Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain ?

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Mr Yachim Maiga

Les hommes politiques commencent à sortir de leurs trous pour donner signe de vie. Histoire aussi de prouver à leurs militants et supporters qu’ils sont bel et bien prêts pour le starting bloc  du 29 avril, auquel ils tiennent comme a la prunelle de leurs yeux. N’allez surtout pas leur dire que le 29 avril c’est du passé. Ils vous cracheront dessus et vous accuseront de tous les maux du Mali: Niengo, hasigui et j’en passe.

On savait ou on pouvait deviner la position d’Oumar Mariko du Sadi, le premier à faire allégeance à la junte militaire. Mais on attendait surtout avec un mélange d’angoisse et d’appréhension la sortie médiatique des mastodontes de la classe politique malienne.

Ils ont parlé et le moins que l’on puisse dire est que la montagne a accouché d’une souris. Ils se sont comme il est de coutume, essayé de marcher sur des œufs, tout en caressant le loup et l’agneau.  D’un coté, ils reconnaissent a l’image de IBK, les causes du naufrage du régime ATT, mais de l’autre coté condamnent avec une énergie le coup. C’est ce que nos politiciens au bord du djoliba, appelaient jadis la politique de la souris.  Revenant aux différentes déclarations de nos braves « leaders », on constate non sans amertume, qu’ils ne proposent aucune solution de sortie de crise en dehors du retour au fameux désormais fétiche du mali : 29 avril.

Je ne suis pas surpris de l’attitude des politiques, même si je suis déçu qu’ils n’aient pas pu se départir de leur eternel calcul politique au profit du Mali. Que des politiciens  de la trempe d’IBK refusent d’ouvrir les yeux pour comprendre que même sans le coup d’état, il ne saurait être question d’élections le 29 avril, tant la situation de guerre au nord du Mali ne s’y prête pas.  Vouloir forcer des élections le 29 avril 2012, aurait été une insulte à toute cette tranche de la population  malienne, qui vit dans l’angoisse dans la peur quelque part en exil, ou toute cette population déplacée.

Ouvrons, enfin les yeux, un Gouvernement incapable d’assurer la sécurité de l’élection de 125 conseillers nationaux, peut –il assurer des élections générales. Que dit-on du couplage du referendum, qui constitue déjà une entorse à la constitution. Si le 29 avril  devrait avoir lieu, on aurait assisté en spectateurs un coup anticonstitutionnel: un referendum ne peut être organisé si une partie du territoire est menacée.

Encore une fois nos politiciens continuent de narguer le peuple au non duquel ils agissent par leur aveuglement à ne voir que ce qui les arrange: les élections. Soit ils sont incapables d’analyser l’infaisabilité des élections, auquel cas, ils devraient changer de profession. Soit ils savent en leur for intérieur que le 29 avril est un leurre,  tout en continuant de faire comme si, ce qui revient à dire qu’ils s’en moquent du peuple.

J’imagine qu’ils sont conscients que les élections ne sont pas tenables le 29, même s’ils continuent à s’accrocher  comme jadis en 1991 ou Moussa Traore tenait à son congrès du 28 mars 1991.

L’argument principal avancé qui consiste à dire que c’est un recul de 20 ans, ne résiste pas non plus à un débat. En effet, il a fallu qu’il y ait un 26 mars 1991, pour qu’ATT entre par effraction dans l’histoire. On peut tourner une page certes, mais ayons l’humilité et la mémoire de ne pas déchirer une page de notre histoire : nous discutons et défendons aujourd’hui un acquis qui est passe par un coup d’état. N’est-ce pas ATT qui a eu à dire pendant la transition, aux leaders politiques, qui le harcelaient de rendre le pouvoir que tant qu’il y a mauvaise gouvernance, des coups d’état il y en aura toujours.

Et oui la roue de l’histoire tourne implacablement à une vitesse de TGV et tant pis pour les lève-  tard.  Battons nous pour le Mali et non pour un homme ou pour un régime. Seul le Mali doit compter. Si c’est le changement qui doit apporter le bonheur et la paix, tant mieux. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, aimait  à dire feu Me Demba Diallo.

Le Bateau Mali tangue, tangue encore, mais faisons en sorte qu’il ne chavirera jamais

Aucun malien fut-il de la diaspora n’est indifférent à ce qui se passe. La situation du Comite national de redressement de la Démocratie et la restauration de l’Etat, CNEDRE, ressemble à une goutte d’eau prés à la junte d’un certain Moussa Dadis Camara de la Guinée. En effet, ce sont des hommes de troupe qui ont osé franchir le pas, de faire fait le coup, donc quelque part , ils peuvent et doivent bénéficier des circonstance atténuantes en ce qui concerne leur errements pour trouver leurs marques. Pour autant ils ne sont pas dédouane.

Je ne suis pas putschiste et je laisse le soin à ceux qui connaissent mes convictions de dire si oui ou non je suis putschiste.  Car de 1991 a ce jour fatidique du 22 mars 2012, je suis resté constant dans mes prises de position: 1991 a enfanté un monstre démocratique (vol gabegie, corruption, clientélisme, attisme), qui lui même vient d’enfanter par césarienne un autre monstre (jeunesse, amateurisme, insouciance, immaturité, etc.)

Un père peut être amené à renier son fils, mais jamais une mère ne renie son rejeton. Alors notre Mère patrie le Mali,  va t- elle jeter son bébé monstre avec l’eau du bain???

Là est le véritable questionnement. Il ne s’agit plus pour moi de disserter sur le Non du coup d’état. Oui pour le Non au coup d’état. Mais qu’allons-nous faire?

Quelque soit la réponse à cette question, il nous faut trouver une solution au 29 avril: Avec ou sans le coup d’Etat le 29 avril était irréaliste et irréalisable.

Moi, à son temps, le 20 février 2012,  je suggérai une transition ou ATT se démettait et remettait le pouvoir à un conseil de transition que j’avais appelé Conseil de défense de la république.

Cela aurait eu le mérite de nous éviter ces pillages, ces sanctions, ces condamnations unanimes de la communauté internationale et cette incertitude ou personne ne sait dans quelle direction tanguera le bateau Mali?

Maintenant que les démocrates, pensent qu’il ya péril en la matière, il faut vite trouver la solution : Est-ce le retour d’ATT aux affaires ? Je ne crois pas, parce qu’il n’observait que le statu quo. Ou peut être les démocrates, devraient amener la junte à mettre très rapidement sur place une sorte de Constituante qui siégerait comme un parlement d’exception et qui devrait s’ouvrir a toute la société civile et de ce qui reste de la classe politique.

Quelque soit la solution à arrêter, il faut aller vite car le temps joue contre nous. Il ya le Nord qui attend et qui presse.

Puisse le bateau mali sortir très rapidement de ces eaux boueuses et nauséabondes pour retrouver les berges du Djoliba sur lequel brillera demain un soleil de vie et d’espérance.

Une contribution de Yachim

Port-au prince 27 mars 2012

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4 COMMENTAIRES

  1. si le coup d’etat etait suivi de la remise du pouvoir a quelqu’un d’autre il pouvait etre le bien venu .
    mr dans cette situation pour voir le mot democratie au mali encore il faut du sang .selon vous ceux-ci sont prets a s’en aller???
    CHER FRERE LES HOMMES VIENNENT ET PASSENT NOTRE DEMOCRATIE DOIT RESTER ,APRES ATT(que je n’ai jamais voter)peut etre quelqu’un de bon pouvais venir c’est ça la democratie :l’alternance au pouvoir

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