Certains esprits « avertis », politologues et commentateurs politiques pour la plupart, ont tendance à dater les maux du Mali de l’accession d’ATT au pouvoir. Aussi voient-ils dans ce dernier et lui seul le véritable malheur du peuple malien. Nous le disons ici et l’affirmons autant ailleurs qu’une telle conclusion procède nécessairement, à la fois d’une vision romanesque des faits sociaux et d’une mémoire sélective dans l’appréciation de l’histoire politique du Mali.
Veut-on être sérieux dans les analyses ?
Alors soyons rigoureux et objectifs, car voyez-vous chers amis, trop de mensonges, trop d’intoxications et de manipulations ont conduit ce pays à l’humiliation suprême. Pour construire du nouveau, commençons par prendre conscience de nos erreurs ; si tant est que nous voulons nous assagir pour la construction d’un Etat fort. Il est impossible de construire du vrai sur du faux ! Et nous resterons dans le faux aussi longtemps que nous vouerons un culte aux analyses partiales et partielles qui nous empêchent d’appréhender objectivement les manquements et responsabilités de chacun des acteurs sociaux.
Le règne ATT et l’autre partie de l’histoire…
L’élection diversement interprétée d’ATT à la magistrature suprême en 2002 fait suite à dix années de gouvernance, dit-on, « démocratique ». Sorti de vingt-trois années de régime liberticide, le peuple malien allait bientôt se retrouver sous un régime caractérisé par un libertinage financier sans précédent. Certains parlent de « régime de la corruption à ciel ouvert » et d’autres de «régime des fonctionnaires milliardaires ». Quelle que soit l’étiquette, dont la paternité ne nous revient certainement pas, que l’on veut bien coller à cette phase de notre histoire politique, une chose reste constante : elle nous a légué les bases du pourrissement de l’Etat et de l’intégration de la corruption dans nos mœurs, entretenues et amplifiées par le règne ATT.
Cela n’est pas, soit dit en passant, sans rappeler ces propos d’un ancien professeur de droit et brillant avocat malien qui exprimait ainsi son indignation: « …Le Mali est le seul pays au monde où pour avoir ce à quoi on a droit on est obligé de passer par des chemins tortueux…tout est faux. Tout le monde s’accommode de la déviance et nos mœurs s’en trouvent sérieusement affectées ».
La désintégration de l’ADEMA, l’expression n’est pas trop forte, en plus d’avoir facilité l’élection d’ATT, a contribué à amplifier l’émiettement et l’émergence des micro-partis alimentaires et la transhumance politique au Mali.
On peut ainsi être amené à se poser la question de savoir comment un candidat indépendant en la personne d’ATT a pu se faire élire face à de grands partis politiques. Cette question perd de ses effets à côté de celle qui invite à réfléchir sur le miracle ayant permis à un président « sans parti politique », donc sans majorité parlementaire de gouverner comme un monarque.
C’est sûr, quelqu’un quelque part n’a pas joué son rôle.
Mais qui ?
Les copains du régime ATT et les opposants
Curieusement, et toujours comptant sur l’ignorance et la docilité du peuple, chacun de son côté rejette la faute sur les autres ; ou plus exactement, chacun se désolidarise d’ATT et indexe les autres comme étant ses collabos et, par voie de conséquence, comptables de son régime. Alors là nous avons un problème, personne n’est responsable. ATT lui-même, si on lui en donne l’occasion, risque d’indexer un responsable autre que lui.
Mais de qui se moque-t-on ?
Nous affirmons donc véhément, ici et ailleurs, que si la classe politique dans son ensemble, avait joué le rôle qui est le sien, nous serions bien loin de l’abime actuel. Le président ATT aurait récusé de son esprit toute idée l’incitant à diriger un Etat comme on gère une épicerie par la culture de l’improvisation. Mais aujourd’hui, nous en voyons qui crient sur tous les toits au scandale, à la corruption des gouvernements du règne ATT qu’ils rendent responsables de tous les maux d’Israël. Nous sommes en partie d’accord, ces gouvernements ne descendaient pas de Salomon. Ce qui nous échappe toujours par contre, c’est : Pourquoi ces hommes politiques vertueux –présidents de partis pour la plupart- qui avaient conscience de tout cela, ont-ils quand même laissé leurs ministres siéger dans les gouvernements sous ATT jusqu’au coup d’Etat ? Alors si ces gouvernements étaient corrompus, ce que tout concourt à prouver, les partis dont les membres y siégeaient ne sont-ils pas complices de cette corruption ?
En vérité, ils se moquent de nous !
Dans un Etat sérieux, on est soit de l’opposition ou de la mouvance présidentielle, sauf à prétendre à la position hautement lâche de « neutralité » dont semblent vouloir se prévaloir certains politiques qui affirment n’encourir aucune responsabilité pour n’avoir pas été menés de près ou de loin ; disent-ils, à la gestion de la chose publique ces vingt dernières années. Alors, à quoi servaient-ils ceux-là ? Le triomphe du mal procède moins de la puissance de l’homme de mal que de l’inaction, de l’indifférence de l’homme de bien, messiers !
D’autres présidents de partis, trop intelligents peut-être à leurs avis, s’agrippent désespérément à l’argument qu’ils n’étaient pas au Mali durant ces dix dernières années et ne peuvent dès lors avoir leur part de responsabilité dans le chaos actuel. Ah bon ! Que faites-vous donc de la présence des membres de vos partis au gouvernement et le soutien indéfectible qu’ont apporté vos députés au régime ?
Etrange …non ?
Gardez-vous par ailleurs de prendre au sérieux ou pour opposants ceux qui apparaissent par moment à la télé pour proférer quelques critiques superficielles à l’endroit du régime et dont les camarades de parti siègent au gouvernement. Un opposant ça ne siège pas au gouvernement !
Tenez pour complices du régime tous ceux dont les députés ont été un soutien pour le régime à l’assemblée. Posez donc la question aux différents partis qui ont assuré la majorité parlementaire de savoir pourquoi il n’a jamais été question du vote d’une motion de censure pour renverser les gouvernements du règne ATT puisqu’ils étaient corrompus. Cela aurait au moins le mérite de nous épargner cette grande humiliation.
Dès lors, se prévaloir d’une quelconque virginité est une insulte à l’endroit du peuple tant les souvenirs « du consensus mou », véritable trouvaille d’ATT dont l’application a été rendue possible par son acceptation par tous les grands partis, nous hantent encore et encore.
Et serait-ce la société civile, véritable servante de la classe politique malienne dans les faits, qui pourra se dire irréprochable ?
ZANA KONE
Juriste d’Affaires
E-mail : zanakone@gmail.com
Pour la première fois je réagis à telle note. Elle m’a forcé l’admiration tant elle est bien rédigée et reflète la situation de notre pays. Konékè,bravo et courage. Vous méritez un sac de 100kg de votre gros riz RM140. Bien dit!
Tchienn YERE YERE. Analyse tres pertinente
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