Guerre ou guéguerre ?

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– 12 juillet 2007: un hélicoptère Apache américain, prenant une caméra pour un lance-grenade RPG, tue plus dizaine de personnes en Irak, dont deux journalistes de l’agence Reurters. Il s’agissait là d’une bavure militaire qui n’a donné suite à aucune sanction, ni d’enquête indépendante.

– Toujours en 2007, des employés de la compagnie privée de sécurité employée par le département d’État américain en Irak, Blackwater, sont accusés d’avoir tué une quinzaine de civils irakiens au Nisoor Square de Bagdad, causant une rupture de contrat qui ne cessera réellement qu’en 2009.

Et selon un rapport d’une commission de la chambre des Représentants, les employés de Blackwater, entre 2005 et 2007, ont tiré près de 195 fois sur les Irakiens. La commission a également estimé que les services de Blackwater avaient été facturés à un milliard de dollars, entre 2004 et 2009, pour pourvoir des services de sécurités au personnel du département d’État.

– 27 aout 2021, la dernière bavure connue de l’armée américaine s’est produite à Kaboul, dans les derniers jours du retrait chaotique d’Afghanistan, lorsqu’une frappe de drone a tué par erreur 10 civils dont sept enfants.

– En aout 2011, une bavure de l’OTAN fait plus de 70 morts dans un bourg à 150 kilomètres à l’est de Tripoli.

– 3 janvier 2021: une bavure de la force française Barkhane, selon les résultats d’une enquête menée par la MINUSMA, a fait près d’une vingtaine de victimes civiles à Bounti, dans la région de Douentza. Là aussi, aucune sanction et la France a rejeté de manière véhémente les conclusions de l’enquête onusienne.

– Du 23 au 24 octobre 2017, l’armée française annonçait avoir mené, avec succès, une opération dans le Nord du Mali, dans le cercle d’Abeïbara, contre un groupe terroriste. Une opération aérienne et terrestre menée qui s’était soldée par la neutralisation de 15 terroristes (tués ou capturés, selon l’armée) appartenant au groupe Ansar Eddine. Sauf que l’organisation djihadiste dirigée par Iyad Ag Ghali affirme, elle, que ce sont ses otages, des soldats maliens, qui ont été tués. Une information confirmée par les autorités maliennes, mais pas côté français.

On peut ainsi continuer à égrener les dates et les bavures commises par les forces occidentales sans jamais que leurs auteurs soient punis ou qu’une commission d’enquête indépendante soit acceptée. Et voilà que depuis quelques jours, les FAMA sont accusées de tous les péchés d’Israël pour avoir commis une bavure à Mourah. Malgré les explications de l’État-major Général des Armées et certains témoignages venant du terrain, c’est un tir groupé contre le Mali et certains n’hésitent même pas à parler de la pire exaction jamais commise, alors même que le tribunal militaire a instruit une enquête dont les résultats seront rendus publics.

Là où certaines puissances occidentales refusent toute enquête, ne devrait-on pas saluer la démarche des autorités militaires maliennes et attendre les résultats de l’enquête ? À supposer que les accusations portaient sur des forces étrangères, auraient-elles accepté que d’autres viennent enquêter à leur place ? Allaient-elles rendre public le résultat de l’enquête ? Je m’interroge.

Qui plus est, on entend certains évoquer la présence de supplétifs russes auprès des FAMA. Et pourtant, l’histoire est têtue et les faits sont là pour donner mauvaise conscience à certains donneurs de leçon. En effet, le premier État à avoir mis sur pied une société militaire privée, avec la collaboration de certains pays occidentaux, c’est l’Afrique du Sud, en 1989, à la suite de l’accord de paix mettant fin au conflit d’Afrique australe.

La société fut rapidement engagée au Sierra Leone afin d’assurer la sécurisation de l’extraction et l’exportation des richesses minières du pays (concessions diamantifères), puis le gouvernement de Freetown fit appel à ses services durant la guerre civile, en 1995.

Ce «business» très juteux dans un monde d’après-guerre froide devenu très instable allait être également exploité par les États-Unis. A partir de 1994, la société militaire privée américaine «Military Professional Resource» Inc. (MPRI) intervint au profit de la Croatie lors des conflits des Balkans en accord avec la politique de Washington. Elle forma et équipa l’armée croate et conseilla son état-major, participant directement au succès de l’offensive de l’opération Tempête en Krajina qui permit à Zagreb de l’emporter face aux Serbes.

Puis «Dyncorp», société de services du Pentagone aux activités diversifiées, se mit à son tour sur le créneau. En 1998, elle fournit la plupart du personnel de la Mission américaine d’observation au Kosovo. Mais rapidement, les premières dérives allaient apparaître. En 1999, en Bosnie-Herzégovine, plusieurs de ses employés furent impliqués dans des trafics d’armes et d’adolescentes. Tous furent licenciés mais aucun ne fut traduit en justice pour ces actes criminels car, bien qu’étant des opérateurs privés, ils étaient couverts par l’immunité diplomatique; et la société conserva la confiance du Pentagone. À partir de 2002, en Afghanistan, les hommes de Dyncorp furent chargés de la sécurité d’Hamid Karzaï, le nouveau président afghan, en remplacement de la Delta Force.

Mais la SMP américaine la plus tristement célèbre est «Blackwater». Fondée en 1997 par Eric Prince, un ex-Navy Seal, elle devient rapidement une multinationale du mercenariat au service de la politique étrangère américaine, travaillant notamment en Irak et en Afghanistan pour le compte du Pentagone.

Bien que n’étant officiellement engagés que pour des contrats défensifs, les hommes de Blackwater participent à des raids offensifs organisés par la CIA ou le Joint Special Operations Command (JSOC) en Irak. Dans ce cadre, ils vont alors multiplier les frappes inconsidérées et commettre de nombreuses bavures. En réaction, en mars 2004, quatre membres de la société sont tués lors d’une attaque à Falloujah. Leurs corps, brûlés, sont pendus à des luminaires d’un pont sur l’Euphrate avant d’être démembrés par une foule en furie.

Aucune guerre n’est propre et toute armée cherche à préserver son territoire et protéger les populations civiles. Sinon, on aura vu le tristement célèbre bataillon AZOV aux méthodes plus que controversées, dont les 3000 à 5000 hommes ont été intégrés au sein de l’armée ukrainienne. Mais cela n’émeut personne et n’allez surtout pas dire qu’ils sont les spécialistes des bavures.

Les FAMA montent en puissance et permettent au Mali de reprendre la main sur l’intégralité de son territoire. Qu’on ne cherche pas à saper leur moral et à les indexer à tout bout de champ. Ce sont des officiers qui ont fait les mêmes écoles de guerre que leurs homologues occidentaux qui commandent les hommes sur le terrain. Le Mali possède une armée pluriethnique et soucieuse du respect des droits de l’homme. Des contingents des FAMA ont participé à de nombreuses opérations de mission de paix à travers le monde et ont toujours été salués pour leur conduite exemplaire. Le Mali veut la paix, et pour que la paix puisse être réelle, il est dans l’obligation de faire la guerre aux groupes terroristes.

Salif SANOGO, Journaliste-ORTM

 

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1 commentaire

  1. Chapeau bas !

    Bel article.
    Nous encourageons nos militaires à continuer, sans un regard pour les critiques ennemis.

    “Les chiens aboient la caravane passe”.

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