Le cas du Venezuela est exactement l’exemple parfait, qui illustre la différence entre une révolution concrète, c’est-à-dire un changement qualitatif et le populisme, celui-là avec ses slogans qui annoncent à chaque fois le printemps, mais qui dans la réalité resteront toujours à l’état d’annonce. En d’autres termes plus clairs, s’inspirer du sens pratique d’Hugo Chavez, un révolutionnaire conséquent qui accorde peu d’intérêt aux biens personnels et le luxe, à l’opposé du populiste, un verbeux et hâbleur, pour qui, tout le discours débité ne s’arrête qu’au bout de ses lèvres, et l’intérêt personnel qu’il attache aux biens matériels passe toujours avant celui du peuple, même si celui-ci meurt de faim ou est privé du minimum vital.

En effet, la popularité réelle d’un dirigeant de peuple ne s’acquiert qu’auprès des populations, les seules juges impartiales, qui apprécient à leur juste valeur les actes concrets et utiles de bienfaisance à l’endroit des victimes d’une exploitation éhontée des possédants. Ces possédants-là, qui accaparent tous les biens de la nation entre leurs mains, aux dépens de la grande majorité du peuple, celui-là qui souffre et s’appauvrit chaque jour davantage, qui plus est, au vu et au su de ses dirigeants les plus haut placés. Tout cela, le plus souvent devant l’indifférence quasi-totale du principal dirigeant élu. Et voire pire quelquefois, si ce n’est pas avec sa complicité, lui qui a été élu pour prendre en charge la défense de leurs intérêts dans tous les domaines de la vie sociale. Ce dirigeant principal, dont la mission première est de veiller scrupuleusement en sentinelle, à la redistribution du produit de la nation aux citoyens, sur des bases justes, équitables et transparentes, en fonction du travail fourni et du  mérite de chacun.

Hugo Chavez tirait sa popularité légendaire auprès des siens, grâce à ses propres actions concrètes en faveur des larges couches de son pays, ces couches qui n’avaient jamais jusque-là, profité du fruit de leur labeur, malgré qu’elles se soient toujours tuées à la tâche. Justement, c’est en guise de reconnaissance qu’elles ont apporté à Chavez leur soutien total sans faille, dans tous ses combats et programmes de développement, gage de la réussite de sa politique. Et, c’est dans ce même ordre et sillage, qu’à l’occasion de son décès prématuré, son peuple lui a rendu spontanément un hommage vibrant et largement mérité. C’est cela, un vrai dirigeant populaire attaché à son peuple ! Celui-là, n’a nullement besoin d’acheter la conscience ou le soutien des citoyens par de l’argent sonnant et trébuchant, car, en lieu et place, les actes qu’il a accomplis en faveur des démunis de son peuple suffisent largement et valent beaucoup plus que l’or qui corrompt. Et cela va de soi ! En effet, Hugo Chavez, au lieu d’utiliser l’argent du contribuable destiné au développement du pays, pour s’acheter des consciences, corrompre ignoblement des transhumants  -une espèce humaine ou animale dont l’unique besoin, n’est que de s’engraisser à tout prix- dans le but de massifier son parti, non, Chavez avait choisi lui, de réinvestir le tout, pour régler justement les besoins essentiels les plus urgents de ses populations. C’est une véritable attitude patriotique et une leçon de sobriété, de gestion vertueuse et efficiente des affaires publiques. C’est une gestion débarrassée complètement de tout luxe extravagant, de fioriture ou de prestige abracadabrant, que Chavez donne ici comme une voie de l’honneur, à certains dirigeants du Tiers monde et particulièrement africains.

