30 mai 2022 : Depuis le lancement des activités à Niafounké en juin 2021, les équipes de Médecins Sans Frontières (MSF), en collaboration avec les autorités du District sanitaire, ont soigné plus de 1.100 enfants âgés de 0 à 15 ans hospitalisés au centre de santé de référence. Plus de 2.200 consultations médicales ont également été menées par les équipes de santé communautaire auprès des populations affectées par l’insécurité dans la zone du Gourma de Tombouctou.
Mené dans la région de Tombouctou, le projet prend en charge gratuitement les enfants malades âgés de 0 à 15 ans au niveau du service pédiatrique de l’hôpital de Niafounké. Toutes les pathologies pédiatriques sont traitées gratuitement : paludisme, malnutrition, diarrhée, problèmes respiratoires… Les enfants malades et malnutris sévères sont également pris en charge au niveau de l’unité de réhabilitation nutritionnelle intensive (URENI) du service de Pédiatrie, et les nouveau-nés malades sont soignés dans l’Unité de néonatologie de l’hôpital.
Au total, 1.152 enfants ont été pris en charge par nos équipes dont 514 admis à la pédiatrie, 350 soignés de la malnutrition, 288 du paludisme. Par ailleurs,501 transfusions sanguines ont été réalisées.
« Malheureusement, l’insécurité a entrainé une mobilité réduite des patients pour accéder aux soins, ainsi que de nos équipes médicales au niveau de certaines aires de santé », déclare Dr Souleymane Cissé, responsable de l’unité pédiatrique de l’hôpital de Niafounké
« Il est très compliqué de procéder aux évacuations et référencements de nos malades dans la zone. Beaucoup de nos patients restent bloqués dans leurs localités en attente d’être évacués. Mais nous ne pouvons malheureusement pas dépêcher d’ambulances pour aller les chercher à cause de l’insécurité. Nous avons été obligés de réduire, voire d’arrêter la mobilité de nos ambulances pour éviter qu’elles soient braquées ou enlevées, comme c’est souvent arrivé dans le passé. », déplore Dr Cissé. « Actuellement, les équipes des soins intensifs reçoivent en moyenne chaque mois 15 enfants en situation de malnutrition aiguë sévère souffrant de complications. Cette situation est due au contexte sécuritaire qui empêche les paysans de cultiver suffisamment. À cela s’ajoute le faible pouvoir d’achat des populations. Nous craignons que le taux d’enfants malnutris reste élevé dans les prochains mois compte tenu de la mauvaise récolte de cette année, de l’insécurité qui complique l’accès des populations aux services santé, de la flambée de prix des denrées de première nécessité et de la rareté de certains produits nutritionnels sur les marchés locaux », ajoute-t-il.
M.B est originaire d’un village du cercle de Niafounké. Ce jour, elle accompagne son enfant malade à l’unité des soins intensifs de la pédiatrie où travaille l’équipe de MSF « M.Y. avait mal au cœur et au ventre depuis sa naissance et les premiers soins au village ne l’ont pas guéri. Sa santé s’était aggravée. Mais aujourd’hui, il va beaucoup mieux, son ventre lui fait moins mal et son cœur aussi ».
Quant à Tinabou. W. elle vit avec ses enfants sur un site nomade situé à une trentaine de km de Tombouctou – « Depuis l’ouverture de la case de santé de MSF sur le site, nous sommes très contents. Cela nous évite de faire de longs déplacements pour aller dans un centre de santé. Avant, on faisait 40 km pour aller dans de le centre de santé le plus proche, malgré l’insécurité ».
La présence de MSF à côté des agents de santé de l’Etat donne un signe d’espoir et contribue à faciliter l’accès des populations aux soins. « Quand on pense à l’état du service de pédiatrie avant leur intervention, on comprend à quel point celle-ci était salutaire. Aujourd’hui, il y a un grand changement en termes d’infrastructures, d’équipements médicaux et de personnel soignant. Cela a considérablement contribué dans l’amélioration de la qualité des soins au niveau de la pédiatrie. Aujourd’hui nous avons un fonctionnement normal pour faire face à la prise en charge des enfants hospitalisés », se réjouit Dr Cissé.
Lancé en juin 2021, ce projet permettra aussi, selon Dr Junaid Khan, « de répondre aux situations d’urgence dans la région de Tombouctou, notamment liées aux épidémies, aux afflux des blessés, aux déplacements des populations ou aux crises nutritionnelles ».
