Je le suis, par vocation.
Je suis celui-là pour qui, former et éduquer est un crédo irréfutable.
Mon métier est un sacerdoce, j’en suis conscient.
Il mérite d’être apprécié à sa juste valeur.
Demandez à un maître coranique,
Il vous dira combien c’est difficile de dispenser du savoir.
Demandez à un commerçant,
Il vous témoignera que convaincre plusieurs personnes, en un laps de temps, est un exercice laborieux.
Demandez à une maman,
Elle vous confirmera à quel point il n’est pas aisé de passer la journée avec des enfants dans un espace fermé.
Demandez à un père de famille,
Il vous garantira qu’il est pénible d’élever des enfants, même les siens.
Je suis le seul être au monde qui peut, dans un même espace, mettre et suivre tous ensemble les enfants venus d’horizons divers, appartenant à des cultures différentes.
Aussi turbulents qu’ils peuvent l’être, je les encadre tous.
Les connaissant mieux que leurs géniteurs, je les aide à mieux se découvrir, à évoluer.
Je suis le boulanger de ceux que l’on appelle les grands hommes,
même s’il leur arrive de ne pas le reconnaitre.
Je suis enseignant,
Malgré les intempéries, je m’arrange à être à l’heure à mon établissement.
À pieds ? Sur une moto ? En taxi ? Il suffit juste d’être à l’école à temps.
Pourtant parmi ceux que j’ai formés dans le temps,
Il y en a qui changent périodiquement de véhicule de marque.
Je me réjouis pour eux, je suis même fier de les présenter à mes élèves quand ils passent me saluer à l’école.
Je dispense mes cours dans des salles de classe peu adaptées aux climats du pays,
pendant que la plupart de ceux que j’ai formés dans le temps sont confortablement assis dans des bureaux climatisés et prennent des décisions qui rendent davantage pénibles mes conditions de vie.
Submergé par les dépenses familiales, je ne peux m’offrir aucun luxe.
Je suis enseignant,
Oui, celui-là qui sacrifie tout son temps, toute son énergie au service de sa nation.
Une nation dans laquelle ses efforts sont considérés comme vains
Malgré tout, ce métier demeure une passion.
Je suis enseignant et fier d’appartenir à ce corps si noble.
Ce corps à qui beaucoup doivent ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.
Ce corps sans lequel la nation sombre dans l’ignorance.
Désagréables et irréfléchies sont ces mesures prises pour régler la situation.
En ces temps si durs, priver un responsable de famille du peu qui lui permet de subvenir à quelques-unes de ses dépenses n’est nullement pas la solution au problème.
Le pays va mal, tout le monde est dans le besoin crucial de mettre les siens à l’abri du danger du moment.
Je réclame mon dû, rendez-le-moi.
Je suis enseignant,
Digne fils du pays,
Pas un esclave.
Djénéba DOUMBIA