L’idéologie mortifère des djihadistes fait beaucoup de victimes. Et les premières d’entre elles sont les femmes, qui subissent dans leur quotidien les vexations, la misogynie, le rapt, le viol. L’exemple le plus frappant est celui des lycéennes nigérianes kidnappées par BokoHaram. « Save Our Girls ! » scandent les personnalités en vue de toute la planète, qui s’insurgent à juste titre d’une régression culturelle qui confine les femmes dans une ignorance et une posture de soumission contre laquelle les femmes de tous les pays se mobilisent. Mais certaines femmes, refusent la posture résignée et silencieuse. Elles prennent les armes. Et se battent… De différentes façons.
Le meilleur exemple récent d’une reprise d’initiative de femmes contre le djihadisme fut celui des combattantes kurdes qui par bataillons entiers, luttent, AK47 à la main, contre « l’Etat islamique » autoproclamé, au Moyen – Orient. C’est l’aspect particulier de la lutte armée des Kurdes qui a captivé les médias tout à fait récemment, notamment lors de l’affaire de la bataille de Kobané.
Ce que l’on sait moins, c’est que dans nos régions, le combat armé féminin contre les groupes terroristes existe aussi. Au Mali et au Niger, au sein des forces armées antiterroristes plusieurs unités de combat comprenant des femmes ou même commandées par des femmes sont au contact des djihadistes. Le bruit court même que les opérations récentes dans le Tigarghar (« opération Tudelle ») ou l’interception de convois d’armes à la frontière du Niger ont vu la participation de femmes au sein des forces françaises. On ignore souvent que l’armée française est une des plus féminisée des armées occidentales.
Mais le combat armé n’est pas le seul champ de lutte des femmes qui refusent la discrimination, l’exclusion de la société ou la persécution par un système de pensée arriéré qui prétend dominer toute la société. Elles sont le ferment de l’histoire, l’avenir des groupes sociaux, le levain de la culture, et elles le savent. Elles luttent alors, avec leurs mains nues, pour distiller à l’intérieur de leurs milieux, de leurs familles, les raisons de croire à la paix, à l’avenir de leurs enfants, à la stabilité et à la prospérité. Ce sont elles qui, par des projets artisanaux, des ouvertures culturelles, des échanges avec ceux qui refusent les combats fratricides, permettent de donner à nos peuples non seulement le goût de la paix, mais aussi la possibilité de croire en une prospérité qui dépasse les querelles tribales, les intérêts égoïstes ou les luttes d’ego que leurs hommes savent si bien déclencher.
Le Mali a besoin des femmes. Le Mali doit compter sur elles pour reconstruire le pays : pour la reconquête du territoire, elles prennent les armes ; elles sont présentes dans notre armée malienne. Et pour que le pays retrouve son âme, elles offrent leur cœur, et tout ce qui fait qu’elles sont femmes et ce pourquoi nous les aimons. Lorsque nous aurons enfin reconquis Kidal grâce à nos femmes fortes, les terroristes seront révélés en pleine lumière tels qu’ils sont réellement : des hommes faibles qui par manque de virilité s’acharnent sur celles qu’ils craignent en secret !
Idrissa KHALOU