Gouvernement Boubou Cissé : En attendant une nouvelle majorité

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La nouvelle équipe gouvernementale annoncée dimanche 5 mai a tenu les promesses des fruits des supputations de la rue et rumeurs de salon. On s’inquiétait d’un gouvernement trop nombreux avec des cadres recyclés autour de quelques fidèles de la famille. Le Président IBK et son Premier Ministre Boubou Cissé ont servi aux Maliens un gouvernement qui ressemble fort à une équipe transitoire en attendant les législatives qui doivent renouveler l’Assemblée nationale. Analyse.

Le Premier ministre chef du gouvernement a préféré gardé le maroquin qu’il occupait dans le gouvernement décrié de Soumeyloy Boybèye Maiga. Boubou Cissé reste donc ministre de l’économie et des finances dans son propre gouvernement, histoire, dit-on, de faire aboutir les réformes qu’il avait déjà engagées à savoir notamment le budget programme mais aussi et surtout de tenir les cordons de la bourse d’un état dont même le quidam de Dabanani sait désormais qu’il lui manque de l’argent.

L’état du Mali, susurre-t-on au niveau de la représentation de la banque centrale de l’Afrique de l’ouest à Bamako, vit sur des dernières réserves. “Les chiffres sont confidentiels” répondent tous les interlocuteurs approchés mais tous disent la même chose : il n’y a pas d’argent. Et voilà pourquoi Boubou a tenu à contrôler les caisses de la république, lui le docteur en économie, ancien économiste principal de la banque mondiale qu’il a représenté dans des pays comme le Niger semblable à tout point de vue au Mali. Il sait donc les remèdes des institutions de Bretton Woods mais aussi comment mieux les appliquer pour ne pas mettre le front social dans la rue.

Et même si ce sont pas les grèves qui l’ont amené à la tête du gouvernement, le front social, devancé par l’appel des religieux, “ces personnages hybrides” (sic) pour reprendre les mots de Soumeylou Boubèye Maiga, ancien Premier ministre poussé vers la sortie sous leurs coups de boutoir, le front socia^l n’est pas aussi calme que cela. L’enseignement, la santé, la justice, le corps préfectoral sont en train de ronger leur frein, impatients qu’ils sont de voir leurs revendications corporatistes satisfaites. Et, confie t-on au niveau des organisations de ces différents corps, c’est lui Boubou Cissé, ministre de l’économie et des finances, qui était l’obstacle principal dans les négociations. Et il est encore et toujours là, plus fort davantage.

Osons espérer que l’argent va tomber du ciel des partenaires techniques et financiers pour rafraîchir le climat social puis qu’avec trente huit (38) dont un ministre délégué et deux secrétaires d’état, contre 32 dans la précédente équipe, il pourra difficilement faire comprendre à ses interlocuteurs syndicalistes qu’il n’y a pas d’argent sinon il se serait bien garder de former une équipe XXL.

Quand bien même le gouvernement est de forme congolaise, le qualificatif de très large ouverture qu’on lui disait reste assez relatif.Une bonne vingtaine de l’ancienne équipe sont encore là même si sur les douze sortants il y a des gros bonnets dont le départ pourrait surprendre comme Tienan Coulibaly ou Tiémoko Sangaré. On retrouve donc avec une bonne quinzaine de rentrants dont beaucoup de revenants ou ayant exercé une fonction ministérielle dans le passé.

Le plus emblématique restant Tiébilé Dramé, un dinosaure de la politique malienne depuis la chute de Moussa Traoré. L’ancien leader estudiantin, militant des droits de l’homme au sein d’Amnesty International a été le plus critique du pouvoir IBK avec ses rapports sonnant comme des brûlots. Il a la charge de redorer l’image du Mali qu’il a tant ternie alors qu’il était aux côtés du chef de file de l’opposition au sein du FSD. La politique a ses raisons que la raison ignore.

Oumar Hamadoun Dicko est l’autre vieux briscard qui a été coopté presqu’au forceps par Tiébilé qui aurait plaidé en sa faveur auprès du Président de la République. L’anecdote rapportée par une grande oreille de Koulouba prete à sourire. IBK était accusé, à tort ou à raison de tout céder à Soumeylou Boubèye Maiga, en cédant au caprice de Tiébilé Dramé pour le portefeuille accordé à Oumar Hamadoun Dicko, il faut craindre qu’il ne quitte un crocodile pour s’entacher avec un requin.

