Exactions et pillages des groupes armes à Goundam : L’ADCG dénonce l’indifférence du pouvoir central

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Face à cette situation de désolations, les ressortissants de Goundam à Bamako ont décidé d’interpeller les pouvoirs publics sur leur rôle de protection des populations et de leurs biens à l’occasion d’une marche pacifique pour la paix et la sécurité. A la fin de la marche, une déclaration a été lue par le président de l’ADCG, Mohamed Fall. Nous vous proposons l’intégralité du texte adressé au Premier ministre.
« Message des ressortissants du cercle de Goundam et sympathisants
Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Nous, ressortissants du cercle de Goundam et sympathisants attirons votre attention et celle de la communauté internationale sur les exactions et les assassinats commis dans notre cercle.
Sans être exhaustif permettez que nous en citions quelques-uns :
–    A Goundam, l’assassinat du Commandant de la brigade de gendarmerie, celle par la suite du chef de peloton de la Garde, de son adjoint et d’un tout petit enfant ;
–    Le pillage du village de M’Bouna ;
–    Les pillages plusieurs fois répétés du village de Bintagoungou ;
–    Les multiples  pillages des villages de Echel,  de Tamachkoyett et autres ;
–    Le pillage du village de Douetiré et des villages environnants ;
–    Les attaques de et autour du village de Tin-Tellout à mi-chemin  entre Goundam et Tombouctou ;
–    Le rançonnage systématique et répété des villages de Adarmalane, Tin-Aicha, Bankor, Zouera tous situés sur un axe tristement célèbre étant devenu le passage privilégié  mais bien connu des cohortes de véhicules rebelles faisant le relai entre la base  du CMA de Foita et  celle de Ber ;
–    Le récent assassinat d’un marabout dans le nord du lac Faguibine ;
En vérité, le chapelet des exactions commises sur nos pères, nos mères, nos frères et sœurs, déjà soumis aux affres des conditions  climatiques peu clémentes (sècheresse, manque d’eau dans les lacs….) ne peut s’égrainer dans ce modique texte de simple rappel.

Les conséquences directes de ses exactions sont déjà là :
–    Un déplacement massif de familles nomades du cercle pour les camps de réfugiés de la  Mauritanie ;
–    des déplacements internes tout azimut de populations sédentaires vers des  localités plus au sud, d’une rive à l’autre du lac Faguibine ou vers les centres urbains de Tonka  et de Goundam, une sorte de panique générale de populations  surprises par un regain inattendu de violence
–    La rédestruction des quelques services sociaux de base (école, santé), des marchés et commerces ;
–    Un début de départ des  agents de services publics et de l’Etat ;
En somme un spectacle de désolation !
–    Des camps de déplacés,  improvisés aux abords des grandes agglomérations mais surtout des familles en errance avec leurs  balluchons en bandoulières.
Malgré tout cela, nous sommes au regret de constater  que, les auteurs de ces attaques au cours desquelles nos populations subissent des humiliations de toute nature  et des enlèvements de personnes dans les villages,  n’ont à ce jour fait l’objet d’aucune poursuite, d’aucune riposte, d’aucune interpellation, encore moins  d’arrestations.
Faut-il admettre que Goundam est désormais exclus du territoire malien, ainsi que cela transparait dans le sentiment qu’ont les populations  de cette zone?

Excellence Monsieur le Premier Ministre
Les populations du cercle de Goundam à l’instar de celles de bien d’autres zones de la région de Tombouctou  qui n’ont pas  perçue  la nécessaire manifestation de la solidarité nationale,  ont  de plus en plus le sentiment d’une indifférence de la part du pouvoir central,  le sentiment d’avoir été abandonnées….
L’Association pour le Développement du Cercle de Goundam (ADCG)  en faisant l’échos de ses frustrations, s’incline devant la mémoire de toutes les victimes de l’insécurité  et du désordre au Nord ,  présente ses condoléances les plus sincères à leurs familles et sa compassion à toutes les populations affectées par ces actes ignobles dont l’objectif apparent est de contrarier les efforts laborieusement consentis pour obtenir un accord de paix et de réconciliation au Mali.
L’ADCG, en réaffirmant son attachement à la paix et au vivre ensemble, prévient les auteurs et complices de ces forfaitures, qu’elle ne saurait  rester impassible et tolérer la désolation  de populations, dont  celles sédentaires  semblent  de toute évidence  et  de plus en plus particulièrement ciblées. L’ADCG considère que le dessein des groupes armés  qui perpétuent ses attaques est d’entamer durablement notre potentiel de cohésion social et de vivre  ensemble.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, l’heure est  donc grave !
Mais, l’ADCG appelle les populations meurtries, dépouillées et humiliées du cercle à ne pas céder à la provocation, à éviter toute forme d’amalgame. Elle interpelle les pouvoirs publics  afin qu’ils assurent ainsi qu’il se doit  la protection des personnes et des biens. La fracture sociale est déjà très profonde et les germes d’un affrontement intercommunautaire sont déjà en place.  L’ADCG considère que dans ce contexte, la responsabilité de l’Etat  est de sévir avant qu’il ne soit trop tard.

Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Ainsi que vous le constatez, nous sommes Républicains,
Nous  sommes des citoyens profondément attachés aux idéaux de paix, de justice et de solidarité qui sont des valeurs qui fondent la République.  Nous sommes meurtries, profondément meurtries,  mais resterons  mobilisés pour soutenir le processus de paix et réconciliation nationale pour justement préserver la République.
Nous avons à travers cette marche pacifique souhaité  humblement que se manifeste la solidarité nationale  en faveur de nos populations et que nos plus hautes autorités accélèrent les dispositions pour sécuriser nos concitoyens, et préserver la cohésion sociale. »

Bamako, le 31 Mai 2015
L’ADCG

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