« La haine que nous avons pour nos ennemis nuit moins à leur bonheur qu’au nôtre. » Quand le poète franco-suisse écrivait cette formule dans Bluettes et boutades, il parlait certes d’une généralité mais il pouvait aussi s’agir du « patriote » (avec petit p ».
Sur les plateaux d’Africable, tu as démontré à coups de grandes théories ta connaissance de l’économie t’attirant la sympathie des téléspectateurs de cette vénérable chaine. Tu as fait croire que tu avais le remède miracle pour sortir le Mali de la crise oubliant ostensiblement la modestie qui caractérise ceux qui savent. Tu as tout critiqué, tout mis en cause, prenant IBK comme l’incarnation du mal du pays. Et paf, médusés ces mêmes téléspectateurs te découvrent à Koulouba sous les ors de la République, aux ordres du même IBK que tu as voué quelques mois plutôt aux gémonies. Tu me diras que tu y étais pour servir le Mali mais là où ton argument devient fallacieux, c’est que tu es parti même de la SADI à cause de son appartenance à la mouvance présidentielle. Un an après, toi-même tu y vas avec armes et bagages. Où est la logique dans ta démarche ?
Qui a trahi qui? C’est bien toi qui a trahi ces innombrables admirateurs qui te suivent et croient en ta sincérité. Ils n’ont pas compris que tu faisais ta promotion en utilisant Africable et leur bonne foi. Ce n’est pas grave, passons-y !
Quand j’ai écouté sur Mali-Info ta défense en disant que la Présidence a voulu que tu prennes 10% du financement du Programme présidentiel d’urgence sociale et que tu aurais refusé comme raison de ton départ, je tombe des nues. Comme on dit, même si l’autre n’as pas honte, au moins son front sue.
Cette allégation n’est nulle part marquée dans ta fameuse lettre de démission que tu as publiée pour anticiper la vague de la vidéo que tout le monde connait. Si c’était une vérité, le « patriote » (je mets les guillemets) que tu étais, l’aurait écrit noir sur blanc. Tu as cru déplacer les montagnes ne sachant pas qu’un conseiller technique n’est pas un décideur mais un collaborateur qui n’émet que des avis (je respecte le rôle combien noble des CT). Ce n’est pas le CT qui est élu ni qui présentera un bilan à la fin de son mandat ; mais bien le président qu’il sert; fermez les bancs ! Si tu ne le savais pas, tu l’as appris à tes dépens mais aussi à ton corps défendant.
Cet éphémère passage à Koulouba m’incline à croire à ta naïveté. Quand on a vitupéré autant contre un régime au point de s’en faire un opposant notoire, on ne se jette pas dans ses bras à la première offre. Alors que c’était ton cas. Aussitôt que tu as été approché, tu es parti oubliant tout ce que tu as dénoncé et n’ayant à l’esprit que les avantages qu’offre Koulouba. Tu n’as demandé à personne son avis, pourquoi alors t’expliques-tu quand tu es congédié? De quoi as-tu peur? Que te reproches-tu? Si je fais une remontée dans ta logique, tu as publié une lettre pour annoncer et expliquer ta démission. Personne ne se souvient d’une lettre de toi, même pas d’un petit mot pour informer tes nombreux fans de ta nomination, on l’a appris par la rumeur publique que charrient les réseaux sociaux. Quelle logique! Cette logique qui caractérise les économistes t’aurait dû incliner à demander l’avis de tes fans pour aller servir à Koulouba ou au moins de les avoir informés. Il n’en était rien. Tu es parti en catimini et tu y es sorti par un grand ramdam. Pauvre de toi.
L’arrogance dont tu parles, est bien ton comportement. Oui tu es arrogant car tu crois être le seul à avoir étudié et détenant le savoir d’encyclopédie. Tu te trompes car Procope a vu d’autres intellectuels que Diderot ou Voltaire. Vas savoir !
C’est par cette arrogance qui frise la goujaterie que tu t’adresses au président de la République dans cette fameuse lettre de démission déguisée. Tu manques de culture et d’éducation et montres tout de go ton visage de butorde. Regarde autour de toi, qui insulte le président? Personne. Un président est contesté, critiqué, poursuivi en justice même défié mais jamais insulté, cela par décence politique et éducation culturelle.
Tu te dis démocrate ! J’en doute quand tu appelles au départ d’un président démocratiquement élu. Personne n’a appelé à la fin du mandat constitutionnel du président car ce mandat est une émanation de la constitution que tu prétends défendre. Tu tombes le masque trop tôt.
