Conquérir et conserver le pouvoir c’est d’abord gagner la bataille politique à moins que l’on y arrive par les armes ! En démocratie il faut passer par les urnes.
Vaincre, c’est persuader ! Il faut dès lors faire des moyens de communication, des instruments de la victoire car le leadership se construit par la mise en discours et l’échange d’idées entre les leaders d’opinion, les acteurs politiques et les médias. C’est dans la façon dont ces idées sont mises en scène que se joue le commerce de l’intermédiation et la réciprocité des politiques : une idée ne vaut que par la façon dont elle est d’abord mise en discours, puis mise en œuvre. C’est dans ce contexte que ma famille d’abord devient le Mali d’abord… et que même en étant désespéré on peut toujours promettre l’espoir… La conquête et la conservation du pouvoir est donc un processus de désignation et de mise en scène des valeurs collectives, puis de lutte entre différents porte-parole pour s’en approprier la défense. C’est là où le discours persuasif teinté d’images et de tournures bien adaptés prend les couleurs du moment.
Il est constant que l’autorité de la loi, de la tradition ou de l’élection populaire ne sont plus les seules sources du pouvoir. Par ce que, les masses populaires sont entraînées par le pouvoir des images, par leur influence et leur relai indirect dans le subconscient et dans l’inconscient populaire. Ainsi, la simplification qui permet de personnifier un adversaire, le grossissement qui permet de défigurer les faits, l’orchestration qui permet la répétition des messages simplifiés et défigurés et la transfusion qui permet de s’adapter aux différents publics et enfin la contagion en vue d’obtenir l’unanimité du groupe contre un ennemi commun, tel que énoncé par Jean-Marie Domenach est la principale doctrine de bataille d’une campagne de communication aux issues incertaines!
Pour gagner la campagne de communication il faut mobiliser de façon active les énormes potentialités qui résident dans la diffusion de l’information. Il s’agit de l’usage de l’information manipulée dont la valeur stratégique ne réside pas dans sa véracité mais dans sa diffusion. L’information ainsi armée mobilise les affects, dirige les passions et fabrique le consensus en vue de gagner de la prépondérance sur l’adversaire et de survenir à la fin fixée. L’information armée a l’avantage de maigrir le rang des partisans de l’adversaire en le discréditant. Elle est opérante et effective dans la mesure où elle trouve toujours de nouveaux acquéreurs, et des croyants qui se joignent aux jugements de valeurs énoncés en contribuant à rallier effectivement l’opinion à la cause souhaitée.
“… les hommes se dégoûtent du bien autant qu’ils se plaignent du mal…”.
Puisque la foule est versatile, et qu’elle renie ses chefs comme elle les a adorés, les prétendants au pouvoir publique peuvent toujours espérer sur cette incertitude des foules qui sont continuellement à la recherche de nouveau vainqueurs. Oui, les perdants peuvent eux aussi se joindre à cette foule, dès l’or que le gagnant est connu. Car, non seulement aucune morale ne peut garantir de conserver le pouvoir, mais la dureté, l’hypocrisie, la bonté peuvent tout aussi bien que la morale asseoir le prestige du gagnant: “… même là où auront régné l’humanité et la religion, les hommes se dégoûtent du bien autant qu’ils se plaignent du mal”. Apres tout Machiavel enseigne que, pour s’emparer du pouvoir, on jouit toujours du fait que “… les hommes changent volontiers de maître en pensant rencontrer mieux…”.
Le pouvoir réside au bout de la camera, dans l’image et dans l’angle avec lequel l’image est prise et diffusée car en vérité pour conquérir et conserver le pouvoir, il faut réduire l’incertitude du moment ! Exclure le hasard dans le choix des hommes et des moyens et restez dans l’esprit du temps!
Dr. Nouhoum Salif MOUNKORO,
Innovation & Recherche