Assassiné le 13 avril dernier, le Président en exercice de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), Sidi Brahim Ould Sidatt repose désormais à Ber dont il fut le maire. Madani Amadou Tall rend hommage à Sidi Brahim qui fut le secrétaire général adjoint de son parti, ADM.
Je ne vais pas dire ceci parce qu’il était mon ami, ni parce qu’il fut Secrétaire Général Adjoint du parti que je présidais. Je vais le dire parce que vous devez le savoir : Sidi Brahim Ould Sidatt était plus patriote que beaucoup qui se tapent la poitrine aujourd’hui.
Son assassinat est une triste nouvelle pour le Mali et une triste nouvelle pour la paix. Certains extrémistes qui ne le connaissent pas à Bamako diront bien fait car c’était un rebelle, d’autres extrémistes de l’Azawad diront bien fait parce qu’il privilégiait le dialogue à la violence.
Pourtant, ceux qui aiment réellement le Mali savent que l’exécution sommaire du Président de la CMA établit une nouvelle forme de violence de nature à faire sombrer le Mali plus profondément. Une forme de violence qui ne fait pas partie de notre culture, une forme de violence que nous ne devons pas accepter sinon au risque de voir notre pays disloqué.
La conclusion de tout conflit est la paix. Non pas une paix à tout prix telle que consignée dans l’accord d’Alger, mais une paix équitable pour tous. L’accord actuel est un document imposé à un pouvoir défaillant qui, malgré les avertissements avait envoyé nos enfants, notre armée à une défaite certaine et honteuse. Il ne peut donc être juste pour l’ensemble des maliens car on ne saurait être traité différemment parce que venant de telle région, mais traité avec équité quelque soit la région d’où l’on vient.
C’est cette recherche d’équité pour sa région qui a conduit Sidi Brahim à prendre les armes, il faut le préciser à un moment où il n’y avait pas de pouvoir légitime dans la capitale, non pas pour combattre le Mali, mais pour défendre sa ville de Tombouctou contre l’avancée conjointe du Mujao et du Mnla qui avaient fait fuir l’armée tandis que Bamako était aux mains d’un groupe putschiste (crime imprescriptible selon la Constitution) plus préoccupés d’honneurs et d’argent que de mourir sur le champ d’honneur.
Il n’est pas lieu ici de revenir sur le déroulé de l’histoire, ni d’entrer dans le détail de qui était Sidi Brahim. Une chose est sûre cet homme qui fut mon ami était un homme d’honneur d’intelligence et de courage. Avec lui s’éteint une voix propice au dialogue et à l’instauration d’une paix durable. Surtout, sa mort nous démontre que le Mali à plus que jamais besoin de se relever sinon au risque de se désagréger. Dieu veille.
Madani Amadou Tall
Accueil Contributions