Hugo Chavez, depuis son arrivée  au pouvoir n’avait ménagé aucun effort pour soulager de manière fondamentale et effective les couches populaires de son pays, autant que peut se faire. Ces couches largement majoritaires au sein du peuple vénézuélien, dont leur souffrance était quasi endémique, avaient grandement besoin du relèvement sensible de leur niveau de vie en général, ce dont Chavez s’est préoccupé et attelé au mieux qu’il pouvait. Son esprit pragmatique légendaire d’indépendance, de solidarité et de compter d’abord sur ses propres forces –gëm sa bopp[1]– a été bien réaffirmé avec force, dans sa lettre, qu’on peut considérer comme un message d’adieux ou testament, aux participants du IIIème Sommet Afrique-Amérique latine et Caraïbes dans une formule qui le résume admirablement : « formons un seul peuple, un seul continent, nous ne pouvons rien attendre sinon de nous-mêmes » En effet, contrairement à beaucoup de dirigeants de pays, plus politiciens pour se faire élire ou réélire à tout prix, que politiques pour gérer convenablement la cité dans l’intérêt supérieur de la nation, Chavez a toujours joint l’acte à la parole.

C’est ainsi qu’il invitait ses pairs à mettre les ressources de leur pays en tout genre, au service de leur peuple pour le développement économique et social, l’indépendance véritable de leur pays, et au-delà, de celui de nos pays respectifs membres de l’ASA ; au lieu de les livrer à l’impérialisme international, qui pille nos ressources depuis des siècles et aujourd’hui encore, sous une forme déguisée néocoloniale veut poursuivre l’exploitation de nos pays. Dans l’affirmation sans équivoque de cette indépendance et solidarité, Chavez a aussi montré le chemin à suivre en donnant l’exemple, par une forme de coopération gagnant-gagnant avec les pays amis, qui, courageusement décidaient d’emprunter cette voie de développement autonome, sous la forme d’une coopération mutuellement avantageuse, avec les autres et dans l’intérêt bien compris de toutes les parties prenantes. Dans sa démarche pédagogique, il accordait surtout et naturellement, de façon nette et claire, la priorité aux Etats amis, qui luttent pour leur véritable indépendance, sans cachoterie ni frilosité, pour faire avancer leur pays et peuple vers le progrès, le développement harmonieux, économique et social. Dans ce lot de pays amis, on peut citer : Cuba, le Nicaragua, la Chine populaire, l’Iran, le Ghana, la Libye, en un mot tous les pays progressistes d’ASA, etc., qui bénéficient concrètement de conditions très favorables dans leurs échanges bilatéraux, pour ne pas dire, d’aide au plan des produits pétroliers. La conviction de Chavez sur la voie de l’union des peuples victimes de l’impérialisme, ne devrait plus faire l’ombre d’un doute pour personne aujourd’hui. Surtout quand il a invité ses pairs à marcher donc vers leur union et leur indépendance effective. Et paraphrasant Simon de Bolivar, son maître à penser, il leur disait : « Formons une patrie, un continent, un seul peuple, à tout prix et tout le reste sera supportable. » N’est-ce pas une vérité toute simple et à la portée de tous ?

