C’est l’idylle entre l’homme et l’animal (hippopotame). L’histoire de Mali Sadio ou la légende de Mali Sadio est particulièrement émouvante. Présentée comme une histoire vraie mais rapportée par la tradition orale, cette histoire a subi de nombreuses modifications. Il en existe aujourd’hui plusieurs versions. Tué par un chasseur étranger, l’animal fut inhumé comme un humain accompagné avec la chanson : « si je savais que l’amitié pouvait finir comme ça, je n’allais pas faire d’amitié ! » Au Mali, l’hymne de Malisadio est synonyme d’amour, de bravoure, de courage et de ténacité. C’est l’hymne de l’amour entre l’animal et l’homme. Revivons cette histoire passionnante, selon la version traditionnelle !
L’histoire de Malisadio est une histoire très importante dans la mesure où elle fait partie dans la vie du khasso. L’histoire de Malisadio est vraie et appartient aux khassonkés plus précisément au Guimbaya. C’est un jeune hippopotame qui a été donné au chef de village de khasso par un chasseur de passage sachant l’exemplarité de l’animal. Le chef de village de Talari (Bafoulabé) au bord du fleuve. L’hippopotame a été adopté comme un animal domestique. La particularité est que l’animal avait quatre pattes blanches et le front tout blanc. Dès lors, la population a crié « Malosadio lewmou » qui veut dire, le « sadio » des hippopotames. Dans la tradition, le « sadio » c’est l’enfant qui est né après les jumeaux. Mais par déformation linguistique, au lieu de « Malosadio » c’est devenu « Malisadio ». L’animal a vécu pratiquement dans la famille royale au bord du fleuve. Un animal aquatique ne peut pas rester loin des berges. Contrairement à d’autres propos racontés sur cette l’histoire, voilà la version de Malisadio qui nous a été léguée par nos descendants. L’histoire de Malisadio a vécu et en ce moment ce sont les Sacko qui étaient promis chefs de griot. A ce titre, ils avaient certaines qualités. Les chefs de griots étaient assimilés comme des « djin » (diable), ils avaient les poisons et les contre poisons, en un mot, c’étaient des « Niamankala » (des hommes qui détenaient les pouvoirs mystiques). Donc, le chef de griot avait le pouvoir de faire apparaître l’hippopotame, il avait le pouvoir aussi d’empêcher les hippopotames de nuire. C’est ainsi, quand Malisadio faisait un long séjour sans qu’on le perçoive sur la berge, la population s’inquiétait et le chef du village appelait le chef de griot pour lui dire que ça fait longtemps qu’on ne voit pas Malisadio. A partir de ce constat, il y avait une cérémonie qui était organisée. Est-ce cette cérémonie qui faisait apparaître Malisadio ? Beaucoup vous diront oui ! Parce qu’après les sonorités des tam-tams, l’hippopotame apparaissait en faisant des jeux d’eau, d’après la tradition, c’est le chef des griots qui faisait des incantations et qui permettait à l’animal de faire surface et de participer à l’événement.
De Talari, Malisadio est arrivé jusqu’à Bafoulabé. Est-ce c’est Bafoulabé qui à donné le nom à Malisadio ou ce dernier qui a donné une très belle histoire à Bafoulabé ? Nous dirons que les deux sont plus ou moins complémentaires. J’ai été surpris quand j’ai vu le « Sigui » (Buffle) comme l’emblème de Kayes, en tant qu’homme de culture, je préférerais que Malisadio soit l’emblème de Kayes, parce que l’histoire de Malisadio est particulière pour la région. L’hymne de Malisadio n’est pas chanté à n’importe qui. C’est l’hymne d’amour, de bravoure, de courage et de ténacité. C’est l’hymne de l’amour entre l’animal et l’homme. L’hymne de Malisadio est chanté aux hommes braves et qui ne manquent pas à leurs paroles données. Malisadio a été inhumé comme une personne. C’est à cela que ressort tout le grand amour entre cet animal et les hommes. Malisadio accompagnait les jeunes filles au bord du fleuve. Malisadio sortait et quand les jeunes filles faisaient la lessive, elles étalaient les linges sur l’animal. Et là, c’est extraordinaire ! L’autre fait extraordinaire est que Malisadio a été tué par un chasseur étranger. Etranger par ce qu’il ne savait pas l’existence de Malisadio, étranger parce que le chasseur se promenait de village en village. Quand le chasseur est venu, les autres hippopotames qui étaient sur la berge sont automatiquement rentrés dans le fleuve pour fuir le chasseur. Hélas, Malisadio qui était habitué à l’homme et qui ne voyait pas de danger à un autre homme est resté sur la berge. Le chasseur qui croyait que c’est une proie facile a tiré sur lui. Le même chasseur est parti annoncé la nouvelle en disant qu’il a fait un mauvais travail, parce que l’animal dont il venait d’arracher la vie est tout simplement extraordinaire. C’est de là que les populations se sont ruées sur le chasseur en disant qu’il a tué Malisadio. Le chasseur du nom de Mamadou Bello Diallo fut chassé du Village. Ironie du sort, ce même chasseur a été tué par un autre hippopotame. Si l’histoire est très passionnante, c’est compte tenu du caractère exceptionnel de l’animal et de l’amour que la population vouait à cet animal. La séparation fut douloureuse et la chanson dit « si je savais que l’amitié pouvait finir comme ça, je n’allais pas faire d’amitié ! ». L’animal a été inhumé comme un humain et accompagné au rythme de la chanson : « si je savais que l’amitié pouvait finir comme ça, je n’allais pas faire d’amitié ! ». Pour plus d’éclaircissement visitez l’espace Culturel TIMBIN FARA sur la route de Bafoulabé.
Adama Issa Sacko, promoteur – culturel