Face au bradage des terres par les élus municipaux Il faut redéfinir le rôle et la mission des maires

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Depuis le 4 septembre 2013, jour de votre investiture, jusqu’à présent je n’ai pas cessé de ressasser le discours de votre entrée en fonction. Vous avez su savamment démontrer avec objectivité votre vision de la société et la grande maitrise des réalités du pays. Sans vous flatter elle était palpitante, pleine d’espoir et de vitalité. Oh combien beau à entendre pour les nombreux cœurs meurtris de la presque totalité des maliens. Soyez sûr et certain que vos mots ont servi de détonateur à plus d’un au point de passer des nuits blanches peuplées de cauchemars. Ces mêmes qui s’imaginent que notre pays représente leur héritage paternel. De véritables inconscients se croyant plus maliens que leurs concitoyens. Je peux vous avouer que votre message a été bien compris par vos compatriotes de tous bords politiques et de tous rangs sociaux. J’ai bien sauvegardé dans les méninges le contenu des passages ci-après :

La vie du malien vaudra désormais son prix inestimable. Aussi voudrais-je ici, solennellement, engager tous ceux qui ont mission et vocation à protéger et sauvegarder notre peuple, à s’acquitter très consciencieusement de leurs missions. Nul ne sera au-dessus de la loi. Elle s’appliquera de manière égale à tous. Il en sera désormais ainsi en République du Mali, inchallah ! “. Aujourd’hui, il me plait de vous adresser cette lettre pour en savoir davantage sur votre stratégie de redressement du grand Mali malade de tous ses organes vitaux.

Monsieur le Président, quel lendemain votre pouvoir compte réserver aux maires vendeurs de terres pour s’enrichir uniquement de manière illicite et honteuse sur le dos du peuple qui les a investis pour le bien de la commune ? Comment comprendre que ces élus du peuple se muent en prédateurs pour se la couler douce au milieu de leurs compatriotes embourbés dans la misère ?

Les cas de la municipalité de la commune rurale de Baguineda et tant d’autres font non seulement bondir de rage mais au-delà ils défraient la chronique. Les braves paysans de cette localité se sont vus déposséder de leur champ d’une superficie de 110 hectares par abus de pouvoir des élus locaux. Ces terres agricoles furent morcelées et vendues et font l’objet de constructions d’habitations. Depuis, les agriculteurs ont remué ciel et terre sans succès. A cet effet n’y a-t-il pas lieu de redéfinir le rôle et la mission des Maires à travers des ateliers de formation ? Il me semble que bon nombre d’entre eux s’imaginent que l’espace public devient subitement leur propriété privée durant leur mandat. Quelle duperie !

L’Etat ferait des heureux en leur imposant de rendre compte aux citoyens. Ainsi ils comprendront que ces biens représentent un patrimoine de la collectivité locale et non un héritage familial. Quelques fois on a la dure sensation que certains maires pensent être dans leur plein droit en vendant la terre villageoise puis détourner bonnement l’argent. Seule la transparence et le respect du bien doivent prévaloir comme mode de gestion.

Une innovation particulière mériterait d’être mise en route pour éradiquer le trafic et la falsification des documents administratifs. De nos jours l’acquisition de la nationalité malienne ressort du grand banditisme sur la base du faux et usage de faux. Il suffit de soudoyer un employé municipal pour se procurer d’un acte de naissance aux informations inexistantes sinon crées de toutes pièces. En contrepartie, n’importe qui peut se prévaloir de devenir citoyen malien moyennant finance. De nos jours des ressortissants de pays tiers se baladent à travers le monde avec le passeport malien. Bien souvent ils commettent des crimes inimaginables au titre de notre identité. N’oublions pas qu’au début de cette chaine de fossoyeurs se cache toujours l’œuvre d’un élu local. Cette pratique en provenance de la part des serviteurs de l’Etat à très largement contribué à une déflagration de notre identité nationale mais aussi à ternir l’image du Mali hors de nos frontières.

D’autre part, je souhaiterai vivement solliciter le concours du nouveau gouvernement surtout de son Ministère chargé des affaires étrangères de projeter un grand éclairage sur la nomination du personnel en fonction dans nos ambassades accréditées dans les pays étrangers. Le fait d’insister sur ce point résulte de mon propre regard. Depuis un certain temps, une part

non négligeable de diplomates ne correspond plus aux critères en terme de compétence. L’affectif rajouté au favoritisme, aux nominations par affinité ont participé à l’inefficacité des services. Pour ne pas dire tout simplement que beaucoup trop d’incompétents occupent des postes qui ne sont pas les leurs.

Son Excellence Monsieur le Président, l’ensemble de ces combats creéra des dizaines voire des centaines d’emplois en terre malienne et servire  à désengorger le rang des jeunes chômeurs. Ainsi d’une pierre vous en ferez sans doute deux coups. Contrairement à un grand nombre d’individus je peux vous assurer que votre tâche s’annonce complexe dans un pays rongé non seulement par la guerre mais également pourri jusqu’à la racine par plusieurs années de mauvaises gestions des affaires publiques et de détournement à outrance.

En espérant que cette lettre retiendra toute votre attention, je vous prie de croire Monsieur le Président de la République à l’expression de mes sincères et respectueuses salutations.

Aboubacar Eros Sissoko

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3 COMMENTAIRES

  1. Quelle belle analyse de la situation!!!!!!!
    Les maires aulieu de s’occuper des problemes d’assainissement s’adonnent a des pratiques de distribution de parcelles ilegalement et de kiosques qui obstruent le domaine publique./
    Je serais d’accord que l’on retire le foncier de la main des maires.

  2. Le foncier est le 1er maillon de la mal gouvernance et de la corruption au mali.
    T9us les villages aux abords de la route bamako/segou ont ete pris d assaut par des gens qui ont vidé les caisses de l état et cherchent a blanchir leur argent dans le foncier avec la complicité des elus locaux sous l oeil impuissant des villageois.
    Certains villages n ont même plus de champs proches du village.tout a ete vedu avec des titres fonciers et bon pour la speculation foncière. Le terrain coute plus cher au mali que 0artout ailleurs en afrique de l ouest.
    Il faut retirer le foncier aux elus locaux et le placer sous controle des sous prefets, prefets et gouverneurs. L etat pourra sevir aisement contre ces administrateurs alors qu un politique c est tres difficile surtout quand les partis politiques gouvernent ensemble..
    Faire payer des impots sur les titres fonciers par an pour dissuader les gens de posseder des centaines dhectares juste pour la speculation foncière.

    • Je suis d’accord avec vous. Les Maires ont fait trop de mal aux citoyens lamda. Ma famille a ete victime de la cupidite du Maire de la Commune VI,Souleymane Dagnon, du Gouverneur de Bamako et de certains cadres vereux du Ministere de l’Administration Territoriale. Ils ont morcelle et vendu notre verger d’1h et demi sous le nez du Gen. Kafougouna Kone a l’epoque Min. de l’Adm. Territoriale. Les nouveaux proprietaires nous narguent a longeur de journee! Et nous avons que nos yeux pour pleurer! Injustice quand tu nous prends!

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