Lors d’une rencontre avec l’Association des Journalistes de Défense (AJD), ce lundi 5 février, le général Jean-François Ferlet, directeur du renseignement militaire, a donné son évaluation sur la situation dans la bande sahélo-saharienne. « Si l’on regarde le nombre d’attaques, on ne peut pas parler de dégradation sécuritaire. Il y a un bruit de fond de harcèlements, mais qui existe depuis la fin de Serval (en 2013) et qui continue ». « La situation n’est pas satisfaisante, mais elle est contrôlée ».
« Le niveau de la menace est à la portée de nos partenaires (africains), s’ils voulaient », estime le DRM. « La balle est dans leur camp et il y a une grosse pression politique sur eux pour la mise en œuvre des accords de paix ». Mais ceux-ci « stagnent » reconnaît le DRM qui n’observe « pas vraiment de dynamique générale ». Le G5 ? « Il faut que ça marche, parce que ce n’est pas Barkhane qui va régler le problème ». Selon le DRM, le « point clé » est « le contrôle permanent des frontières », pas des opérations « one shot », après lesquelles les groupes terroristes reviennent. Le modèle mis en avant par le DRM est celui du contrôle de la frontière entre le Tchad et du Soudan, avec une coordination entre les deux pays et un « droit de poursuite de 100 kilomètres » sur le territoire du voisin.
Le problème essentiel, pour le DRM, est celui des trafics (armes, drogues, humains, etc.) : une « gangrène » dit-il, avec des « chefs de groupes » qui privilégient leur intérêt particulier sur l’intérêt général. Là encore, il faut leur « mettre la pression », avec des sanctions décidées par les Nations Unies qui les toucheraient au portefeuille. Toutefois, reconnaît le DRM, « nous ne pouvons pas nous attaquer au trafic de manière désordonnée, parce que cela déstabiliserait l’économie et que nous n’avons pas d’économie alternative à proposer ». « Nous nous attaquons aux trafics quand ils servent à financer le terrorisme » précise le DRM.
Interrogé sur le rôle de l’Algérie, le DRM a estimé qu’ « elle est un partenaire, jusqu’à preuve du contraire. On a besoin d’elle » car elle est « incontournable ». « Nous avons des contacts » a-t-il ajouté.
Correspondance particulière