MSF est une organisation humanitaire médicale internationale qui apporte ses secours aux populations touchées par des conflits, des épidémies, des pandémies, des catastrophes naturelles ou encore l’exclusion des soins. Nos actions sont menées en toute neutralité, impartialité et indépendance.
Au Mali, MSF gère actuellement des projets dans la capitale à Bamako et dans les régions de Kidal, Gao (Ansongo), Mopti (Ténénkou, Douentza et Koro), Ségou (Niono) et Sikasso (Koutiala).
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La crise malienne persiste et affecte l’accès des communautés locales aux services de santé.
Les témoignages collectés à Niafounké et Tombouctou, où MSF a lancé ses nouvelles activités, traduisent ce que ces populations pensent de la situation.
Tinabou. W. vit sur le site de Tibouragaine, dans la zone de Gourma, à une trentaine de km de la ville de Tombouctou. Elle accompagne son enfant malade sur le site ICCM (Gestion Intégrée des cas communautaires) de MSF de MSF pour une prise en charge. Elle nous raconte son histoire. « Je suis là aujourd’hui pour soigner mon enfant âgé de 9 mois. Il est malade depuis 7 jours, il a un rhume, de la toux et des vomissements. Quand on est arrivés à la case de santé, il a été bien pris en charge. L’agent de santé m’a conseillé de veiller aux conditions d’hygiène car elles sont sources de maladies infantiles. Nous sommes très contents de la nouvelle case de santé. On peut se soigner plus près de chez nous sur le site, ça nous évite de faire de longs déplacements pour aller dans un centre de santé. « Avant l’ouverture de cette case de santé, on devait faire 40 km pour aller dans le centre de santé le plus proche, voire aller à Tombouctou dans le pire des cas. C’était compliqué car on manque de moyens pour s’y rendre et les médicaments coûtent chers. Ici, tout le monde a peur de voyager à cause de l’insécurité. Il y a beaucoup de risques. Cela pose beaucoup de problèmes, y compris pour aller au marché. Notre souhait est que la situation puisse changer ». M. B. est originaire d’un village loin de Niafounké. Elle est au chevet de son enfant H. Y. malade hospitalisé au service de pédiatrie de l’hôpital de la ville. Elle nous partage son histoire et le parcours de soin de son enfant. « M.Y. avait mal au cœur et au ventre depuis sa naissance, et les premiers soins au village ne l’ont pas guéri. Sa santé s’est aggravée. C’est pourquoi j’ai décidé de l’amener à l’hôpital de Niafounké à moto. Cela fait maintenant une semaine qu’on est ici. Mais aujourd’hui, il va beaucoup mieux. Son ventre lui fait moins mal et son cœur aussi ». « Je m’appelle F. T, je suis originaire d’un village qui se trouve derrière le fleuve de Niafounké. Mon enfant était malade. Nous avons marché un long moment, puis nous avons pris la pirogue pour venir à l’hôpital de Niafounké. Il était dans un état critique mais à notre arrivée hier, il a été bien traité. Ce matin, il va beaucoup mieux. »S. T est native du village de Nounou à 15 km de Niafounké. Ce jour, elle accompagne son enfant au service de pédiatrie soutenu par MSF.« Il a d’abord eu de la fièvre, puis il a commencé à faire une crise et des convulsions pendant deux jours. Son état s’est alors aggravé. Entre-temps, nous avons appris que MSF soigne gratuitement les enfants à l’hôpital de Niafounké. C’est ainsi que nous avons décidé de l’emmener ici. »« Aujourd’hui, je remercie MSF, bien que je reste toujours inquiète de son état. Car il ne s’est toujours pas encore réveillé de sa crise, mais c’est mieux par rapport aux premiers jours. Au village, on ne savait pas comment le nourrir, il était inconscient. Mais ici à l’hôpital, on arrive à lui faire boire du lait grâce aux appareils, il est alimenté à travers un tuyau maintenant ».S. M. vient d’un village situé dans le cercle de Niafounké. Elle se trouve au chevet de son enfant H.S. hospitalisé dans l’unité des soins intensifs des enfants malnutris de l’hôpital. « Il y a quelques jours, mon enfant faisait des convulsions et perdait conscience. Nous l’avons emmené au centre de santé le plus proche de chez nous. Nous avons dépensé 17.000 FCFA pour les soins, mais rien n’a changé. Ça n’a pas été facile de trouver cet argent, car avec la crise le commerce de mon mari n’est plus très rentable, on se débrouille au quotidien. L’état de mon enfant s’est aggravé au point que je ne savais plus s’il était mort ou en vie. Nous avons alors décidé de l’emmener ici.