Enlisement du débat sur le choix du fichier électoral: plaidoyer pour la République

0

Le débat sur l’adoption d’un fichier électoral issu du RAVEC (Recensement Administratif à Vocation d’Etat Civil) ou du RACE (Recensement Administratif à Caractère Electoral) pour les élections générales de 2012, s’il s’éternise, ne sera pas sans conséquence sur la crédibilité des dites élections.

Et cela davantage à cause de la crise de confiance qui aura été cultivée par la poursuite prolongée du débat autour du fichier à adopter que la fiabilité du fichier adopté.

Plus grave, il ya le risque de compromettre la tenue des élections dans les délais constitutionnels quelque soit le fichier retenu si le débat n’est pas rapidement clos pour se mettre, enfin, au travail.

Un tel désastre traduirait l’incapacité de la classe politique malienne à la fois de mener un débat républicain autour d’une question aussi importante pour la vie de la nation que de le clore à temps par une décision consensuelle qui s’impose à tous, avec comme conséquence l’effritement de notre jeune démocratie si chèrement acquise .

Raison pour laquelle il convient de rappeler à l’ensemble des forces vives du Mali et particulièrement à la classe politique que : la république doit être placée au dessus du mimétisme politique et le respect strict de notre constitution est une exigence républicaine à laquelle le peuple du Mali accorde la plus grande importance.

Maintenant, s’agissant du fichier RAVEC, fichier biométrique dont la mise en œuvre à commencer en 2009 avec comme objectif de le rendre opérationnel pour les élections de 2012, il y a de quoi s’interroger sur ces soudaines élucubrations politiciennes à quelque mois des élections.

Pour cause, les techniciens , qui ont la main à la patte et qui connaissent les réalités du projet, n’ont pas cessé d’attirer l’attention depuis des mois sur le manque de moyens qui pourrait conduire à la non opérationnalité du fichier RAVEC pour les échéances électorales de 2012 , sans réaction conséquente de la classe politique en retour.

S’agissant du fichier RACE, sa fiabilité ne dépend que de la capacité des acteurs politiques à trouver un consensus sur les critères et les conditions de sa réévaluation.

Il est à espérer que ce ne serait pas trop demander à la classe politique malienne qui, malgré le fait qu’elle accompagne le gouvernement dans sa presque totalité , n’a pas su impulser l’action gouvernementale pour prévenir cette situation de blocage par rapport au fichier RAVEC dans laquelle se trouve actuellement la république , quand bien même elle avait les leviers démocratiques pour l’épargner d’une telle déconvenue.

Qu’on se le dise : l’échec de la mise en œuvre du fichier RAVEC pour les élections de 2012 est celui du gouvernement du Mali et de la classe politique qui l’accompagne.

A présent, que va faire les démocrates maliens ? Préféreront-ils l’entêtement et l’inconséquence politique au réalisme et à la sagesse politique en prenant le risque de violer notre constitution pour le fichier RAVEC qui n’aura pas été opérationnel dans les délais constitutionnels parce qu’ils n’ont pas joué pleinement leur rôle démocratique ? Ou préféreront-ils le fichier RACE actualisé autour d’un consensus sur les conditions d’actualisation afin de nous épargner d’une crise institutionnelle grave qui prendrait à la fois au « ridicule du Benin et à la tragédie de la Cote d’Ivoire*» ?

Le temps nous édifiera. Mais une chose est claire : au-delà des clivages politiques, le peuple malien ne transigera pas avec le respect strict de sa constitution, car c’est le fondement de notre république.

Une contribution de Diakité Mohamed Lemine dit Youba, Doctorant en microfluidique, Institut Curie/Centre National de la Recherche Scientifique, Paris (France)

* L’expression est de PPR.

Commentaires via Facebook :