Lorsque les pères fondateurs du Mali ont bravé vents et marées pour décrocher l’indépendance, ils avaient choisi, malgré les difficultés liées à un contexte extrêmement chargé, de gouverner pour satisfaire 3 droits humains fondamentaux : la vie, la liberté et la quête du bonheur et du bien-être. Même si nous voulons porter le flambeau que ces grands noms de l’histoire ont allumé, nous devons reconnaitre aujourd’hui que la lumière qu’il répond est loin d’être aussi forte qu’elle devrait. Et son éclat vacille et faiblit à cause de la cupidité, de l’apathie et de la peur. Mais il arrive très souvent comme le dit l’éminent juge sénégalais Keba M’baye, le chantre de l’éthique, que <<nous empruntons un autre chemin que celui que nos anciens avaient choisi. Eux, avaient choisi le chemin de la foi, de la dignité, de l’honneur, du courage, de l’honnêteté, de l’humilité, de la transparence, de la droiture, du respect d’autrui et du bien commun, de l’endurance, de l’amour de la nation>>
Nous étions encore enfants, passions encore le plus clair de notre temps dans des fromagers gigantesques, le jour, et le soir au clair de lune villageois, en 2002 lorsqu’on entendait nos frères et sœurs clamer : IBK, kankelentigui !!! Dans la vie des nations, il y a certains qui occuperont la magistrature suprême par des discours hautement <<patriotiques>> parmi un peuple émotif voire fanatique dans sa grande majorité.
En 2007, les maliens de ma génération n’avaient pas encore l’âge de la majorité qui confère le droit de vote dans notre pays. Nous étions donc des spectateurs très intéressés malgré notre jeune âge à l’époque mais nous ne pouvons pas jouir de l’immense prestige de faire partie de ceux qui allaient tracer un nouveau destin pour notre pays. Mais comme pour nous la vertu se trouvait dans l’opposition, nos cœurs vibraient de patriotisme quand nous écoutions aux côtés des adultes le discours presque guerrier d’IBK. Après les échéances électorales, sans surprise, les résultats viennent confirmer une vérité qui commence à devenir un adage chez nous : Au Mali, parait-il, qui organise les élections ne les perd jamais. Le Président ATT remporte les élections, non pas au premier tour, mais <<dès le premier tour >> comme ils le préconisaient eux même.
Près de 5 ans après, les problèmes sécuritaires secouèrent le pays et les autres secteurs allaient s’affaiblir. En 2012, contre toute attente, le Général est renversé. Comme le dit l’autre, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, les opposants se bousculèrent aux portes de Koulouba pour mener la barque.
Le discours longtemps tenu par IBK était tellement rigoureux, tellement porteur d’espoirs, plein de patriotisme et d’engagement qu’il était devenu un héro parmi les héros bien avant de franchir la porte de Koulouba. Le programme pertinent, cohérent, convaincant et riche suffisait pour susciter l’adhésion de chacun et de chacune d’entre nous aux idéaux d’IBK perçu comme étant le sauveur, le libérateur d’un grand peuple surpris et mal en point. Le peuple croyait tenir en lui le grand patriote, un nouveau défenseur tellement le discours était mielleux et flirtait avec la perfection. Un an après, l’homme dont nous chantons la bravoure et la rigueur depuis que nous étions tout petits arriva aux affaires. Le tout nouveau discours chargé de patriotisme hisse les espoirs à un niveau jamais égalé. Des puissants et nouveaux concepts grossissent d’avantage l’immense espoir : << Le Mali d’abord, Pour le bonheur des maliens>>
Seulement des mois après, l’homme élu sur la base de ces slogans s’embourba dans les scandales et du coup enfonça le Mali comme jamais. Mais voilà que quelques années après sa brillante élection qui avait soulevé un ciel d’espoir, le grand peuple du grand Mali découvre avec stupéfaction les limites objectives de celui qu’il avait choisi pour lui confier son destin. A la grande surprise, la démocratie commence à compter ses fonctionnaires milliardaires.
Eh oui, comme le dit Abraham Lincoln << on peut tromper tout le peuple pendant un temps, on peut tromper une partie du peuple pendant tout le temps mais on ne peut pas tromper tout le peuple pendant tout le temps>> En si peu de temps, on assiste à du jamais vu et du jamais entendu. Le népotisme, le favoritisme, la gabegie et l’hémorragie financière deviennent notre quotidien. Le conflit s’étend, les défis devinrent énormes et les instances de décisions se retrouvèrent aux ordres. Notre démocratie arrachée au prix du sang se retrouva à la traîne de plus en plus. Le bonheur et l’honneur des maliens tant chantés et promis sont oubliés au profit des lobbys, le Mali d’abord se transforme comme par hasard en ma famille d’abord.
En 2018, comme à l’accoutumée, celui qui organise ne perd pas, IBK est réélu, personne ne sait au nom de quel bilan, sous des vives contestations au second tour. A moins de 3 ans de son dernier mandat, le peuple dans sa plus grande majorité demande son retrait des affaires. Très honnêtement, il peine à indexer au doigt une réalisation faramineuse de celui qui, il y a quelques années, nous a promis mille merveilles. Même le vautour près de la galaxie présidentielle ne le pourra.
Le peuple demande une véritable rupture qui, pour moi, doit être l’esprit de sacrifice, le culte de la vérité et de travail, le culte de la probité et de la transparence, bref l’exemplarité érigée en mode de gouvernance.
Excellence, il faut écouter le peuple qui vous a tant admiré. Malgré les difficultés du moment, ce qui vous connaissent  le génie d’avoir à savent que vous avez le génie de reconquérir à nouveau la confiance de nos compatriotes en prenant des mesures fortes et inédites surtout en ces moments chargés d’incertitudes et d’inquiétudes.
Il faut pour décrypter le paysage socio-politique des mesures fortes telles que :
- Dissoudre l’assemblée nationale
- Former un gouvernement de mission d’au maximum 20 ministres technocrates
- Diminuer les indemnités des ministres et des députés
- Supprimer certaines institutions budgétivores et à utilités douteuses
- Lever le coude sur certains dossiers de la justice surtout sur ceux des personnalités proches de Koulouba
- Créer un comité de réflexion et de dialogue pour le centre. Choisir l’imam Mahmoud Dicko pour diriger ce comité, il ne pourra pas refuser
- Revoir l’armée dans toutes ses composantes
- Imposer le service militaire obligatoire pour assurer la sécurité nationale
Monsieur le Président de la République, malgré la gravité de l’heure, je ne ferai pas partie de ceux-là qui réclament votre démission pour défaillance et incompétence. Une telle requête qui fragilise et décrédibilise nos institutions est contraire aux principes les plus élémentaires de la démocratie. On doit vous laisser terminer votre mandat conformément aux dispositions constitutionnelles.
Votre petit-fils, Abdoulaye Maiga
Interne en Pharmacie
Tel : (+223) 71134285
E-mail : maigaabdoulaye550@gmail.com