Face à la crise libyenne : Où est donc passée la Cedeao ?

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Pour une banale crise électorale ivoirienne, la CEDEAO déclare la guerre au peuple ivoirien en vue de plaire au néocolonialisme français et à l’impérialisme américain. N’eût été la détermination anti-guerrière des Présidents Jacob Zuma, Dos Santos et d’autres dirigeants d’Afrique Australe et d’Afrique de l’Est, la CEDEAO aurait commis la plus grosse bêtise de son histoire.

 

Si à chaque crise électorale ou post- électorale dans un pays, on va en guerre contre ce pays, on serait en guerre partout en Afrique, particulièrement au Burkina Faso où l’assassin du Président Sankara réélu avec un score soviétique veut s’ériger en «Président à vie». Il n’est pas étonnant de voir une différence de jugement entre les Présidents d’Afrique australe et ceux de la CEDEAO. Les pays de l’Afrique australe ont conquis leur indépendance après de lourds sacrifices contrairement à la plupart des pays de la CEDEAO qui ont bénéficié d’indépendances accordées. Le Président Gbagbo et le peuple ivoirien ont engagé la lutte pour conquérir une vraie indépendance, ce qui explique sa convergence avec les dirigeants de l’Afrique australe. Puisque la CEDEAO a les moyens d’envahir un pays africain sous le prétexte fallacieux «démocratique», elle ne doit pas manquer de moyens pour secourir ses ressortissants qui sont en danger de mort en Libye. Voilà plus d’une semaine que des ressortissants de la CEDEAO crient au secours, cris adressés aux dirigeants de cette organisation sous-régionale en vain. A ce jour, aucun dirigeant africain sous-régional n’a répondu à cet appel au secours quand le reste du Monde évacue ses ressortissants. Un tel comportement de la CEDEAO ne peut que justifier le jugement négatif que le reste du Monde porte sur l’Afrique. L’Afrique subsaharienne, exceptés quelques pays anglophones, devient la risée du Monde en se mettant au service du néocolonialisme français contre la Côte d’Ivoire et en ignorant les appels de détresse de ses immigrés en Libye.

Tiécoro Diakité, Docteur en Economie du Développement (Paris 1) Ancien Ministre Ancien Expert Principal du BIT

 

 

Challenge Afrique :

Vivement le devoir de l’ingérence humanitaire pour protéger le peuple ivoirien !

De mon point de vue, non ! Car tous les ingrédients d’une nouvelle guerre sont là avec une allure de génocide qui profile à l’horizon. Ainsi, compte tenu de toutes les tentatives de médiations internationales initiées par l’O.N.U., l’U.A, la CEDEAO, l’UEMOA invitant le perdant du 2ème tour de la présidentielle du 28 novembre 2010, le président sortant (Gbagbo Laurent) à céder le fauteuil au vainqueur (Alassane Dramane Ouattara) rien n’y fait. Le perdant s’accroche au pouvoir. Il recrute les mercenaires, arme sa milice et avec ses fidèles des Forces de défense et de sécurité pour massacrer sa propre population, manifestant les mains nues pour réclamer son départ. Il enlève ses opposants pour les mettre dans les geôles du pays.

 

Malgré l’interdiction de sa signature par les plus hautes autorités de l’UEMOA pour débloquer des fonds, il s’obstine et braque les agences locales de la BCEAO et nationalise les banques commerciales qui sont obligées de fermer, mettant en péril l’ensemble du système bancaire du pays. Il coupe l’électricité à une bonne partie du pays, causant des morts dans les hôpitaux. Bref, Gbagbo freine le développement économique  de son pays.

Au regard de ce tableau sombre, les pays membres de la CEDEAO et de l’UEMOA devraient agir immédiatement en C.I. sans attendre les résolutions du panel de chefs d’Etats. Il y va de l’intérêt de l’ensemble de la sous région. Des pays lointains comme la RSA ou le Kenya méconnaissent nos réalités, car situés à des dizaines de milliers de km. Nous avons perdu énormément de temps, l’économie de l’UEMOA se fragilise et nous risquons même une dépréciation de notre monnaie commune qui est le CFA.

 

De ce fait les dirigeants  de l’UEMOA et de la CEDEAO doivent redoubler de courage et user du concept du devoir de l’ingérence humanitaire pour protéger le peuple ivoirien (concept reconnu par l’ONU) en intervenant militairement et de façon ciblée pour déloger M. Gbagbo du Palais, car il y va de l’intérêt économique, social et politique de notre espace sous- régional.  Puisque si nous échouons dans la résolution du conflit ivoirien en laissant perdurer Gbagbo au pouvoir, nous créerons un précédent fâcheux de jurisprudence. Parce que des dizaines d’élections présidentielles sont attendues en Afrique. Nous donnerons raisons à des pays qui pensent que la démocratie ne peut pas marcher en Afrique. Je pense que nous sommes contraints de réussir ce pari pour la génération future africaine.

Gaoussou Madani Traoré

 

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