Patriote ! Non quand tu appelles à l’embrasement de ton pays parce que tu as tout perdu et veut entrainer les autres dans ta descente aux enfers, Néron du 21ème siècle.
Ton attitude est plus l’expression d’une vengeance aveugle qu’un engagement sincère pour une cause. Cet esprit de vengeance était si fort que tu n’as pas pu le dompter comme tu n’avais pu dompter ta libido qui a conduit à ta déchéance.
Ressources-toi pour savoir que ceux qui ont agi comme toi en ont pris à leur compte, et ont démontré leur hideur.
En publiant « La cause du Peuple », Patrick Buisson démontre que non seulement il est un traitre mais il est aussi un mauvais perdant. Les français ont beau répugner Sarkozy, ils exècrent tout autant l’ingratitude et la traitrise.
Quand Valerie Treiweiller a écrit « Merci pour ce moment », elle n’a pas réussi à changer la vision des français sur Hollande mais à contrario à cristalliser les retentissements contre elle car Ségolène Royal n’a pas crié au scandale quand la journaliste de Paris Match lui a pris son compagnon de 30 ans?
Il faut « jeter la rancune à la rivière », comme le clame Giscard d’Estaing pour revenir au pays et lui donner son énergie.
Quand on a fauté, on ne s’en prend pas au magistrat qui sanctionne mais plutôt à soi-même. Il n’ait pas de faute qu’on ne peut pas expier si on est de bonne foi mais vivre dans la dénégation et se laisser obscurcir par la vengeance inappropriée est suicidaire. « Patriote », tu te suicides.
Ceux qui ont de la dignité n’exploitent pas leur démission dès lors que c’est sincère. Ils s’en vont car n’ayant pu rien faire pour infléchir les positions vers les leurs. Tu n’es pas le premier à démissionner et encore moins le dernier. Tous sont partis avec dignité, ne voulant jeter l’opprobre sur personne encore moins salir leur pays. Tu n’as été ni Premier ministre ni même ministre, que doit alors faire ceux qui ont occupé ces postes et vos autres collègues? Ils ont eu plus de poids que toi dans le régime et sont partis sans crier gare quand leurs visions ont divergé avec le pouvoir.
N’accuse personne. C’est toi-même qui t’es filmé dans des postures qui tranchent avec le lieu où tu sers. Tu t’es filmé toi-même dans la maison du peuple, la salissant et oubliant dans le feu de l’action que tu étais le modèle de patriote. La libido, quand tu nous tiens !
Cesse d’avoir les pieds nickelés pour adopter l’attitude du repentir et de la rédemption. Fais l’effort de te remettre au vrai travail attendu d’un intellectuel doublé de politique. Ce travail n’est pas l’appel à la haine, à la vengeance pour assouvir un ego personnel. Ce travail n’est pas de tourbillonner ne sachant que faire de ses jours ou sautant d’une réunion à une autre à gazouiller.
Tu t’isoles par ce postulat que même tes amis de circonstance ne peuvent défendre ni expliquer. Alors quand on n’a rien à dire, on se tait ou on se met en retrait pour se refaire.
Quand on a fauté, on présente ses excuses, ce n’est pas de la bassesse mais ça grandit. Car l’excuse est une marque de ceux qui veulent tirer leçon de leurs erreurs ou fautes. Tu n’es pas le seul à être pris en faute. David Cameroon n’a pas perdu de temps à s’excuser auprès du peuple anglais quand son ami le Baron Ashcroft a révélé dans un livre Call me Dave, son appartenance au Piers Gaveston Society où il a fait son entrée par ce que les tabloïds anglaises ont appelé les « parties porcines du Premier ministre. » Cette excuse l’a épargné d’une suite plus compromettante car le maitre-chanteur menaçait de publier la photo de l’action citée.
Le fidèle ministre d’Etat aux Affaires présidentielles du Libéria, Willis Knuckles a dû abandonner son poste face au tollé provoqué par la photographie le montrant en action avec deux femmes. Il se refait petit à petit.
Enock Sebineza, ministre congolais ne s’est répandu dans la presse pour défendre son sextape ou insulter le pouvoir qu’il salit. Il se refait discrètement.
DSK, ton modèle en économie certainement, se refait dans son coin regrettant son incapacité à dompter sa libido.
Quand on joue et perd, on s’entraine pour revenir plus fort. Mais on n’insulte pas l’adversaire, ce n’est pas fair-play. Alors Metanoia ! Mais avant remet le titre de voyage que le pays t’a donné en raison du poste que tu as quitté, par patriotisme et respect des principes.
Moussa CISSE
Senghor