400 leaders religieux et chefs coutumiers, représentant toutes les appartenances traditionnelles au Mali, 8000 participants, de tous âges et de tous horizons, un discours volontariste du Premier Ministre, un message fort contre l’instrumentalisation de la religion contre le terrorisme et le radicalisme : si l’évènement fut d’ampleur nationale, il a attiré les regards et l’intérêt du monde entier. Lors du forum des leaders religieux et des chefs coutumiers organisé à Bamako les 13 et 14 mai, la présence de cadres de la CMA, conduits par Alghabass Ag Intallah, a été très remarquée.
Les leaders religieux et chefs coutumiers se sont réunis sous le regard enthousiaste de la communauté internationale pour réfléchir à leur propre stratégie contre l’instrumentalisation de la religion à des fins de radicalisme et de terrorisme. L’évènement avait calqué ses objectifs sur les standards de l’APR : être inclusif et consensuel. Inclusif, il le fut, en invitant à la même tribune tous les leaders religieux et coutumiers du pays, y compris les autorités catholiques. Consensuel, ce forum le fut, puisque les intervenants ont rédigé d’une seule voix une liste de recommandations à l’adresse du Président Ibrahim Boubacar Keïta lui-même.
La télévision et une dizaine de radios étaient présents pour couvrir l’évènement. Parmi les participants intéressés et impliqués, la présence de quelques hauts responsables de la CMA dont Alghabass Ag Intallah fut remarquée tout particulièrement dans ce rassemblement dont la ligne directrice était la mobilisation de tout le pays autour de la diffusion d’un message de paix, d’unité et de développement. C’est d’ailleurs devant cet auditoire très à l’écoute que le Premier Ministre a rappelé sa propre détermination à s’engager sérieusement contre le radicalisme, le terrorisme, ainsi qu’à neutraliser les terroristes et leurs complices et tous ceux qui veulent instrumentaliser la religion.
Comment interpréter la présence d’Alghabass Ag Intallah parmi les participants à ces journées ? Représentait-il officiellement le HCUA, portait-il le flambeau de la CMA toute entière en se substituant à Bilal Ag Cherif ? Faut-il y lire une adhésion de la tribu Ifoghas à cette mobilisation des leaders religieux et chefs coutumiers ? Ou encore un repositionnement de la part d’Alghabass Ag Intallah par rapport au terrorisme et au radicalisme religieux? Et si finalement cette présence signifiait tout simplement qu’à Kidal, comme partout dans le Nord Mali, on a décidé de s’affranchir définitivement de l’autorité d’Iyad Ag Ghali et de ses projets de califat…
Auteur : Pr Mamadou Maïga
29 mai 2018