Des craintes judicieuses au regard de la vindicte de son propre parti. Justement parlant du Rpm, seul Baber Gano semble la tête la plus connue de l’opinion comme provenant du parti présidentiel. D’ailleurs, dans la pré-séance protocolaire, il vient tout juste après Tiébilé Dramé.

Si, conscient que la législature actuelle prorogée, de façon anticonstitutionnelle, selon l’avis de bien de spécialistes du droit, l’on peut être tenté de dire que le Rpm ne mette vraiment plus en avant l’argument politique de parti majoritaire, même si en droit il peut s’en prévaloir encore, il faut souligner à cet effet, l’une des missions du nouveau gouvernement est l’organisation des élections législatives. C’est à l’issue de ce rendez-vous, que l’on pourra véritablement connaître, quelle formation politique sera majoritaire au sein de la nouvelle assemblée nationale. Et le calcul de Tereta et ses amis pourrait, être de laisser cette équipe se casser les dents sur les dossiers les plus durs à savoir le retour de la sécurité ou tout au moins l’arrêt des attentats et le compte morbide de morts militaires et civils dans le centre et le nord du pays pour clamer qu’ils n’en sont comptable afin d’en tirer le bénéfice politique lors des campagnes pour l’élection des nouveaux députés et ainsi se prévaloir véritablement, s’il arrivait à les gagner, du fait majoritaire. Et là, c’est une autre histoire.

En fin de compte, l’on peut très valablement parler de l’équipe Boubou 1, un gouvernement de transition dont la durée de vie est limitée à quelques petits mois en attendant que le vent passe et les législatives n’imposent une autre lecture politique de la situation. Voilà, peut-être, ce pourquoi, les fidèles, disons les proches de la famille sont encore présents.

Il y a ceux qui restent à leur poste comme le Général de Division Salif Traoré à la Sécurité et à la Protection civile, Lassine Bouaré à la Cohésion sociale, la Paix et la Réconciliation nationale, Adama Tiémoko Diarra à  l’Aménagement du Territoire et de la Population, Mme Traoré Seynabou Diop aux Infrastructures et l’Equipement, Sambou Wagué à l’Energie et de l’Eau, Thierno Amadou Omar Hass DIALLO aux Affaires religieuses et au Culte, Mme Ramatoulaye N’diaye à la culture ou encore LELENTA Hawa Baba BAH aux Mines et au pétrole en plus de KANÉ Rokia MAGUIRAG (Elevage et Pêche), Nina WALET INTALLOU (Artisanat et du Tourisme).

D’autres changent de postes ou voient leur portefeuille prendre ou perdre de l’importance, c’est selon. Hamadou Konaté toujours à la Solidarité perd l’action humanitaire et doit se coltiner la lutte contre la pauvreté. Ag Erlaf quitte l’Administration territoriale et de la Décentralisation pour l’Industrie et le Commerce alors que Kamissa Camara cède son fauteuil de Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale à Tiébilé Dramé pour occuper celui de l’Economie numérique et de la Prospective dont le premier pan était occupé par Arouna Modibo Touré en plus de la communication. Il se trouve lui à la jeunesse et au sport etc. Et c’est Yaya Sangaré chargé auparavant des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine : Monsieur Yaya SANGARÉ qui bénéficie du poste de Ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions, Porte-parole du Gouvernement. Il a été l’un des tout premiers responsables du réseau des radios Jamana qui lui a permis de mener une brillante carrière comme défenseur de la liberté d’expression au sein de l’Union des radios et télévisions libres du Mali (URTEL) puis de l’association mondiale des radios communautaires (AMARC) avant de devenir député de sa ville natale de Koutiala.

Il est aussi l’un des jeunes ministres promoteurs en qui le Président a placé sa confiance en plaçant son second mandat sous le signe de la jeunesse. Ils sont donc en plus de Boubou Cissé, une bonne vingtaine de jeunes ministres. Le genre souffre des règles établies. On dénombre seulment 9 Femmes Ministres sur 38 soit un pourcentage de 23,68 % un peu en deçà des 30% prônée par la loi 052, une petite régression déplorable !

Oussouf DIAGOLA

 (Paris)

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