« A notre arrivée à l’hôpital, il y avait une longue file d’attente, mais vu l’état de mon enfant, les agents de santé ont couru pour le prendre et l’emmener dans une salle des soins. J’ai été surprise de l’accueil et du fait que je n’ai rien dû payer. Mon souhait est que mon enfant guérisse et une fois de retour dans le village, je serai la première à informer toutes les femmes du village des soins à l’hôpital.Aujourd’hui, cela fait 2 semaines qu’on est ici et il va vraiment mieux. A son arrivée, il était inconscient et avait perdu toute sa force ». Dr Souleymane Cissé, responsable de l’unité Pédiatrie de l’hôpital de Niafounké du Ministère de la Santé du Mali.« La situation sanitaire dans la zone de Niafounké est difficile compte tenu de beaucoup de facteurs. Le cercle de Niafounké dispose d’une vingtaine de centre de santé communautaires fonctionnels qui arrivent à offrir le paquet minimum de soins. Et la quasi-totalité de ces centres sont situés dans la zone de Gourma, où il y a une forte concentration des populations. En raison de la crise actuelle, l’insécurité a entrainé une mobilité réduite de nos équipes médicales au niveau de ces aires de santé. Et cela complique aujourd’hui l’accès des populations aux soins de santé. Mais on fait de notre mieux pour continuer à offrir des soins aux populations en dépit des contraintes sécuritaires. Parmi les pathologies fréquentes dans la zone, nous avons le paludisme, surtout en période hivernale et pendant la décrue. Il y a également la malnutrition. Aujourd’hui, il y a beaucoup d’enfants malnutris qui sont hospitalisés à la pédiatrie de l’hôpital. Cette situation est due au contexte sécuritaire qui empêche les paysans de cultiver suffisamment. À cela s’ajoute le faible pouvoir d’achat des populations. Les gens ici sont très pauvres.« Il est très compliqué de procéder aux évacuations et aux référencements de nos malades dans la zone. Beaucoup de nos patients restent bloqués dans leur localité en attente d’être évacués. A cause de l’insécurité, nous ne pouvons malheureusement pas dépêcher d’ambulances pour aller les chercher. Nous avons été obligés de réduire, voire d’arrêter la mobilité de nos ambulances pour éviter qu’elles soient braquées ou enlevées, comme c’est souvent arrivé dans le passé. Mais avec la présence de certains partenaires dans la zone comme MSF, nous essayons de faire face à ces difficultés. « Aujourd’hui nous avons des craintes face à l’augmentation des cas d’enfants malnutris que nous recevons à la pédiatrie. Actuellement, en moyenne, les équipes des soins intensifs reçoivent chaque mois 15 enfants en situation de malnutrition aiguë sévère souffrant de complications. Nous craignons que ce taux reste élevé dans les prochains mois compte tenu de la mauvaise récolte de cette année, de l’insécurité qui complique l’accès des populations aux services santé, de la flambée de prix des denrées de première nécessité et de la rareté de certains produits nutritionnels sur les marchés locaux. Parfois, nous sommes en rupture de Plumpy Nut (aliment nutritif additionnel) à cause du problème d’accès. Une fois, des camions qui nous amenaient des dotations en Plumpy Nut ont été braqués en cours de route. Nous avons alors connu une grosse période de rupture. Tous ces facteurs réunis ont un impact sur la situation nutritionnelle des enfants, et sur la population de façon générale.« Il y a huit mois, MSF est intervenue au niveau de la pédiatrie de l’hôpital de Niafounké. Quand on pense à l’état du service avant leur intervention, on comprend à quel point elle était salutaire. Aujourd’hui, il y a un grand changement en termes d’infrastructures, d’équipements médicaux et de personnel soignant. Il y a désormais plus de 4 médecins, des infirmiers ainsi que des aides-soignants. Cela a directement contribué à améliorer la qualité des soins au niveau de la pédiatrie. Aujourd’hui nous avons un fonctionnement normal pour faire face à la prise en charge des enfants hospitalisés. Cette collaboration est salutaire, elle a été un ‘ouf’ de soulagement pour les agents de santé et pour la population ».