Et, il faut croire à la sincérité  et bonne foi du Commandante Hugo Chavez, quand il révélait avec peine : « Je regrette avec beaucoup de douleur et de peine que tout notre travail commencé formellement depuis 2006 ait été interrompu par les forces impérialistes qui prétendent encore dominer le monde. Ce n’est pas un hasard, je le dis et je l’assume pleinement, que depuis le Sommet de Margarita, le continent africain ait été victime des multiples interventions et des multiples attaques de la part des puissances occidentales. » A mon avis, je ne vois aucun mal, bien au contraire, à s’inspirer d’un si bel exemple, d’un tel dirigeant courageux, qui fait la fierté du peuple vénézuélien. Un homme juste et déterminé à sortir son pays de la pauvreté, qui est à ce titre plébiscité par les siens pour ses bonnes actions à leur faveur. Macky Sall ne perdrait rien du tout, au contraire, il gagnerait beaucoup en s’inspirant de Chavez comme un modèle. De celui-là, qui a été profondément au service de son peuple, mais plus encore, de ceux plus démunis parmi eux. Le président Macky Sall doit mettre fin à la promotion fulgurante par l’octroi de privilèges indécents à la classe politique dirigeante au sommet de l’Etat, au risque de constituer une sorte d’appât aimant et irrésistible pour tous ces politiciens véreux, à adhérer dans son parti ou à pousser certains individus à le rejoindre pour devenir ses souteneurs zélés, qui ne lui diront plus la vérité. Le risque d’une telle démarche, c’est qu’elle mène droit vers le mur. Comme ce fut avec Me Wade, par la création consciente d’une sorte d’oligarchie au sommet de l’Etat, complètement coupée des réalités du pays, qui ne lui disait plus la vérité, par souci de conserver leurs privilèges le plus longtemps possible, ou autrement, par peur de les perdre. Au même moment où justement, l’écrasante majorité du peuple sénégalais attend impatiemment les changements promis pour améliorer enfin, tant soit peu, leurs conditions d’existence du moment. Ce qui n’est que temps d’ailleurs ! Il y a assurément trop de privilèges que Macky Sall président de la République distribue inconsidérément au sommet de l’Etat et dans son proche entourage, au détriment des couches populaires déshéritées, tout le contraire d’un Chavez. Le président de la République ne doit point oublier, que ce sont ces couches-là, -s’il faisait l’addition ou le décompte des 65% de voix-, qui l’ont élu, et non, les seuls militants de son parti et sa coalition. Je suis tout à fait convaincu, que l’avenir politique et le succès du magistère de Macky Sall à la tête du pays dépendront entièrement et exclusivement de la satisfaction des préoccupations essentielles de ces couches populaires laissées pour compte ou sous-estimées et la résolution des urgences actuelles, qui vont bien au-delà de la traque des biens mal acquis et de l’enrichissement illicite seulement. Ces couches sénégalaises, ayant gagné en maturité et en prise de conscience citoyenne, sont maintenant conscientes de leur souveraineté et de la force de leur carte d’électeur. Elles savent aussi que ce sont elles seules, qui donnent le pouvoir à qui elles veulent, et que ce n’est pas cette minorité au sommet de l’Etat, à qui, le président cherche à contenter et amadouer en la gratifiant d’avantages exorbitants, sans raison valable qui garantira son maintien. Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, vos prédécesseurs, l’ont appris à leurs dépens, pour n’avoir pas su et tenu compte de cela, ce qui leur a valu d’être congédiés par les Sénégalais à la première occasion.

Au demeurant, dans l’histoire des sociétés humaines on retient toujours deux sortes d’acteurs. D’une part ceux qui sont au service de leur peuple avec une disponibilité totale et permanente, qui mènent de bonnes actions de bienfaisance en faveur des larges couches les plus démunies, et d’autre part ceux cupides, criminels économiques et de sang, qui pillent les ressources de leur pays à des fins de s’enrichir personnellement avec leur clan, et qui laissent le reste du peuple mourir de faim. C’est ainsi que les uns et les autres sur la base des faits avérés seront logés ou classés à leur juste place méritée, dans l’histoire de leur pays. Tous les dirigeants politiques devraient en principe en tenir compte, et c’est en cela que, Hugo Chavez, Luiz Inácio Lula da Silva, Jerry Rawlings, Mamadou Dia, Julius Nyerere et leurs semblables ont marqué leur peuple et le monde des humbles gens. En effet, ils ont dirigé convenablement leur pays sans scandale et en plus, ils ne se sont pas enrichis à la faveur de leur passage au pouvoir dans leurs pays respectifs.

C’est avec beaucoup de tristesse que nous avons constaté combien certains chefs d’Etat sont peu dignes et ont manqué de reconnaissance à l’endroit de Chavez disparu ! Ils ont vraiment montré un profil bas à la face du monde pour des raisons obscures, à l’occasion du décès de Chavez, en n’osant même pas présenter leurs condoléances pour attester de leur tristesse et signifier leurs profonds regrets au peuple vénézuélien, de la disparition d’un des leurs et de surcroit un défenseur intransigeant de leur cause commune, à plus forte raison encore, de lui rendre l’hommage qu’il mérite amplement. C’est triste de leur part et J. Rawlings a bien raison de le leur dire et le clamer haut et fort.

Un homme averti dit-on, en valant deux en général, il appartient alors à Macky Sall, président de la République présentement, de choisir selon sa conscience et pour l’intérêt de son pays, entre Hugo Chavez et ses prédécesseurs, et quelle est la voie qui sied le mieux pour son pays et lui ?

Une contribution de Mr Mandiaye Gaye
Gaye_mandiaye@hotmail.com



[1] Compter sur ses propres forces

Commentaires via Facebook :

Comments are closed.